Encore maintenant, quand je marche en forêt, j’entends les voix de ces femmes, qui me disent : ”Ne crains rien, car c’est ici un endroit fait pour nous !”
Inutile de chercher plus loin, l’ordre de la nature est simple.
Sur les tatamis de la pièce japonaise, le reflet de l'encadrement de la fenêtre étire vivement son ombre.
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Les grosses bougies que l'on avait enfoncées dans les bambous coupés offraient à la nuit la lumière de leurs flammes vacillantes.
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Les bougies qui éclairaient les ténèbres fondaient, mon corps aussi vacillait comme les flammes.
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D'ailleurs, au fond, une cachette n'est-elle pas plus séduisante si elle est située dans un endroit surprenant ?"
Si les choses ont un commencement, elles doivent bien aussi avoir une fin, tu ne crois pas ? Dans la situation actuelle, il est impossible d'avancer. Alors, nous pourrions arrêter, non ? S'il te plaît, laisse-moi te quitter
A Tokyo, j'utilise un calendrier de douze mois, mais ici, j'en ai accroché un au mur qui met en valeur les vingt-quatre moments des saisons de l'année. Chaque mois est divisé en deux avec une couleur différente.
(...) Comparé au calendrier qui divise les douze mois en trente ou trente et un jours, celui qui répartit les périodes de l'année en vingt-quatre saisons donnait du relief à la monotone répétition quotidienne et me causait une légère excitation. Ces saisons qui arrivaient tous les quinze jours étaient comme des gares où on montait et descendait. Telle petite gare montrait soudain son visage quand on sentait le changement de l'air.
On compare parfois les bourreaux de travail à des abeilles butineuses, mais à la différence des êtres humains, elles travaillent sans relâche, avec pour seul repos deux mois d'hiver pendant lesquels elles n'ont pas besoin de beaucoup remuer, et il paraît qu'elles ne vivent que cinq mois environ. La reine a pour tâche de s'accoupler avec les mâles pour pondre en une journée deux milles oeufs, et quand elle a rempli sa mission, une autre reine lui succède. Les mâles donnent leur vie pour féconder la reine et les autres abeilles n'ont rien à voir avec la copulation et elles ne font que s'épuiser au travail, à la recherche des fleurs à butiner. Puis elles meurent avec discrétion, sans laisser de regrets.
"Quelle détermination ! Consacrer sa vie à l'accomplissement de sa mission !" Je ne cachais pas mon étonnement.
Féconder, pondre, travailler, leur brève existence se résumait à cela. On ne pouvait pas trouver plus simple ni aussi sobre. Nous autres êtres humains ne saurions imaginer une telle vie, prisonniers que nous sommes de nos désirs, de notre soif d'aimer, de nos passions.
- Quand on traverse une forêt de bambous, on perd l'envie de dormir. Si ça se trouve, les bambous absorbent les toxines qui se trouvent dans le corps.
- Les bambous absorberaient les toxines ? Comment ça ?
J'avais posé la question d'un ton légèrement moqueur. Kurata s'est contenté de hocher la tête en disant : "Sans doute à cause de tige qui est creuse, parfaitement vide à l'intérieur. Vous n'avez pas l'impression que c'est comme l'univers ? En plus, les pousses de bambou, ça grandit de plusieurs centimètres par jour. Cette énergie, eh bien elle doit nous pénétrer, sûrement. Quand je traverse une bambouseraie, j'ai l'impression, comment dire, que je ne mourrai jamais. J'ai soixante-dix ans, mais je crois bien que j'ai encore trente ans devant moi !".