Le dessin est en noir et blanc, travaillé au pinceau, brut et sombre, il renforce l'ambiance inquiétante de l'histoire. Ça se passe aux Etats-Unis, dans l'après-guerre, années 50 sans doute, mais ce n'est que suggéré. C'est une histoire d'enfance abandonnée, d'enfant livrés à eux même à cause de mauvais parents, alcooliques, drogués, violents et même pire, et aussi une histoire de serial killer. L'ambiance et le ton sont très soignés, lourds et pesants, les caractères des personnages sont aussi élaborés avec beaucoup de finesse. C'est une histoire prenante et bien construite, le drame est vécu à travers le regard des ados, et cet aspect est particulièrement bien réussi. Par contre, l'aspect sombre et glauque est vraiment trop forcé, c'est gore et violent, et dérangeant parce que cela reste en même temps très réaliste. Il n'avait pas besoin d'aller aussi loin dans l'horreur, dans la surenchère, pour en faire un roman graphique remarquable. Cette lecture m'a mis mal à l'aise, je sais qu'il y a des amateurs, mais c'est trop sordide pour moi.
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Dans le marigot d'un village paumé de l'état du Colorado, se débat la fange des laisser pour compte américains : hobos marginaux, drogués ou alcooliques. Ancienne ville minière endormie, la petite ville semble écrasée par les montagnes la ceinturant. Un petit groupe d'adolescents déjà cabossés, en rupture sociale, fuyant leur famille respective, occupent leur oisiveté en pratiquant le skate, accessoirement l'école buissonnière.
Tout bascule lorsque l'un d'eux disparait. Il est, par la suite, découvert partiellement dévoré ce qui donne l'occasion à l'auteur de nous remémorer le sinistre personnage anthropophage d'Alfred Packer. A défaut d'enquête publique, celle des adolescents commence.
Une playlist grunge accompagne chaque chapitre d'une chanson suggérée. Des paysages urbains et des friches industrielles déglingués, des personnages qui le sont tout autant, sont enveloppés d'une noirceur charbonneuse qui s'immisce dans les moindres recoins et constituent un contexte répulsif.
La gare ferroviaire de triage, les voies de chemin de fer et le va et vient des trains constituent la trame de fond du récit alors que les conséquences psychiques de la guerre du Vietnam sur ses vétérans sont ponctuellement rappelées.
Certains visages empruntent leur structure anguleuse au manga alors que l'ultra violence ponctuellement mise en scène décrédibilise celle-ci en vertu de l'expression : « tout ce qui est excessif est insignifiant ».
Une lecture immersive pour amateur de sombre ambiance.
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