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Majiya Binta Zubairu est veuve. Lorsqu'elle surprend un jeune cambrioleur chez elle, son destin va basculer.
Mais, au Nigeria, une femme, quelque soit son statut, n'est pas libre. Binta va devoir lutter contre sa destinée, pour simplement pouvoir...vivre.
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Il a escaladé le mur d'une maison. Au hasard. Il l'a fait parce que c'est sa vie. Cambrioler, braquer, blesser si besoin. Sa vie.
Depuis longtemps.
Pourtant il est jeune, Reza.
Il a grandi avec une mère absente mais omniprésente.
Une pute.
C'est pas ça, le pire.
Une pute célèbre.
C'est ça le pire.
Quand tu entends parler d'elle, de sa légende, tout le temps. Et comme elle était belle, et comme les hommes..., tu sais, et comme elle a détaché les doigts de son fils, un à un, pour qu'il lâche le pan de sa robe.

Il a escaladé le mur.
Il a empoché magnétoscope, téléphone portable...
Et puis il est tombé sur elle.

Hajiya a vingt ans de plus que lui, peut-être plus. Elle a des enfants, elle vit avec sa nièce et sa petite-fille.
Avec Dieu aussi.

Reza la braque avec un couteau. Contre sa gorge.

Elle a vu son visage. Juvénile.
Elle se souvient de son fils. le même âge. Son fils aîné. Qu'elle n'a pas eu le droit de cajoler, de consoler. C'est comme ça. C'est la règle.
Elle se souvient. Quand il est mort.
Elle vit avec Dieu. Et sa culpabilité aussi.

Il va s'enfuir, Reza.
Et revenir.
Lui rendre tout ce qu'il lui a pris.
Et prendre encore plus. Son corps. Son coeur.
Ils vont s'aimer. A leur manière.
Elle, comme sa rédemption.
Lui, comme une revanche.

Et si le parfum du scandale imprégnait la peau ? Se peut-il que pour certains, l'amour ne puisse être que tabou ... ?

L'auteur dépeint des émotions conflictuelles ou refoulées avec un sens aigu de l'individu. Il navigue du jeune garçon à la femme mûre, du voyou à la mère pieuse, sans que jamais leur crédibilité ne soit entamée.
On se dit que cette histoire ne peut pas bien finir.
On espère jusqu'au bout qu'elle finira bien.
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Une immersion fiévreuse dans le Nigeria des traditions, de la famille, des magouilles... les émotions affluent à la lecture, le coeur cogne, les sens sont stimulés. Abubakar Adam Ibrahim est un jeune auteur très prometteur que j'ai eu la chance de rencontrer.
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Dans ce roman, nous découvrons un Nigéria d'aujourd'hui, écartelé entre modernité et tradition. On ne peut qu'être touché par l'histoire de Binta, qui "naquit à cinquante-cinq ans, le jour où un voyou aux lèvres sombres et aux cheveux hérissés pareils à de minuscules fourmilières escalada sa clôture et atterrit, bottes aux pieds et tout le reste, dans le marasme de son coeur"
En effet, celle-ci tombe amoureuse de Reza, venu la cambrioler. Reza pourrait être son enfant - d'ailleurs, son enfant, elle n'a pas pu l'aimer comme une mère, car au Nigéria, le premier doit être traité avec distance. Quant à Reza, sa mère l'a abandonné. Est-ce que ce sont les fragilités qui réunissent ces deux-là, séparés d'une quarantaine d'année ? Un peu de cela, mais pas que. On assiste avec beaucoup de plaisir à l'épanouissement de leur amour, et au fait que Binta semble enfin et pour la première fois de sa vie, heureuse.
On pressent toutefois que rien ne sera simple pour ces deux-là, dans un pays où la religion domine, où la morale et les convenances sont si fortes, et où les traditions briment les femmes.
En parallèle, et grâce à l'entourage de ces deux nigérians anonymes, nous découvrons la réalité de ce pays : attentats, violences, meurtres, corruption, pauvreté, ... Et pourtant, chacun essaie de vivre. Les jeunes, sous leurs niqab, rêvent d'occident, et lisent des romans à l'eau de rose.
L'immersion est d'autant plus forte que de nombreux termes propres à cette culture ont été conservés, et annotés. Bref, un véritable voyage, une belle lecture... Et un coeur brisé (le mien) en refermant la dernière page.
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Excellent livre sur une autre vision de Nigeria (cf. Americanah), beaucoup plus crue et sans détour.
Très bien écrit, même si j'ai eu du mal à me projeter dans la vie du personnage principal.
Une belle découverte !
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Hajiya Binta, veuve de 55ans, voit sa vie bouleversée par l éveil de sa sensualité. A travers son désir inattendu, son amour interdit pour un voyou de l âge d un de ses fils, toute son histoire se dévoile. Et nous livre par la même occasion les pensées et les blessures profondes du Nigéria. Car autour des deux amants gravite une galerie de personnages secondaires qui rendent profondément vivante la société qui les entoure. Ce roman est une peinture vibrante et réaliste de la société nigériane contemporaine.
Une lecture passionnante que je recommande vivement.
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« Hajiya Binta Zubaïru naquit à cinquante-cinq ans, le jour où un voyou aux lèvres sombres et aux cheveux hérissés pareils à de minuscules fourmilières escalada sa clôture et atterrit, bottes aux pieds et tout le reste, dans le marasme de son coeur. »

