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Critique de BonoChamrousse


BRASIER NOIR de Greg Iles
Traduit par Aurélie Tronchet
Éditions Acte Sud (collection actes noirs)

********** C O U P DE C O E U R **********

Le roman commence en 1964 avec les meurtres impunis de trois hommes dans l'état du Mississippi. Leur "tort" selon les assassins ? Avoir la peau noire et surtout, pour l'un d'eux, avoir aimé une fille blanche ! ...

"Les arbres du Sud portent un fruit étrange
Du sang sur leurs feuilles et du sang sur leurs racines
Des corps noirs qui se balancent dans la brise du Sud
Un fruit étrange suspendu aux peupliers
Scène pastorale du vaillant Sud
Les yeux révulsés et la bouche déformée
Le parfum des magnolias doux et printannier
Puis l'odeur soudaine de la chair qui brûle
Voici un fruit que les corbeaux picorent
Que la pluie fait pousser, que le vent assèche
Que le soleil fait mûrir, que l'arbre fait tomber
Voici une bien étrange et amère récolte !"
(Billie Holiday, Strange Fruit)

... Quarante ans plus tard, plus précisément en 2005 à Natchez (Mississippi), le Dr Tom Cage, un médecin septuagénaire respecté de tous, est accusé du meurtre de Viola Turner, l'infirmière d'origine afro-américaine qui travaillait avec lui dans les années 1960.

Un roman que j'aurais totalement ignoré si mon ami FB Christian n'avais pas autant insisté pour le faire lire à toutes ses connaissances. Et bien lui en a pris car c'est un roman remarquable qui entremêle plusieurs genre.

Tout d'abord, "Brasier noir" est une grande fresque historique qui nous fait plonger du côté obscur des États-Unis, dans ces états du Sud où les choses n'ont changées qu'en surface car, en 2005, la vie reste différente en fonction de la couleur de peau et, même si le klu klux klan ne brûle plus impunément, la haine raciale y est toujours omniprésente.

"Brasier noir" est aussi, et surtout, un roman sur la corruption avec une référence (filiation) au livre de Robert Penn Warren, "Tous les hommes du roi". L'intrigue principale est située en 2005 post Katrina, car si l'ouragan a été un désastre pour la population pauvre (et particulièrement noire) de la Nouvelle-Orléans, il a surtout été une aubaine pour les spéculateurs mafieux. D'ailleurs le personnage de Carlos Marcello (parrain de la Nouvelle-Orléans) n'est pas fictif et il aurait réellement été impliqué dans l'attentat contre le président Kennedy du 22 novembre 1963.

Pour finir, "Brasier noir" est un polar à la "Cold Case : Affaires classées" (la série américaine des années 2000) où les évènements de 2005 remettront au jour les meurtres de 1963.

Un roman extrêmement intelligent qui s'inspire de personnes et de faits réels. Par exemple, le personnage du journaliste Henry Sexton, est le double littéraire d'un journaliste au "Concordia Sentinel", Stanley Nelson.

"La connaissance est le but de l'homme, mais il y a une chose que l'homme ne pourra jamais savoir. Il ne pourra jamais savoir si la connaissance va le sauver ou si elle va le tuer. Il va mourir, c'est un fait, mais il ne sais pas s'il mourra à cause de ce qu'il sait, ou bien à cause de ce qu'il ne sait pas et qui aurait pu le sauver." (Robert Penn Warren, "Tous les hommes du roi")

Un roman dense sur plus de 1000 pages mais que j'ai "dévoré" et ADORÉ. On peut seulement regretter quelques toutes petites redondances que l'on pardonne facilement au vu de la qualité narrative.
Autre regret, "Brasier noir" est le premier tome d'une trilogie... et il va falloir attendre que les volumes suivants soient traduits en français.

Et bravo à la traductrice, Aurélie Tronchet, pour l'excellence de son travail.
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