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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Après un premier roman chez Albin Michel en forme d'interrogation sur le futur avec Qu'allons-nous faire de ces jours qui s'annoncent ?, la française Marguerite Imbert passe du côté science-fictif de la force avec son second livre publié cette fois chez Albin Michel Imaginaire !
Diantre, mais que s'est-il passé ?
Rien qu'au titre, on devine que Les Flibustiers de la mer chimique n'aura pas autant les deux pieds sur terre que son prédécesseur…et pourtant, c'est bien de notre monde dont nous cause Marguerite Imbert sous prétexte d'une aventure post-apocalyptique mêlant balade en sous-marin et leçons d'Histoire fumeuse entre une Rome-ZAD ultime phare de l'humanité et un Océan Pacifique aussi dangereux que pollué !

Punk-Apocalypse
Il faut bien le dire, les choses ont (encore) mal tourné pour l'humanité.
En rejoignant Ismaël et les siens à la dérive sur l'Océan, on comprend même que les mers polluées du Globe cachent désormais des Mâts, sorte d'organismes marins mutants gigantesques et pas forcément animés des meilleures intentions. Heureusement pour nos explorateurs en herbe, voici qu'un sous-marin émerge des flots pour les sauver d'une mort certaine et peu ragoûtante.
Rapidement, le sauvetage tourne court puisque Jonathan, truculent capitaine du sous-marin Player Killer, n'est pas un bon samaritain mais le chef de file des fameux flibustiers de la mer chimique qui écument les flots en quête de vitamines et de médicaments, autant de trésors facilement revendables aux survivants éparpillés de part le globe.
En compagnie de ce croisement improbable entre le capitaine Achab de Moby Dick, le Jack Sparrow de Pirates des Caraïbes et un Peter Pan nihiliste fan de jeux vidéos à l'ancienne, Ismaël va peu à peu comprendre ce qui fait tourner le monde de ces forbans tout en constatant la cruauté qui règne dans le submersible entre deux parties de jambes en l'air réglementaires.
De l'autre côté du Globe, quelque part dans une grotte française à l'écart du monde, une gamine plus maligne que les autres, déesse auto-proclamée et dernière Graffeuse de son état, est enlevée par Horeb, Ezri et toute leur bande qui se sont mis dans la tête de la ramener à Rome, dernière capitale européenne connue où la Métareine et Jericho l'attendent pour prendre la relève de leur dernier Graffeur en date, Mohammed. Sauf que le chemin ne va pas être de tout repos dans une Italie envahie par les meutes de chiens sauvages et les clans belliqueux qui refusent encore de se joindre aux Étoilés, les disciples tout en muscles de la Métareine. Qu'à cela ne tienne, Alba est bien plus maligne que l'ensemble de ces imbéciles gesticulants de mâles et elle a un plan.
Alba a toujours un plan. Enfin, souvent. Peut-être.
Nous voici donc dans l'ambiance à la fois délirante, hilarante et succulente du roman de Marguerite Imbert qui offre aux lecteurs un univers post-apocalyptique complètement décalé et savoureux où se mêle une atmosphère d'aventures à la Jules Verne sous acide et de science-fiction à la fois divertissante et sérieuse que n'aurait pas renié Catherine Dufour.
Une fois le décor planté, entrons tout de même dans le vif du sujet : que donne ce joyeux foutoir ?

