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EAN : 9782226459312
Albin Michel (03/02/2021)
4.08/5   24 notes
Résumé :
Le 9 avril 2018, un escadron de gendarmes mobiles, une pelleteuse et un huissier de justice s’avancent sur la ferme des Cent Noms de Notre-Dame des Landes. Hazel, Dorian et leur petit garçon s’y sont installés huit mois auparavant, certains d’y avoir trouvé leur lieu de vie, une communauté de gens voulant bâtir le monde de demain, au plus près de la nature et loin d’une agitation urbaine mortifère.
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Le Grand Prix de l'Imaginaire remis comme tous les ans à l'occasion du Festival des Étonnants Voyageurs a primé cette année une jeune autrice, Marguerite Imbert, pour son deuxième roman : « Les flibustiers de la mer chimique ». Ayant été particulièrement séduite par cet ouvrage post-apo déjanté et plein de punch, j'ai récemment eu envie de découvrir le tout premier texte de l'autrice, un roman de littérature blanche paru en 2021 et consacré à la ZAD de Notre-Dame des Landes. L'action se déroule en 2018 et s'inspire d'événements qui ont effectivement eu lieu au printemps de cette même année, à savoir de nombreuses expulsions menées par les gendarmes, notamment celle de la ferme des Cent Noms. C'est dans ce contexte que l'on fait la connaissance de trois protagonistes. Deux d'entre eux, Hazel et Dorian, forment un couple qui a élu domicile sur la ZAD il y a plusieurs mois avec leur petit garçon afin de se soustraire à un mode de vie qu'ils jugent mortifères. le troisième, Bastien, est un très jeune gendarme, discret et solitaire, déployé sur place pour organiser les expulsions. Au fur et à mesure des chapitres, Marguerite Imbert retrace le parcours de ces trois personnages tous aussi attachants les uns que les autres. Avec Hazel et Dorian, l'autrice nous fait découvrir l'envers de la ZAD, loin des clichés véhiculés par les médias, mais sans pour autant chercher à en donner une image idyllique. Avec Bastien, c'est le monde de l'armée que l'on découvre, avec son cadre strict, voir même souvent violent, mais grâce auquel certains trouvent visiblement un certain apaisement. C'est le cas du personnage qui présente lui aussi l'institution sans tenter de cacher ses failles, tout en lui vouant une fidélité et une admiration sans bornes. Tous vont évidemment réagir de façon totalement différentes aux événements de Notre-Dame des Landes. Bien que dans un premier temps non hostile aux habitants de la ZAD, le jeune homme va souffrir de se voir lui et ses compagnons être traités aussi violemment. Dorian quant à lui se met à questionner la pertinence de leur choix de l'installer dans la ZAD et prend conscience des contradictions qui la traverse. Hazel, elle, brûle de colère et décide de se joindre à un groupe de black-bloc venus participer à la lutte et empêcher les expulsions.

L'autrice confronte ici deux mondes radicalement opposés de part leur fonctionnement et les valeurs qui les structurent. L'image qu'elle donne de la ZAD va à l'encontre des stéréotypes qui perdurent aujourd'hui encore dès lors qu'on mentionne Notre-Dame des Landes. On y découvre des habitants aux profils extrêmement variés, parfois se revendiquant d'une idéologie politique parfois non, et qui ont tous une expérience différente de la ZAD. Là, certains apprennent à bâtir eux-mêmes leur maison, d'autres se lancent dans les travaux agricoles, d'autres dans l'élevage. le troc y est monnaie courante, et les décisions sont prises en concertation avec l'ensemble des habitants, quand bien même beaucoup de partagent pas la même sensibilité. L'autrice n'hésite pas non plus à mettre en lumière les contradictions de l'endroit et la difficulté de faire durer cette utopie en éternelle construction. Loin de la représentation horrifiante qu'en font les médias ou idyllique qu'en ont certains militants, l'autrice dresse un portrait nuancé et complexe d'une expérience collective difficile mais ambitieuse et qui tend à se multiplier sur le territoire. La vision qu'elle donne de l'armée en général, et de la gendarmerie en particulier, est du même ordre. le personnage de Bastien ne passe pas sous silence les violences ou exactions dont il a pu être témoin, que ce soit au sein même de la caserne ou surtout en opération à l'étranger, mais on sent malgré tout l'amour qu'il porte à cette institution qui a su lui donner un cadre de vie salutaire et une rigueur qui lui manquait au quotidien. La confrontation de ces deux visions du monde est évidemment explosive, même si, là encore, l'autrice se garde bien des raccourcis faciles et tente d'exposer aussi bien la violence subie que celle exercée par les deux « camps ». La plume de Marguerite Imbert se révèle quant à elle déjà très assurée, capable de convoquer de belles images et de donner vie à des scènes d'une intensité dramatique bouleversante. On s'attache très vite à la plupart des personnages qui, eux aussi, finissent toujours par se révéler plus complexes qu'au premier abord, et c'est justement cette nuance de gris qui leur donne leur profondeur et leur humanité.

