Sigurdur Oli pensait souvent à cette soirée. Ce qu'il avait vu d'Erlendur ne risquait pas de lui inculquer un sens aigu de la déontologie.
- Il ne supportait plus le fonctionnement de cet hôpital, répondit Andrea en regardant ses collègues.
- Personne ne nous a rien dit, reprit Gudbjörn. Ce n'était pas la première fois que Johann allait se plaindre auprès de la direction, il est allé donner un dernier coup de gueule, puis il est parti. Je suppose qu'il en a eu marre de toutes ces conneries. Le suivi médical est réduit au minimum, il n'y a pas assez d'infirmiers et l'hôpital a du mal à garder son personnel. La solution adoptée est de bourrer les patients de médicaments pour les assommer. C'est tout le traitement dont ils bénéficient. C'était nettement mieux avant, à l'époque où on ne parlait pas de réductions budgétaires. Johann était outré par ces économies. La manière dont on traite les patients l'atteignait plus que nous. On ne garde ici que les cas les plus lourds, les autres ont été renvoyés chez eux où ils posent évidemment de gros problèmes.
- C'est possible de diriger un hôpital psychiatrique de cette manière ? s'offusqua Palmi.
- Ici, tout est possible, résuma Elli.
Elle avait brièvement fréquenté un grossiste qui ne se séparait jamais de son téléphone portable, y compris quand ils couchaient ensemble. Elle avait donc fini par l’appeler pour mettre fin à leur relation.
(Métailié, p. 28)
Il n'en n'avait pas fallu davantage pour qu'il prétende que cette comète, c'était lui-même en train de tomber du paradis. Il en avait été chassé et devait faire pénitence s'il voulait y être à nouveau admis. Les pires souffrances psychologiques qu'il endura les années suivantes étaient liées à cette étrange idée de paradis perdu.
- C'est de danni qu'on vient de parler aux informations ? s'alarma-t-elle.
- Oui, répondit Palmi en refermant la porte.
- Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Je ne le sais pas encore exactement. il a complètement déraillé ce midi pour une raison que j'ignore et a mis l'hôpital sens dessus dessous, puis il s'est jeté par l'une des fenêtres du dernier étage. il est mort sur le coup.
- Pauvre Danni.
P; 32
Les traitements dénaturent le caractère des malades …. le Danny que j’ai fréquenté pendant toutes ces années était en réalité une création chimique, un individu castré par l’industrie pharmaceutique. Je crains de n’avoir jamais connu sa personnalité … c’est affreusement douloureux …
La grosse jeep taillée pour affronter la neige dut faire un écart pour éviter la voiture d’Erlendur qui, levant les yeux derrière les flocons, aperçut le chauffeur en chemise bleue de vigile.
Il n'avait pas de télévision, cela risquait d'empiéter sur le temps qu'il consacrait aux livres, ... ( p 50 )
Palmi avait commencé à collectionner les livres dès le lycée. Comme sa mère, il avait toujours été plongé dans la lecture et il lisait tout ce qu'il trouvait, mais c'est à l'adolescence que la littérature était devenue sa seule véritable passion, ce qu'elle était encore aujourd'hui.
- Ce n'est pas uniquement une question de regrets ou de remords, mais plutôt l'impression de ne pas éprouver de sentiments et d'être apathique. Un je ne sais quoi qui fait que le monde et les autres m'indiffèrent.