"Des choses qui nous étaient invisibles arrivent un beau jour ici-bas, en fonction de notre karma qui ressemble à la marée avec son flux et son reflux. J'ignorais ce principe, mais je connaissais depuis longtemps le vieil adage qui dit que les causes et les effets sont indissociables. Ceux qui vivent en respectant les règles seront récompensés dans ce monde, ceux qui n'en ont pas été capables renaîtront sous une autres forme et suivront un chemin semé d'embûches, avertissement qui sent plutôt la menace."
"La vie quotidienne était censée s'écouler dans un flux continu, mais en réalité, la lune visitait chaque région avec un décalage minime peut-être, mais bien réel".
En jetant un regard en arrière, j'ai pris conscience que les choses qui avaient eu un sens n'étaient plus que des enveloppes sans âme. Les chemins auxquels on était habitué, le petit restaurant de nouilles au sarrasin, le troquet qu'on aimait bien... Il ne restait plus rien".
"Je savais que je ne devais pas aborder certaines choses. Si ces choses devenaient des mots, une fracture se produirait".
"Les plantes étouffaient, serrées les unes contre les autres, dans cet espace qui ne mesurait pas plus de deux tatamis. Dès que j'en jetais une déjà fanée, une autre se desséchait. Cette minuscule terrasse où je déposais une nouvelle plante que j'allais acheter la semaine suivante dans la rue commerçante près de l'immeuble. Je passais mon temps à remettre quelque chose à la place de ce qui avait disparu. Laisser visible la perte me faisait peur.
Je n'achetais pas de nouvelles plantes par désir d'avoir de la fraîcheur verte. Moi qui n'avais ni mari ni enfant, je voulais avoir quelque chose dont je devais m'occuper, n'importe quoi faisait l'affaire, il me fallait prendre soin de quelque chose."
"Même des bribes de souvenirs, les morceaux d'un vase, d'une assiette ou d'un bol cassés sont imprégnés du temps, ils portent la marque des jours où ils étaient vivants, car utilisés".
"Les fossiles, les ruines, finissent ainsi par montrer leur visage, dans des endroits perdus".
"Ce ne sont pas seulement les gens qui deviennent nos amis".
Moi, je me penche sur la profondeur des ténèbres silencieuses où ni voiture ni âme ne passe, et mon oreille savoure l’ineffable plaisir d’être absorbée par la densité du silence.
Mon corps tout entier recevait la lumière du soleil couchant et je faisais un retour sur moi-même, mon passé me revenait en mémoire, je considérais mes décisions à cette lumière.