Je crois que la vieillesse arrive par les yeux, et qu'on vieillit plus vite à voir toujours des vieux !
(Victor Hugo)
....! Foucault, elles croient que c'est un animateur télé et Nietzesche un sirop pour la toux.
J'ai bu ma cave. J'ai donné mes livres et abandonné mes souvenirs.
Mourir, soit, mais pas étouffé par la connerie
Puis je m'étais octroyé le temps du rien. Non plus celui qui prend du retard, qui s'amollit, mais le rien actif. Le rien qui choisit de laisser glisser le temps. Le rien qui jouit. Qui s'offre l'inactivité en caresse.
Je n'étais pas vieux à temps, c'est tout.
Dans le parc, je repris peu à peu souffle. Des vieux formaient çà et là des taches informes. Partout, des corps frappés d'indécision aux articulations embarrassées. Un cimetière encore vif qui gigotait.
Je devinai que l'homme que l'on avait mandé à mon chevet devait avoir sa carte de visite d'une spécialité au préfixe "psy-".
Pour engager la conversation, je me présentai et lui tendis la main. Il hésita à s'en emparer, bien que la vieillesse ne soit pas encore considérée comme une maladie contagieuse. Encore une des grandes erreurs de la médecine.
La vue de ces ouvrages réveilla en moi des gourmandises que je croyais découragées. Une ardeur fébrile se mêla de mes sens assoupis. Un instant, j'eus le désir d'y plonger des mains avides, d'éventrer la virginité des recueils, de me mêler de mots neufs, de m'y vautrer en assoiffé, de m'y répandre en dépravé. Il fallut que je tende une main vers des poèmes de Sapho. Et que mon regard suive le tracé de la main. Elle était flétrie et lâche. Aux rides sèches et cachectiques. Aux doigts étiolés et débiles. Je laissai retomber mon bras. J'engageai l'avide Lepisme, déjà plongé dans quelque recueil, à quitter la chambre et je retournai à la vieillesse.
Je n'avais pas gardé de bons souvenirs des rares fois où j'avais fumé du chanvre. Je n'aimais pas les voyages organisés avec visites obligatoires. Je déclinai la proposition de Lepisme.