Une histoire d'amour passionnante entre Binta, la soixantaine, et Reza, jeune dealer, qui pourrait être son enfant. Une histoire d'amour qui titille la morale convenue, les habitudes, la norme, et qui dans un pays de traditions, dérange, suscite jalousie, haine et colère.

Le corps exulte, les passions ne demandent qu'à éclore, les pétales [d'une] vie, pareils à un bourgeon qui avait enduré un demi-siècle de nuits, [qu'] à s'ouvrir enfin.

Mais ... on est au Nigéria. La romance à l'eau de rose, on oublie. Il faut composer avec la drogue, la corruption politique, les interdits, la bigamie des maris, la violence, la pauvreté, la guerre civile. Un décor qui fait pas franchement rêver. C'est le portrait pourtant bien réel et actuel du Nigéria que brosse Abubakar Adam Ibrahim dans "La saison des fleurs de flamme".

« L'espace d'un instant, Binta songea comment le destin avait cruellement uni son sort et celui de cette enfant qui luttait encore pour trouver un sens à son existence. Comment elles avaient toutes les deux perdu les hommes de leurs vies, à environ dix ans d'écart, dans les conflagrations de la foi et des identités ethniques qui déchiraient Jos. »

J'ai aimé la poésie, la sensualité qui transparaît dans cette histoire.
Je salue les talents du traducteur : un voyage sans anicroche, sensoriel et enivrant.

Nous devrions tous être libres d'aimer ! Merci Abubakar Adam Ibrahim pour ce beau message, c'est celui-ci que j'ai envie de retenir.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Rencontre fracassante.
Hajiya Binta surprend Reza la voler chez elle.
Bien qu'effrayée à l'idée que ce cambrioleur lui fasse du mal, elle se sent irrémédiablement attirée par lui.
A 55 ans, elle éprouve pour la première fois quelque chose qu'elle n'a pas connu avec son défunt mari : le désir.

Et bien que Reza ait 30 ans de moins qu'elle, elle découvre avec lui le plaisir charnel.
Elle découvre son corps.
Elle découvre l'envie de l'autre.
Elle (re) découvre sa jeunesse.
Elle découvre la passion.
Reza est mystérieux, sombre.
Il a cette fêlure en lui qui attire Binta.
Elle tente de lui faire reprendre le chemin de l'école.
Elle le sermonne parfois. Comme une mère.
Dans ses yeux, elle retrouve un peu de ce fils qu'elle a perdu.
Elle le prend contre son sein.
Le caresse.
L'aime.
Reza, lui, voit en Binta la mère qui l'a abandonné.
Mais ce que Binta ne sait pas, c'est que Reza est l'homme de main d'un politicien corrompu.
Dans son monde à lui, tout s'achète avec l'argent.
Tout se paie par le sang.
Mais personne ne touchera à Binta.
Leurs entrevues se font chez Binta, puis à l'hôtel.
Binta sent qu'on l'observe.
Elle sent qu'on parle dans son dos.
Même elle a honte.
Comment peut-elle tromper l'honneur de son mari ?
Elle sent la fornication.
Mais Reza lui apporte tout ce dont elle a tant rêvé.
Les risques valent-ils la peine d'être pris dans une ville où tout se sait ?