Des calmars et des hommes
Marguerite Imbert a des idées en pagaille et un style enlevé et décomplexé qui fait merveille pour les mettre en oeuvre.
En alternant les chapitres narrés par Ismaël et Alba, la française fait le grand écart. D'un côté nous avons un vieux naturaliste de cinquante ans qui donne une perspective posée et à peu près sérieuse sur un sous-marin devenu le royaume-refuge d'un éternel adolescent impulsif, borderline et parfois complètement cintré, de l'autre voici Alba, dégorgeant une logorrhée qui confine à l'hyperactivité textuelle et qui sait tellement trop de choses sur le passé qu'elle les mélange et les confond.
Deux façons de narrer les choses, deux façons d'appréhender des personnages décalés et inattendus.
Car ce sont eux, plus que Jonathan ou la Métareine, qui font le succès de cette aventure haute en couleurs, deux individus perchés chacun à leur façon et qui ne sont que le produit de leur éducation et du monde dans lequel ils évoluent. Marguerite Imbert fascine par sa capacité à les incarner jusqu'au bout, à les faire vivre dans leurs propres contradictions, à les nuancer même quand ils font du mal. On prend un plaisir presque indicible à les suivre et les multiples références au Vieux Monde du temps des Républiques disparues, sont autant de sucreries gourmandes que dissémine la française sur le chemin avec une nonchalance particulièrement réjouissante. Les clin d'oeil à la pop-culture, aux jeux-vidéos, à la littérature ou à l'Histoire sont ici le signifiant d'un monde qui s'emmêle les pinceaux et explique avec une drôlerie sans fin comment les mythes survivent mais changent de visage. On s'amuse d'autant plus que la chose est juste suffisamment bien placée pour ne pas embrouiller le reste et que l'ensemble n'est jamais totalement gratuit. La connivence avec le lecteur fonctionne à plein régime tandis que l'histoire avance inlassablement avec une cohérence qui force le respect.

Se souvenir des choses moches
Ce qui transparaît vite dans cet univers où les Clans sont devenus la nouvelle norme de la civilisation et où chacun y va de sa croyance, du transhumanisme à la rédemption écologique en passant par l'omnipotente Compagnie des Limbes Orientales, c'est qu'il faut se souvenir.
Alba se souvient mais avec trop d'ardeur, elle se méprend et impose avec trop de certitudes une science qui l'asphyxie presque elle-même.
Jonathan aussi se souvient, mais il s'en contrefout et utilise ce savoir pour son propre profit, tirant les mauvais enseignements des erreurs du passé, nihiliste et désespéré dans un monde dans lequel il refuse de vieillir.
Et puis au-delà, Marguerite Imbert parle de notre déni individuel et collectif face au délitement écologique. Elle discute de la revanche de la Nature ainsi que de l'adaptabilité des espèces tout en disséquant les mécanismes de la sujétion et de l'autorité.
En définitive, soyez sûrs que si l'apocalypse a lieu, la vie trouvera toujours un chemin, comme disait ce grand film avec des dinosaures réalisé jadis par Steven Seagal ! Enfin… Steven quelque chose.
Derrière ses airs de grande farce aventuresque portée par des personnages truculents au possible, Les Flibustiers de la mer chimique montre à quel point l'homme dépend de la Terre et non l'inverse. Voici un continent de plastique et des mers complètement toxiques, des terres ravagées par les inondations ou devenues arides et sèches comme des pruneaux.
Mais la vie, elle, s'est adaptée, a fini par coopérer là où les hommes ont un mal de chien à s'entendre, prisonniers de leurs démons et de leurs cupidité, continuant à s'entretuer qui pour une croyance qui pour un nouveau morceau de pouvoir.
Sous ce sentiment écologique évident, on sent poindre une profonde révolte, une envie de faire basculer le globe sur son axe et de secouer le lecteur par les épaules pour lui dire que nous vivons en sursis, prêt à crever à force de déraciner des arbres. Heureusement, au lieu de nous faire pompeusement la morale comme une Alba mal lunée, Marguerite Imbert choisi la voie du divertissement malin et enjoué, où l'on assiste à des choses aussi improbables que de voir des pieuvres géantes droguées à l'héroïne s'en prendre à un gigantesque squale mutant au milieu de l'océan.
La fin du monde est peut-être pour demain, mais on peut aussi la prévenir sans tomber dans le sinistre et le moralisateur. Bougez-vous qu'ils disaient et évoluez ! Nous avons la technologie pour ça et les enseignements du passé qui vont avec. Suffirait juste d'ouvrir un livre, moussaillon !

Roman jubilatoire aussi référencé que drôle et intelligent, Les Flibustiers de la mer chimique va ravir vos lorgnons. Marguerite Imbert parvient à ce point d'équilibre qu'on croyait définitivement perdu en France entre science-fiction divertissante et engagée, talent insolant et désinvolture textuelle.
Une vraie et belle surprise, à tel point qu'on en reprendrait bien encore pour un p'tit voyage à Vingt Mille lieux sous les mers comme dirait Zola !
Lien : https://justaword.fr/les-fli..
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Ce roman qui vient d'être publié est une immense surprise !