Avec « Qu'allons-nous faire des jours qui s'annoncent ? », Marguerite Imbert signe un premier roman remarquable qui revient sur les expulsions menées en 2018 par la gendarmerie sur la ZAD de Notre-Dame des Landes. Tout en nuance, le portrait qu'elle dresse de la ZAD comme de l'uniforme se révèle complexe et contrasté, ce qui lui permet d'évoquer le sujet éminemment politique du type d'organisation sociale que nous voulons avec beaucoup de recul et en évitant tous les clichés habituels. Inutile de vous dire que, compte tenu de l'enthousiasme soulevé par ses deux premier romans, je continuerai de suivre avec plaisir les prochaines publications de l'autrice.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Ce premier roman m'a happé. Je l'ai lu avec la même impatience qu'un polar. de quoi s'agit-il ? de l'évacuation de la ZAD de Notre Dame des Landes. Vous vous en souvenez ? Ce roman n'est ni un brûlot, ni une apologie complaisante, ni une analyse politique, c'est une histoire ; une histoire qui multiplie les points de vue pour tenter d'embrasser la complexité d'une réalité difficile à saisir. Car quoi, quelle connaissance peut bien avoir le citoyen lambda de la ZAD de Notre Dame des Landes, en dehors de ce qu'on en a dit à la télévision ou sur les réseaux (ce qui revient souvent au même, n'en déplaise à ceux qui pensent que la « vraie » information se trouve sur Facebook ou Utube) ? Que pouvons-nous savoir de la complexité sociale d'une ZAD, de la complexité humaine du gendarme qui participe à cette évacuation ? Je ne vais pas dire que Marguerite Imbert réconcilie les Zadistes et les gendarmes, non, mais son roman répond en quelque sorte à la définition De Stendhal dans le Rouge et le Noir : « Un roman est un miroir qui se promène sur une grande route. Tantôt il reflète à vos yeux l'azur des cieux, tantôt la fange des bourbiers de la route. Et l'homme qui porte le miroir dans sa hotte sera par vous accusé d'être immoral ! Son miroir montre la fange et vous accusez le miroir ! Accusez bien plutôt le grand chemin où est le bourbier, et plus encore l'inspecteur des routes qui laisse l'eau croupir et le bourbier se former. » Quel est le bourbier, ici ? Ni la Zad, ni la police, mais bien plutôt les dérives et les délires d'un monde de plus en plus inhumain, où l'on ne sait plus exactement de quoi est fait l'air que l'on respire, l'eau que l'on boit et la nourriture que l'on mange ; si bien que certains se sont tournés vers d'autres modes de vie où l'individu (ré)appartient à une communauté, où l'on essaie de se réapproprier ce que l'on n'aurait jamais dû concéder. « La zone à défendre n'était qu'un prétexte, un endroit parmi d'autres. La véritable zone à défendre se trouvait à l'intérieur d'eux, dans cette parcelle sauvage que la vie moderne corrompt jour après jour » pense Dorian, un des personnages, un citadin installé sur la Zad et qui s'interroge sur ses choix. Et Bastien le gendarme s'interroge aussi : « La recherche d'un souffre-douleur est l'un des premiers réflexes de l'humain. Tout être vivant éprouve le besoin de connaître sa place dans la hiérarchie du cosmos. Qui a le pouvoir de me détruire ? Qui puis-je détruire en retour ? Connais-toi toi-même, avait lu Bastien dans une bande dessinée historique au collège. Cette phrase l'avait marqué. Et elle avait trouvé tout son sens à l'armée. Se connaître soi-même revenait à identifier ses inférieurs. Pas besoin de situer ses maîtres, ils se débrouillent toujours pour que vous sachiez qu'ils existent. » Je crois que c'est ce que j'ai le plus aimé dans ce roman, en dehors de la fresque sociale, la capacité de Marguerite Imbert de laisser s'exprimer ses personnages sans intervenir. Elle montre, elle fait entendre, elle interroge, sans juger ni imposer de réponse. du reste, son roman s'achève par la question du titre : « Qu'allons-nous faire de ces jours qui s'annoncent ? »
