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Critique de panurge


MELANCOLIE, DESENCHANTEMENT, DEPERISSEMENT

Deux nouvelles de J.K. Huysmans..."Sac au dos" et "A vau l'eau" (Husmans a, entre autre, le génie du titre : "A vau-l'eau", "A rebours", "Là-bas"*).

"Sac au dos" ou le troupeau humain de soldats pris dans un mouvement sans fin de trains, de marche à pied, puis d'arrêts d'hôpital en hôpital. On est en 1870...Le second Empire s'effondre....Pour le personnage principal, la guerre reste une expérience de promiscuité type "transport de viandes vivantes". La conclusion sur ce que signifie bien être (un lit douillet et des cabinets propres) ramène l'humain au rang d'animal ne tolérant que son odeur "sui generis"("(«chacun trouve que sa propre merde sent bon» disait Erasme).

"A vau l'eau", ode élevée à la petitesse de l'employé de bureau fonctionnaire de l'administration républicaine des débuts de la IIIème, raconte les journées vides de vie, d'enthousiasme, de sens de Jean Folantin, quasi exclusivement préoccupé par son dîner du soir. Flaubert finissait par avoir de la compassion pour les "idiots" qu'il créeait ("Bouvard et Pécuchet), Maupassant adorait torturer son bourgeois de Paris...Ni cruel, ni attendri (Au fond, le grand Gustave est une bonne pomme), mais anatomiste disséquant le corps et l'âme sentant le suri...Huysmans découpe son Folantin et le regarde en tant que créature des moins appétissantes.
La grandeur de Huysmans tient en trois points : son style, direct, sonnant juste, avec des mots biens choisis ; son art de décrire l'absurde condition de la vie quotidienne faite d'ennuis, de besoins, de manque de moyens ; sa capacité à saisir le lecteur qui ne peut pas quitter le livre. Huysmans sait tenir sa lectrice ou son lecteur. En prime on trouvera dans "A vau l'eau" de très beaux moments sur l'amour des livres, seuls passages où la lumière semble vuloir s'imposer.

A lire donc !



On passe du dépérissement ("A vau l'eau") à la construction d'une forteresse esthétique "dandy" façon fin de siècle "à la Mallarmé" (A rebours) pour se jeter dans l'horreur (celle qui fascinait certainement Flaubert), les expériences mystico-sexuelles adoratrices de Satan afin de se fouetter les sangs, se bercer d'extases perverties et finir par embrasser la Foi ("Là bas"). C'est Jérôme Charvenet qui citait dans un de ses billets je crois, Barbey d'Aurevilly disant à propos de Huysmans qu'il aurait un jour à choisir entre « la bouche d'un pistolet ou les pieds de la croix"
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