Halldor : Qu'est-ce qui fait qu'un homme devient riche et un autre pauvre? Pourquoi tel enfant est-il emporté par une maladie et tel autre non? Pourquoi te fais-tu renverser par une voiture plutôt que l'homme qui se trouve juste à côté de toi? Pourquoi est-ce toi qui tombe par-dessus bord et pas ton voisin de couchette? Maudite malchance. J'y pense tous les jours. A ce hasard.
J’ai une sœur de cinq ans mon aînée, je n’ai pratiquement aucun contact avec elle. On se voit seulement aux grandes fêtes de familles. C’est la vie. Doit-on passer son temps à se lamenter et à regretter ce qu’on n’a pas eu ou ne peut plus avoir, ou bien vaut-il mieux aller de l’avant ? Si je devais regretter tout ce que j’ai fait ou ce que je n’ai pas fait dans ma vie, je deviendrais folle.
– Ce n’est pas uniquement une question de regrets ou de remords, mais plutôt l’impression de ne pas éprouver de sentiments et d’être apathique. Un je ne sais quoi qui fait que le monde et les autres m’indiffèrent.
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Et c'est très visible dans mes transactions avec Daniel. D'ailleurs, tu vois, j'utilise le mot « transactions » en parlant de mon frère. J'ai fait la même chose avec lui. J'ai emprunté le chemin le plus simple. Je n'ai rien fait ! J'ai essayé d'oublier qu'il existait. J'ai refusé de me confronter à lui, à sa maladie et à ce qu'il m'avait fait subir pendant mon enfance. Je l'ai exclu de ma vie. C'etait plus facile que l'affronter, m'occuper vraiment de lui et me comporter en homme plutôt que comme un pauvre type. Jamais je n'ai retrousser mes manches.
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- Mais ils le harcelait.
- En effet. Le point culminant a été le moment où ils lui ont craché à la figure dans la cour de l'école. Il doit y avoir un an. On parle rarement du harcèlement subi par les enseignants. On se focalise plus sur celui que subissent certains élèves, ce qui est une expérience terrifiante. Mais il arrive aussi que des enseignants y soient confronté.
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- Il a frappé ta fille et donc, tu peux le tuer ? C'est vraiment un comportement primitif.
- Primitif ! Tu comptes appliquer sur moi ce qu'on t'a enseigné à la fac ? Mon petit, ne monte pas sur tes grands chevaux. Tu ferais exactement la même chose que moi. J'ai donné une petite leçon à ce résidu, voilà tout. Il et violent, c'est un dealer et un violeur. Il devrait être en prison, mais personne n'a déposé plainte contre lui et ce genre d'individu n'est jugé que lorsqu'il a commis des infractions a répétition. Même dans ce cas, il écope d'une condamnation avec sursis, passe quelques mois à l'ombre puis retrouve sa liberté et recomme comme si de rien n'était.
- Et tu crois que ce que tu viens de faire va l'arrêter ?
- J'ignore ce qui peut arrêter ce genre de raclure. Je n'en ai aucun idée.
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- La vérité ? s'était écrié Erlendur, laissant éclater la colère qui bouillonnait en lui depuis un moment. C'est quoi, ces histoires de vérité ? Tu veux que je te la montre la vérité ? Elle est chez moi, couverte des bleus laissés par ce sale type ! Alors, ne vient pas me parler de vérité !
Si tu l'as trouvée pendant tes études en Amérique, grand bien te fasse, et toutes mes félicitations !
Par exemple, il avait lu dans un journal un article mentionnant des phénomènes étranges apparus dans le ciel, sans doute une comète qui s'était desintregrée dans un ballet d'éclairs en entrant dans l'atmosphère. Il n'en avait pas fallu davantage pour qu'il prétende que cette comète, c'était lui- même en train de tomber du paradis. Il en avait été chassé et devait faire pénitence s'il voulait y être à nouveau admis. Les pires souffrance psychologique qu'il endura les année suivantes étaient liées à cette étrange idée de paradis perdu.
J'ai remis mon ancienne chambre en état, reprit Palmi. Je vous en avais parlé. J'ai refait la peinture et rouvert cette porte si longtemps fermée.
Sous le lit, il trouva la photo de classe. C'était la première fois qu'il la voyait. Elle avait dû arriver là quand Daniel avait tout retourné dans la chambre. Jaunie, les coins usés et sans cadre, elle portait la trace d'une pliure sur toute la longueur. Mais elle était très nette.
Ecoutez le silence, c'était sa phrase préférée. Il la prononçait souvent. Ecoutez le silence, alors on tendait l'oreille comme des idiots sans rien entendre.
Palmi n’était nulle part aussi à l’aise que dans une bibliothèque. L’ancienne Maison de la culture devenue ensuite Bibliothèque nationale était un lieu cher à son cœur. Il pouvait y passer des jours et des jours à feuilleter les livres et les journaux sans autre but précis que d’étancher sa curiosité et sa soif de connaissances.