Une très bonne lecture ! On se sent imprégné dans le lieu de la narration avec les marchés bondés, les lieux cultes, les moments de prières, la chaleur moite. le roman aborde des thématiques importantes comme la place de la femme dans une société masculine, la polygamie, le veuvage.

La rencontre de Binta et Reza les amènent à se questionner sur leur vie, leurs envies et leur condition. le passé de chacun a fait d'eux ce qu'ils sont. Est-il possible d'échapper à son destin ? Peut-on changer ? Autant de questions qui poussent les personnages à se questionner – et nous aussi.

Merci @editionsdelobservatoire pour l'envoi ❤️
Lien : https://loeildem.wordpress.com
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Rencontrer un jeune homme de 30 ans son cadet alors que celui-ci est en train de rafler dans la maison, bijoux et objets de valeur et se sentir irrésistiblement attirés l'un vers l'autre, voilà déjà une histoire d'amour qui débute d'une manière peu banale. Même si elle sent à l'avance l'odeur des mauvaises journées, elle n'aurait jamais pu imaginer découvrir à 55 ans le plaisir, le désir pour cet homme de 25 ans.

Ce fut à ce moment précis, devait-elle songer plus tard, que les pétales de sa vie, pareils à un bourgeon qui avait enduré un demi-siècle de nuits, se mirent à s'ouvrir enfin. (p62)

Dans ce roman qui est un premier roman récompensé par le Nieria Prize for Literature en 2016, Abubakar Adam Ibrahim évoque beaucoup de thèmes : l'amour mais sous l'angle d'un couple où c'est la femme qui est plus âgée que l'homme, sur un continent, comme sur bien d'autres, où l'inverse ne choque pas, plus. Scandale….. Autre thème abordé : la délinquance : drogue, trafic en tout genre mais aussi celle liée aux milieux politiques, où l'argent circule pour obtenir le pouvoir quitte à faire disparaître les éléments gênants.

Le livre comporte deux parties : portant chacun le nom des deux héros. Hajiya Binta (Binta), veuve d'un homme à qui elle a été marié, sans amour mais qu'elle respectait, dont elle a eu quatre enfants mais qui surmonte difficilement la perte d'un de ses fils : Yaro, abattu par la police.

Depuis la mort de son époux, elle se consacre à l'enseignement et élève Fa'iza, sa nièce de 15 ans, traumatisée par un massacre perpétré sous ses yeux, enfoui dans sa mémoire et qu'elle peine à surmonter. Dans sa maison vit aussi depuis quelques temps sa petite-fille Ummi, dont la mère est en conflit avec son deuxième mari car celui-ci veut prendre une seconde épouse.

L'espace d'un instant, Binta songea comment le destin avait cruellement uni son sort et celui de cette enfant qui luttait encore pour trouver un sens à son existence. Comment elles avaient toutes les deux perdu les hommes de leurs vies, à environ dix ans d'écart, dans les conflagrations de la foi et des identités ethniques qui déchiraient Jos. (p110)

C'est une maison vivante où l'on retrouve les activités d'adolescentes de notre époque, épluchant les magazines où elles retrouvent leurs idoles, se maquillant, ayant leurs premiers émois, les enfants devenus adultes, revenant avec leurs vies, leurs soucis, mais aussi l'amoureux de Binta, qui a demandé sa main à son fils aîné mais que celle-ci ignore, refuse. Mais c'est une maison où flotte encore les fantômes des absents, tués, massacrés dans des conflits ethniques, religieux ou politiques.

La rencontre avec Reza, ce jeune homme de 25 ans va faire l'effet d'une bombe dans la vie de Binta, dont la vie était toute tracée. Il va lui ouvrir les portes du plaisir charnel, elle va découvrir son corps, des sensations inconnues jusque là. L'amour va lui donner une nouvelle jeunesse et elle prend des risques inouïs pour retrouver son jeune amant dans une ville où tout le monde se connaît, où tout se sait, où tout se voit, où les rumeurs soufflent aussi vite que le vent.

Si Reza devient son initiateur au plaisir, Binta va tenter d'éveiller en lui, l'envie de reprendre des études, de ce que l'éducation peut lui offrir, elle va planter une graine en lui qui va germer, s'amplifier avec une autre rencontre, celle de Leila, jeune fille cultivée qui va croiser sa route.

Les histoires d'amour finissent mal en général, dit la chanson et celle de ces deux amants est foudroyante car ils n'en sont pas les seuls acteurs. Beaucoup d'ingrédients vont entrer dans la ronde : les fantômes de chacun, les manques, les morts, les absents mais aussi les traumatismes de guerres civiles, de bandes armées qui circulent, de la drogue qui abîment les êtres.