Embarquez dans un univers foutraque, un Mad Max revu par les Monty Python, un postapocalyptique où même la langue joue les extravagances. Soyez happé par une plume déjantée qui porte un monde détraqué. C'est drôle, incisif, irrévérencieux.

Des décennies après une catastrophe, quelques grappes d'êtres humains survivent sur les restes d'une civilisation en déliquescence. le récit narre les aventures de deux protagonistes très différents : Ismael, naturaliste envoyé en mission, est capturé avec ses compagnons sur la mer par Jonathan et l'équipe de son sous-marin, autobaptisés Les Flibustiers. Naviguant dans les mers chimiques — qu'on devine polluées par notre civilisation — Jonathan est un personnage fascinant, affichant de prime abord une excentricité et un charisme qui lui permettent de régner sur ce petit monde qui a ses propres règles, mais il est aussi un chien fou doté d'une certaine noirceur. Ismael, lui, apparaît en comparaison comme le « sachant » raisonnable, mû par sa mission et qui tente de canaliser son geôlier. Chaque membre de l'équipage possède une personnalité fêlée ; tous ensemble, ils forment une cour improbable à l'assaut des mers. À noter Annaïg, encore enfant mais déjà « médic » (médecin), qui personnifie la perte de valeurs dans ce simulacre de société : lisez le livre pour découvrir pourquoi.

En parallèle, Alba est une jeune Graffeuse (qui a emmagasiné tout le savoir) isolée dans une grotte du sud de la France. Elle est capturée par des Étoiles pour l'emmener à Rome (bah oui, Rome est le centre du monde, même après sa chute), où siège la Métareine qui gouverne quelques milliers de descendants de survivants dans les ruines de l'ancienne capitale. Dotée d'un savoir encyclopédique (même si elle confond l'Histoire vécue et les histoires de fiction : pour elle, ce qui est écrit est vrai, ce qui occasionne quelques mélanges cocasses), la Graffeuse a développé une personnalité un brin asociale, alors que la Métareine et ses fidèles attendent beaucoup d'elle.

Le roman offre maintes péripéties et n'évite pas quelques maladresses de narration : Ismael est narrateur mais le lecteur ignore l'objectif de sa mission jusque tard dans l'histoire ; ou encore ce même lecteur découvre ce que tous les protagonistes savent — la raison de l'ancienne catastrophe — qu'à la fin du livre. Et pourtant, on pardonne tant la lecture est jubilatoire.

Car ce roman postapocalyptique est remarquable grâce à son univers, ses personnages marquants et parfois excessifs, mais aussi sa prose. On est ici dans un texte dont la plume sert le récit, avec des phrases baroques, des dialogues piquants, des expressions fantasques voire absurdes, et des réflexions extravagantes sinon assassines. Les amateurs de citations se régaleront.

L'auteure a réussi le tour de force d'imaginer un monde qui pourrait être déprimant — et les thématiques écologiques sont présentes — mais elle s'en sert pour débrider son imagination et sa truculence.

Une pépite.

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La Terre a subi un méchant coup sur la tête. Et les êtres humains ont sacrément morflé ! Il en reste, dispersés à la surface du globe, mais pas des quantités phénoménales. Et ils continuent à se chercher des poux dans la tête, malgré l'environnement devenu sacrément hostile. Un groupe de joyeux drilles, les Flibustiers de la mer chimique, écume les océans à la recherche d'aventures, de butin et d'un fabuleux trésor, l'Azote bleu.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Marguerite Imbert ne ménage pas son lecteur. Au début du roman, on est balancé dans une histoire qu'on ne maitrise pas, sur une Terre qu'on ne reconnaît pas tellement, au milieu de conflits qu'on ne comprend pas. C'est un poil brutal, mais parfaitement censé et justifié. Je me suis accroché quelques pages et c'est allé tout seul très rapidement. Et bien m'en a pris, vraiment, car ce roman, même s'il paraît un peu foutraque, surtout au niveau de ses personnages, est bourré de trouvailles et se montre très agréable à lire. Reprenons au début.

