Hannah Arendt ne fut pas la seul à suggérer que savoir ce que sont les êtres humains est, pour les êtres humains, un exploit assez comparable à celui qui consisterait à "sauter par dessus son ombre". Nous persévérons néanmoins. La question est bien trop intéressante pour qu'on la laisse de côté.
Toutes les idées sont, d'une manière ou d'une autre, des idées reçues. Ils existe des penseurs que nous considérons comme originaux mais, pour être capable de penser le moins du monde attentivement, ils ont dû, eux aussi, ingérer les pensée d'autrui, habituellement sous formes de livres, il n'est pas de pensée sans précédent.
En termes simples, les perceptions d'un observateur sont configurées par ses perceptions antérieures. Nous poussédons l'équipement visuel qui nous permet de voir, mais nous apprenons aussi à voir et à lire le monde au travers des expériences que nous y vivons.
Les humains sont les seuls animaux qui tuent pour des idées, il est donc sage de prendre celles-ci au sérieux.
L'éducation des enfants était l'un des principaux soucis de Vico. Il craignait qu'un enseignement sous la seule égide de Descartes ne fasse des enfants qui le recevraient des êtres chétifs aux piètres compétences linguistiques. Ce débat n'est pas clos. Aux Etats-Unis, les mathématiques et les sciences sont en général considérées comme plus importantes dans l'éducation que les lettres et les arts. Les mathématiques et les sciences ont une aura de sérieux, une sévérité disciplinée qui manquent aux sciences humaines et aux arts.[...] Vico voulait maintenir en vie l'enseignement classique, dont il craignait la disparition dans le programme cartésien. Il vit aussi que la spécialisation accrue dans les universités fragmentait le savoir au point que les divers domaines devenaient inintelligibles les uns aux autres.
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Carrément à l'opposé de la pensée de Descartes et de sa vaste influence, Gimabattista Vico (1666-1744), homme de lettres, historien et professeur à l'université de naples, édifia une défense vigoureuse de la rhétorique, de la culture et de l'histoire grâce à la métaphore et à la mémoire, lesquelles, croyait-il, avaient pour origine nos expériences sensorielles.[...] Pour Vico, la conscience humaine avait elle-même une histoire.
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Nous naissons de quelqu'un mais nous mourons pas par paires. Nous mourons seuls, même si, parfois, une épouse, un compagnon ou un ami suit son ou sa bien-aimée dans la tombe.
Les humais entrent dans le monde au sortir de leur mère, et nous quittons ce monde lorsque nos corps s'éteignent.
...l'idéalisme transcendant d'Emmanuel Kant : nous ne pouvons pas connaître le monde lui-même, ce qu'il appelait das Ding an sich, la chose en soi. Nous n'en pouvons connaître que notre expérience. Ce n'est pas que les choses n'existent pas dans le monde mais plutôt que, pour nous, les choses que nous percevons sont filtrées à travers les représentations que nous nous en faisons.