Reza est loin d'être un enfant de choeur, il règne sur une bande de voyous vivants de trafics et de travaux commandités par des hommes puissants qui manipulent à leur profit ces jeunes avides de d'argent et de reconnaissance.

Pendant toute la lecture on est imprégné de la vie du pays : les journées rythmées par les prières, les parfums, la moiteur et la chaleur. La condition féminine est omniprésente : la bigamie, le mariage forcé, la place de la femme, de la veuve, de la mère dans la société africaine. Il y a beaucoup de détails sur le quotidien de cette femme : parfum, tissus etc….. c'est très sensuel, très féminin d'autant que la maison de Binta est une maison où vivent principalement que des femmes de générations différentes mais où le poids des traditions et de la famille reste très fort.

L'écriture est très agréable, très descriptive même si j'ai trouvé que la deuxième partie (celle sous l'identité de Reza) était beaucoup plus vive, plus dynamique. J'ai lu cette dernière partie avec avidité : on sent que l'histoire prend un tour dramatique, les pions se mettent en place, un à un. Binta, elle, a la charge d'une famille même si elle devient une femme amoureuse, oubliant toute règle, quant à Reza, c'est un jeune loup solitaire, intelligent, mais chef d'un réseau de voyous, de petites frappes qui vont tous se trouver enrôlés dans un événement qui va les dépasser. Ils pensent être les maîtres du jeu mais ils vont trouver sur leurs routes bien plus manipulateur qu'eux, bien plus puissant.

L'auteur avec ce roman, qui est un premier roman, fait preuve d'une maîtrise dans la construction du récit, où les sentiments des deux personnages principaux mais surtout ceux de Binta, dont on suit la lente transformation mais aussi les doutes, les désirs mais les douleurs qui restent ancrées en elle. Pour les deux protagonistes cette rencontre va les faire se pencher sur leurs existences, leurs passés, leurs présents et jouer un rôle dans leurs futurs.

Comme je l'ai déjà dit concernant la qualité des couvertures des livres édités par les Editions de l'Observatoire, celle-ci est très représentatif de l'ambiance du récit : une histoire de femme, peu commune dans un contexte de traditions, de religion et de violence.
Lien : http://mumudanslebocage.word..
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C'est en voyant la couverture de ce roman que j'ai eu envie d'en savoir plus...
Je la trouve très belle et très mystérieuse à la fois, invitant le lecteur à voyager.
Le résumé de la quatrième couverture a confirmé mon envie de le découvrir.

Je me suis donc plongée avec intérêt, dans le quotidien d'une famille Nigérienne où assurément j'allais m'immerger dans les us et coutumes du Nigéria.

Innovateur et moderne, Abubakar Adam Ibrahim nous parle de sujets forts, indispensables et essentiels que l'on rencontre dans le monde musulman.

La morale, les tabous, la pauvreté, les guerres civiles, la politique, l'éducation, le mariage arrangé, la polygamie, la jeunesse, la pression familiale etc.
Tous ces thèmes évoqués dans cette fiction suscite l'intérêt et la curiosité du lecteur qui va suivre la rencontre d' une femme cinquantenaire, veuve et d'un jeune dealer.

Un amour impossible et improbable... Une relation cachée, tabou et condamnable.
C'est l'histoire d'une passion amoureuse et sensuelle que l'on va suivre dans cet ouvrage mais c'est aussi l'émancipation d'une femme !
La découverte et l'acceptation de son corps et de ses désirs enfouis au plus profond d'elle car cela lui est interdit.
Une libération qui ne se fera pas sans conséquence !

En lisant ce roman, j'ai eu l'impression de ressentir les odeurs, les parfums, d'entendre le bruits, les sons et de voir les couleurs, les paysages, les habits colorés de ce pays lointain. J'ai eu la sensation de voyager.

Je me suis laissée porter tout simplement par ces personnages touchants.

Si les thématiques abordés par l'auteur vous intéressent, alors je vous invite à le lire.
L'écriture est belle, poétique et riche.
C'est un roman atypique, original et surprenant.

La saison des fleurs de flamme est une fresque littéraire, une belle réussite et une ouverture sur le monde indéniablement.
Lien : https://leslecturesdeclaudia..
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