La planète est telle que nous l'imaginons dans quelques dizaines d'années, massacrée par nos mauvais traitements. Les mers sont polluées et transformées en masses acides dans lesquelles il ne faut pas tomber. Sauf si l'on veut un nettoyage de la peau assez radical. Les causes de tout cela semblent assez évidentes : pollution et surconsommation. Logique ! Mais on sent rapidement que derrière cette évidence se cache quelque chose de plus vaste. Il nous faudra avancer très loin dans le roman pour réellement comprendre ce qui transparaît tout au long de l'histoire. Et quelle est la cause réelle de cet état de faits. En attendant, le tableau est déprimant. D'autant que les femmes et les hommes ne sont pas parvenus à se rassembler pour tenter de reconstruire une société viable. Les vieilles habitudes ont repris leur cours : guerres d'egos, de croyances. Les Romains, derrière la Métareine (ce nom me fait automatiquement penser à la série de l'Incal, avec la caste des métabarons), prônent la solidarité. Mais tous ne partagent pas son combat.

Entre autres les Flibustiers de la mer chimique, ainsi qu'ils se surnomment. Ils sont dirigés par Jonathan, un capitaine complètement frapadingue, mais assez génial dans son domaine, très bon tacticien, pas encore sorti de l'adolescence, ce qui vaut de sacrés moments de délire pendant la lecture. Fan de jeux vidéo, il a appelé son sous-marin Player Killer et impose chaque jour une plage musicale à son équipage. La playlist est à faire frémir… ou pas, selon les goûts de chacun. Mais sa folie et son enthousiasme sont contagieux. Et cela fait du bien d'avoir un capitaine de sous-marin moins compassé que le Nemo de Jules Verne. Malgré une mégalomanie semblable, leurs tonalités sont bien différentes. Cependant, son caractère n'arrange pas les affaires d'Ismaël, qui s'est fait capturer et enfermer sur le Player Killer avec deux compagnons. Or, il avait une mission capitale à effectuer pour le compte de la Métareine.

Loin des mers polluées, Alba voit sa routine bouleversée. Jusqu'ici elle vivait seule dans sa grotte avec comme seule amie une chauve-souris. Mais c'était plus prudent, car ceux de son espèce sont pourchassés : les graffeurs, qui dessinent le passé et sont, en quelque sorte, la mémoire des sociétés disparues, ne sont pas appréciés par tout le monde. Certains les exécutent sans hésitation. Or, Alba est enlevée par une troupe de guerriers, appelés Étoilés (rapport à une cicatrice de cette forme au niveau de la bouche), les hommes de Jéricho, allié à la Métareine. Elle ignore la raison de ce rapt : veulent-ils la ramener à Rome pour l'exécuter en place publique et servir ainsi d'exemple ? Veulent-ils la dévorer (la nourriture est plus rare que de nos jours et le cannibalisme a refait surface) ? Mais elle comprend rapidement que tout cela n'est pas dû au hasard et que c'est bien elle qui était recherchée. Cela aurait-il un rapport avec la masse de connaissances emmagasinée dans son cerveau ? de toute façon, elle n'est pas tout à fait en état de comprendre ce qui se passe, ce qui change de sa routine. À force de vivre toute seule et de prendre certaines drogues (généreusement fournies par son oncle quand il était encore en vie), elle manque de lucidité, se parle toute seule (même si d'autres sont là pour entendre ses réflexions, pas toujours amènes pour son entourage – moments jubilatoires). Avec Jonathan, le chef des pirates, elle fait la paire. Comme ils apparaissent dans des chapitres en alternance, on passe d'une folie à une autre, d'une exubérance à une autre. Et c'est carrément réjouissant, bien qu'un peu perturbant au début. Car leur grain de folie est tout de même costaud. Et les suivre demande un certain laisser-aller. Mais très vite, j'ai adoré leurs échanges avec leur entourage, leurs répliques libres de toute contrainte. Quelle fraîcheur ! Marguerite Imbert semble s'en donner à coeur joie. Et nous aussi.