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Un roman intelligent, juste et humain sur la Zad de Notre-Dame-des-Landes. Un livre choral où l'on suit plusieurs acteurs de cette aventure (choisie ou pas) : un gendarme mobile, chargé avec son bataillon de faire évacuer une ferme, un jeune couple de citadins installés depuis peu sur la zad avec leur petit garçon, une militante aguerrie mais pas blasée... L'auteure scrute tout ce monde avec précision et c'est souvent émouvant, parfois drôle, instructif aussi.
Malgré le sujet pas forcément léger, c'est une bouffée d'air frais dans notre univers désormais souvent envahi par le manichéisme et l'intolérance.
On finit ce roman avec l'envie de tout étreindre, tout comprendre. Éclairé.e et un peu triste aussi.
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Je ne pensais pas apprécier plus que ça cette lecture... et pourtant. Un premier livre coup de poing, très immersif.
Une fresque sociale très bien écrite.
J'ai été transporté d'un bond sur l'évacuation de la ZAD de Notre-Dame des Landes.
L'histoire relate différents points de vue avec une réalité saisissante.
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L'auteure de ce roman n'a que 26 ans. Ce n'est pas un critère, certes, mais c'est un indice. Celui d'une carrière qui commence sous les meilleurs auspices. Voilà qui promet!
Ce roman est une reconstitution de l'évacuation de la Zad de Notre-Dame des Landes, dont on croit tous savoir quelque chose parce qu'on a regardé la télé. Mais on ne connaît jamais que la superficie des choses. Ce roman ajoute une profondeur à cet épisode, en nous le faisant vivre au travers de personnages contrastés, du couple idéaliste qui voulait donner un meilleur environnement à son enfant aux Black blocs, en passant par le gendarme tourmenté. C'est prenant. On est immergé. Ce récit m'a fait réviser mon point de vue sur les ZAD. N'est-ce pas là une des fonctions essentielles de la littérature: changer le regard?

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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Rémi Grillon, âgé de soixante-douze ans, était un grabataire mégalomane et propriétaire de trente-six hectares de terrain au sud-est de la ZAD. Avant que la maladie de Parkinson n’amoindrisse sa faculté de raisonner, il était déjà pourvu d’un solide égo qui ne demandait qu’à devenir envahissant. Ces dispositions étaient pour ainsi dire en sommeil jusqu’en 1994, date à laquelle il avait reçu son avis d’expropriation. La somme déprimante de 1600 euros par hectare lui était échue, et il n’avait que quelques mois pour faire ses valises.
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Le seul ordre que l’armée ne sait pas suivre, c’est celui qui n’est pas clair.
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Videos de Marguerite Imbert (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marguerite Imbert
Marguerite Imbert vous présente son ouvrage "Les flibustiers de la mer chimique" aux éditions Albin Michel. Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2650499/marguerite-imbert-les-flibustiers-de-la-mer-chimique
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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