Cet essai, qui n'en est pas un puisqu'il regroupe un ensemble de textes de l'éminent Docteur en sciences économiques
Fulbert IBARA, possède plusieurs mérites. Il est d'abord excellemment écrit, facile à assimiler et orienté vers de réels problèmes relatifs à certains pays africains. Il nous offre ensuite un point de vue économique complet, essentiel pour évaluer une situation difficile, connu, mais finalement pas insurmontable. L'auteur nous détaille, dans ses articles, les maux et les remèdes avec une clarté et une intelligence rare, ce qui est déjà, en soi, une très bonne chose.
Certes, nous pouvons ne pas être d'accord sur certains points, le plus souvent partiellement, d'ailleurs, puisqu'il s'agit d'un point de vue très détaillé, notamment sur l'implication sous-jacente des forces militaires étrangères – dont la France – dans la lutte contre le terrorisme au Sahel ou le rôle « castrateur » du Franc CFA, mais il faut reconnaître que les points abordés sont tous approchés en profondeur.
Fulbert IBARA, spécialiste de l'économie de la santé et de la protection, nous soumet son approche de la notion d'Etat défaillant, bifurque vers la mise en place d'une CMU au Congo, impose la vision de la nécessité de s'engager vers une économie sociale et solidaire, s'époumone pour mettre fin – enfin ! – à la main-mise de l'Etat français avec le Franc CFA dans ses anciennes colonies, ambitionne de sensibiliser ses lecteurs sur l'importance d'une émergence des entreprises nationales, et répercute une très intéressante vision du terrorisme sahélien et de ses conséquences économiques.
L'intérêt principal de cet ouvrage, encore une fois très intéressant, est qu'il nous offre la vision d'un acteur économique majeur sur l'économie africaine. Ce genre de point de vue est trop rare, et nous fait sortir de notre « confort » européen et français, formaté, il faut bien l'avouer, par une éducation qui n'est pas sorti de l'esprit colonialiste et emprunte de préjugés fort négatifs.
Oui, lire que nous sommes responsables de certains maux n'est pas plaisant, mais est obligatoire pour comprendre notre rôle, du moins comment les africains le ressentent aujourd'hui.
Non, tout n'est pas gravé dans le marbre, et nous devons nuancer certains propos, en restant toutefois objectif et ouvert. Il n'est jamais facile d'avouer nos faiblesses et de reconnaître nos torts.
Un ouvrage à lire avec intérêt !