Une fois de plus, je préfère m'arrêter avant d'en révéler trop car, comme souvent, mais c'est très vrai ici, la découverte et la compréhension de l'univers imaginé par l'autrice est un des grands plaisirs de cette lecture. Les Flibustiers de la mer chimique est le premier roman de Marguerite Imbert que je lis (elle a également publié, aux éditions Albin Michel, Qu'allons-nous faire de ces jours qui s'annoncent ?, roman qui se situe dans le contexte de la lutte autour de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes) et, je pense, ce ne sera pas le dernier tant il m'a surpris par sa vivacité et son côté irrévérencieux, plein de folie et, en même temps très réfléchi. Une bouffée de fraîcheur, pleine de gaz toxiques, sacrément vivifiante et bienvenue.
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Déjanté et rafraîchissant. Voilà les deux mots qui viennent à l'esprit une fois la dernière page de ce roman (le deuxième de l'autrice) refermé. Marguerite Imbert nous entraîne dans un monde post-apo qui n'est pourtant pas franchement attrayant : toutes les civilisations ont disparu depuis belle lurette, de même qu'une bonne partie de l'humanité, et il n'y a pas un seul endroit sur Terre qui n'ait pas été pollué par nos déchets/rejets. Les quelques survivants se sont pour la plupart regroupés en clans qui s'allient ou se font la guerre en fonction de leurs intérêts. Les chiens, revenus à l'état sauvage, sont devenus l'une des principales menaces sur la terre ferme, tandis que, dans la mer, des Mâts, créatures marines ressemblant à nos poulpes ou requins mais dont la taille a été multipliée par vingt, pullulent. Même sans faire de mauvaises rencontres la plupart des habitants de cette Terre ravagée ont de toute manière une espérance de vie limitée en raison de la toxicité de leur nourriture/boisson et des cancers qu'ils ne manquent pas de développer dès la trentaine. le contexte ne prête donc pas particulièrement à rire et pourrait laisser croire à une atmosphère pesante et angoissante. Or, il n'en est rien, et c'est avant tout grâce aux personnages. le récit a été construit autour d'une alternance entre le point de vue de deux protagonistes qui, au premier abord, n'ont rien en commun, mais dont les objectifs vont finir par coïncider. le premier s'appelle Ismaël, il est naturaliste, et il a été envoyé en mission sur la mer par la Métareine de Rome (qui réunit deux des clans les plus puissants du continent européen). Seulement lui et deux de ses compagnons se retrouvent bientôt naufragés après l'attaque d'un Mât, et sauvés in extremis par le Player Killer, un sous-marin comme on en fait désormais plus et capable de naviguer sur la mer chimique. A la manoeuvre, on retrouve ceux que l'on nomme les Flibustiers, avec, à leur tête, le charismatique mais (très !) excentrique capitaine Jonathan. C'est lui, la première carte-maîtresse de l'autrice pour donner un côté agréablement déjanté à son roman. La seconde, c'est Alba, une Graffeuse (clan désormais éteint) qui a une connaissance encyclopédique (quoi qu'imparfaite) de nos civilisations avant leur chute. Après avoir passée des années seule dans une grotte, la voilà entraînée de force par des soldats de la Métareine pour Rome, où tout le monde semble l'attendre avec impatience. La jeune femme possède toutefois un caractère bien trempé, et semble souffrir de sacrés troubles psychologiques qui la rendent totalement imprévisible… pour le plus grand bonheur du lecteur.

On alterne donc entre les chapitres consacrés à Ismaël, qui tente de se faire une place à bord du PK et de mener secrètement la mission qu'on lui a confié et dont le lecteur ignore tout, et ceux dédiés à Alba, en route pour Rome où elle doit, elle aussi, prendre ses marques sans bien savoir ce qu'on attend d'elle. Les deux trames narratives sont aussi passionnantes l'une que l'autre, et c'est avec plaisir que l'on passe d'un point de vue à l'autre. La personnalité des protagonistes joue évidemment beaucoup, d'abord parce qu'elle est totalement improbable et donne lieu à des scènes surréalistes hilarantes comme le quart d'heure de folie du capitaine ou le troc-edi. Ensuite, parce qu'elle en fait des personnages hors de contrôle, capables donc de péter un câble à tout moment et de prendre une décision inattendu ou d'envoyer balader le plan pour telle ou telle raison. le roman ne repose toutefois pas uniquement sur ces deux atouts mais possède une intrigue solide qui entretient en permanence le suspens concernant les enjeux dont il est question : on ignore quelle est la mission d'Ismaël, on ne sait pas ce que la Métareine veut à Alba et pourquoi il est essentiel pour le clan de Rome d'avoir une Graffeuse, et on n'a aucune idée précise du phénomène majeure qui a causé l'extinction d'une partie de l'humanité. Les réponses à toutes ces questions nous sont fournies tardivement, sans que cela n'engendre de frustration particulière, et celles-ci se révèlent être tout à fait satisfaisantes une fois la dernière page refermée. Avant de tout comprendre, il faut toutefois en passer par un sacré lot de surprises dont l'enchaînement soutenu incite le lecteur à ne pas reposer le livre avant d'apprendre ce qui va arriver ensuite aux personnages concernés. Si le roman se révèle aussi plaisant, c'est aussi (surtout ?) grâce au style très direct de Marguerite Imbert dont la plume incisive et le ton volontiers familier frappent dès les premières pages. Cela donne à la narration un côté très dynamique, tandis que les dialogues, eux, sont particulièrement réjouissants et ne manqueront pas de vous tirer plusieurs éclats de rire. C'est que les personnages possèdent tous un sacré sens de la répartie, et que la "bromance" unissant Ismaël et Jonathan se révèle propice à des enchaînements de taquets dont on ne se lasse pas.

Marguerite Imbert signe avec « Les flibustiers de la mer chimique » un roman post-apo déjanté qu'on prend un plaisir fou à dévorer. L'intrigue tient impeccablement la route, le style est percutant et donne lieu à des échanges hilarants, mais ce sont surtout les personnages qui donnent du sel à l'histoire. C'est notamment le cas d'Alba et Jonathan, deux protagonistes complètement fêlés qu'on serait prêt à suivre sur encore des pages et des pages. A découvrir absolument !
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Ismael est naufragé sur un radeau avec Aaron, son cousin et Lori. Ils ne vont pas tardé à être fait prisonniers par les Flibustiers. Cette bande de jeunes, vivants en autarcie dans un sous marin est menée par le capitaine Jonathan.
Alba vit seule dans un habitat troglodyte, toute sa famille est morte. Elle va être capturée et nous apprenons qu'elle est gracieuse. La bande à l'origine de son rapt, l'emmène à Rome.

Ce roman m'a déstabilisée dans son premier tiers, il m'a fallu du temps pour appréhender le contexte et cerner ses personnages. Il faut dire que nous avons à faire à des personnages haut en couleurs, vivant dans un monde post apocalyptique, au milieu de créatures peu rassurantes. L'univers proposé fait suite à une catastrophe écologique, quelques milliers d'Hommes seulement semblent avoir survécus à ce désastre. Il ne fait pas bon se baigner dans ce nouveau monde, où pourtant la montée des eaux a englouti une partie des territoires.

Ce roman peut donner l'impression d'être décousu, avec ses personnages complètement déjantés. Et pourtant plus nous progressons et plus nous voyons le destin d'Ismael et d'Alba converger. L'autrice instille une bonne dose d'humour, se moquant gentiment de l'époque actuelle et puis je me suis faite surprendre par les causes de ce désastre. Ce fut donc une très bonne lecture. Je trouve également la couverture magnifique et nous donne un bon aperçu du monde dans lequel évolue l'histoire.
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Roman post-apocalyptique par excellence, Les flibustiers de la mer chimique n'en est pas moins original, c'est même le roman post-apo le plus original que j'ai lu ces dernières années.
L'écriture de Marguerite Imbert est aiguisée à souhait, c'est un roman plein d'action, d'aventure, empli d'un humour tranchant tout en gardant un sérieux basé sur l'écologie, le social et le renouveau.
L'histoire se déroule sur deux trames, celle d'Ismaël, un naturaliste embarqué parmi les flibustiers à bord d'un sous-marin, et celle d'Alba, une graffeuse, dernière dépositaire de la mémoire collective de par son savoir de l'histoire avant la fin du monde que nous connaissons.
J'ai annoté plein de pages tellement l'écriture et les répliques m'ont marquées, en exemple :
"Au moins deux rois ont été tués par des sangliers, Philippe IV le Bel et Robert Barathéon"
Et ce n'est qu'une réplique parmi tant d'autres.
Les personnages sont vraiment tous charismatiques (Jonathan c'est franchement un phénomène), le bestiaire est bien pensé et nous voyageons un peu partout à travers le monde, les enjeux pour la planète sont forts, et il y a des trahisons étonnantes, des alliances improbables, des amitiés contradictoires et un ennemi commun à tous vraiment approprié.
La fin du récit, elle, est très interessante également.
Je ne peux que vous conseiller de lire ce roman !
PS : merci à Marguerite Imbert pour l'exellente dedicace qui m'a bien fait rire XD
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Un vent de renouveau sur le paysage post apocalyptique et ça fait du bien !

Brillant et savant mélange entre Mad Max Fury Road, Pirates des Caraïbes et WaterWorld avec des personnages passionnants et burlesques.

Notre monde a connu une presque extinction de masse et subsiste sur des terres dépeuplées et encerclées d'océans devenus acides.
C'est au fond des eaux troubles de ces lieux devenus inhospitaliers et propices à une vie sous marine à faire se pâmer un kraken que nous embarquons à bord du sous marin le PK (Player Killer) avec à la barre son capitaine loufoque et totalement cramé.

Ismaël, Naturaliste de Rome au service de la Métareine échoue bien malgré lui à son bord pour de palpitantes aventures.

Du côté de la terre ferme survit Alba, Graffeuse de son état qui se perd un peu les pédales, mais connait à peu près tout sur le Monde d'avant et le monde d'aujourd'hui. C'est simple, elle sait tout sur tout mais ne sait pas se taire...

On sent le background original (le comptoir du septième, Rome et son Colisée, les clans, l'histoire des clans, Jéricho.....etc etc...)

Frustration de se dire qu'on referme le livre malgré certes, un épilogue qui se suffit à lui même.

Néanmoins, on aimerait tellement continuer d'évoluer dans cet univers et l'explorer à travers les pages sur une nouvelle histoire ou encore mieux un tome 2.

Petite perle ce roman et une excellente surprise


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Voici une aventure épique, écolo, eco-responsable et même plus loin pour une connaissance à maîtriser à tout prix, car souvent destructrice et parfois bien utile (comme dirait l'autre, science sans conscience n'est que ruine de l'âme). le crédo pouvant se synthétiser par la nature qui est la vie et par la religion et la science qui sont un danger.

Le démarrage est déroutant, car truffé de ruptures, sans fluidité dans la narration ni dans les dialogues, dialogues comme jetés dans la mer chimique (c'est une allégorie).
Puis ce fatras s'agence de lui-même et le récit se délie…
En tout cas, sympathique pour l'histoire, le scénario, le rythme et le vocabulaire avec des expressions de ‘jeunes' et de Gamer…ou d'ailleurs d'ailleurs ! Finalement, je parlerais plutôt de style et de vocabulaire très moderne, avec des références récentes à des courants de pensée, à des ‘conneries' de notre société actuelle vis-à-vis du climat et plus globalement de la biodiversité de notre planète.
Quelques pépites:
- Folie douce et parfois furieuse des Jonathan et Alba
- La vengeance des Arbres
- La folie de la médecine (les Trans) et de la science en général
- La folie de l'information (les Fake de la CLO) et des livres du coup
- Mais la vie ! Voilà ce qu'il faut faire, vivre ! Et avoir des projets sans doutes
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J'ai lu Les flibustiers de la mer chimique de Marguerite Imbert que les éditions Albin Michel Imaginaire ont eu la gentillesse de m'envoyer en Service Presse. Pour rappel, ce roman est sorti le 28 septembre dernier.

Nous sommes dans un roman de SF, post-apo. Il est présenté comme une folle odyssée sous des cieux aveuglants, sur des mers acides qui empruntent leurs couleurs à une délicieuse poignée de bonbons chimiques. Sur cette Terre post-apocalyptique, les mers sont donc devenues acides et peuplées de créatures monstrueuses. Nous rencontrons tout d'abord Ismaël, naturaliste de Rome, sauvé in extremis d'un naufrage avec 2 compagnons et par un mystérieux sous-marin et son capitaine farfelu. Sur la terre ferme, nous allons également suivre Alba, une jeune graffeuse omnisciente un peu folle.

Cette lecture a été totalement déconcertante car l'autrice a fait le choix de nous plonger dans cet univers sans explications préalables et je vous avoue que les 50 premières pages m'ont laissée plus que perplexe... Mais très vite, ce roman est devenu totalement addictif et immersif. A tel point que je l'ai lu en 1 jour ½ et fini à 4h du matin tellement je n'arrivais pas à le lâcher !

Nous avons 2 axes narratifs : celui d'Ismaël et celui d'Alba et je vous avoue avoir moins accroché à ce dernier car il est le reflet de la façon de penser de la jeune graffeuse qui par moment fleurte avec la folie. Mais cela n'a rien enlevé à mon intérêt pour ce récit que j'ai vraiment beaucoup aimé !

Je vous le conseille fortement car les révélations et les messages transmis m'ont beaucoup touchée. Je vous conseillerais de faire comme moi : lisez le d'une traite en vous immergeant totalement dans le récit afin de ne pas en perdre le fil !

La plume de cette jeune autrice est belle, drôle, addictive et immersive. Je suivrai sans aucun doute ses prochaines parutions !

Encore une superbe découverte de la collection Albin Michel Imaginaire qui est, pour moi, une collection incontournable pour les amateurs d'Imaginaire. Son directeur sélectionne vraiment des romans de qualité qui savent se démarquer !
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Quand un éditeur d'imaginaire propose pour la seconde fois de l'année du post–apocalyptique prenant racine dans la mer, il prend le risque de se répéter. Et pourtant, même s'ils ont un point de départ commun et que la folie d'Alba fait parfois écho à celle de Danäe, Les flibustiers de la mer chimique de Marguerite Imbert n'a que peu de rapport avec Unity d'Elly Banks.
Dans le roman de l'autrice française, nous sommes à la toute fin du XXIe siècle ou peut-être au début du XXIIe siècle. L'humanité a été mystérieusement décimée et il ne reste plus qu'une poignée de survivants répartis en clans sur terre comme sur mer, les océans sont pollués et corrosifs, les animaux et les végétaux ont muté. de prédatrice, l'humanité est devenue la proie du reste de la biosphère. Bref, c'est la mouise intégrale.
Dans cette terre de fin du monde, nous allons suivre alternativement deux personnages. le premier, Ismaël, est un quinquagénaire naturaliste de Rome naufragé et capturé/recueilli par les Flibustiers, un gang de pirates adolescents attardés ultraviolents et aux krakens de compagnie drogués jusqu'au bout des tentacules. La seconde, Alba, est une Graffeuse bavarde, folle à lier, violente, mais détentrice d'un mystérieux trésor qui pousse la Métareine de Rome à la capturer pour l'intégrer à sa cour.
Les chapitres sont ainsi écrit à la première personne en alternant l'un et l'autre des narrateurs qui sont tout sauf fiables. Par leurs yeux, Marguerite Imbert nous livre la description d'un monde retourné à un certain chaos, mais plutôt haut en couleur. Sur mer comme sur terre, les surprises ne manquent pas. Au début, la lecture a de quoi désarçonner, surtout personnellement le premier chapitre mettant en scène Alba, mais elle emporte assez vive avec toute la verve, le tourbillon d'idées et d'allusions (tant à des faits historiques qu'à une multitude d'oeuvres de la pop-culture) qui composent ce roman. Et ne vous fiez pas aux apparences, si tout semble a priori partir dans tous les sens, finalement les histoires d'Ismaël et d'Alba vont se croiser et finir par former une histoire cohérente, avec de « grands méchants capitalistes » suffisamment bêtes pour être crédibles. Bon plongeon, et gare aux éclats de rire !
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