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4,2

sur 1533 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une très belle surprise pour une première découverte de cet auteur, nobelisé en 2017.
Une écriture subtile, délicate, parfaite pour traduire les réflexions de Mr Stevens, majordome d'un riche américain, mais surtout pendant trente ans d'une grande famille noble anglaise dont Lord Darlington joue de ses relations pour accueillir dans son domaine les grands de ce monde afin de régler les tensions diplomatiques.
Par petite touche au travers des pensées et souvenirs du majordome, Kazuo Ishiguro aborde le passé peu souvent évoqué de l'histoire anglaise et des sympathies d'une grande majorité de la noblesse anglaise pour le régime nazi durant les années 30, ou bien les relations franco-britannique à l'issue de la première guerre mondiale et les renégociations du traité de Versailles.
En parallèle, il y a la très belle réflexion sur ce monde en cours de disparition des Lords, des domaines, des cohortes de personnel à leur service.
Et puis il y a ce majordome si attachant et si troublant, pris dans ses certitudes et ses convictions.
Le voyage de Mr Stevens au travers de la campagne anglaise est comme un pélerinage intérieur lui faisant prendre conscience de ce monde perdu dont il ne reste plus que quelques traces ...des vestiges du jour.
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Étonnant roman écrit par un Japonais installé en Angleterre, naturalisé, s'exprimant en anglais et Prix Nobel 2017. L'esprit de ce livre, son écriture semblent avoir complètement adopté la marque du pays d'adoption, créant un objet finalement so british !
Imaginez un majordome anglais au service d'une grande maison aristocratique, Darlington Hall, qui prend la plume pour parler de ce qui est davantage une vocation qu'un métier. Mr Stevens écrit avec une distinction sans égale, son style est classique, strict, sobre, à l'image de sa personne, raide, empesée, austère, comme doit l'être un majordome d'une demeure de la noblesse anglaise. Miss Kenton est l'intendante de Darlington Hall, sous ses ordres, mais sachant user vis-à-vis de Stevens de réparties tout à fait appropriées. En réalité, il faut lire entre les lignes et il apparaît que ces deux-là ont des sentiments forts l'un pour l'autre. Mais rien ne se dit, pudeur et obligations obligent. Stevens en particulier fuit, happé par le travail, mais sa frustration ne semble pas l'atteindre. Les mots désir, amour ne sont jamais prononcés. Ce n'est que dans les dernières pages que Miss Kenton évoque ce qu'aurait pu être sa vie avec le majordome. Lequel ne reprend pas le fantasme à son compte, mais semble s'en délecter.
La fidélité du majordome, sa dévotion à sa fonction et à son employeur, Lord Darlington, sont totales. Nous sommes dans les années 1950, dans une province anglaise, mais les souvenirs égrenés par Mr Stevens avec une certaine nostalgie remontent essentiellement aux années 1920-1930. Lord Darlington est un dignitaire du royaume qui reçoit des personnages haut placés et qui milite pour un rapprochement entre l'Angleterre et l'Allemagne. Ainsi von Ribbentrop, conseiller d'Hitler en diplomatie, a ses entrées au domaine. En effet, Lord DDarlington considère que le Traité de Versailles a injustement étranglé la nation vaincue, sur les plans économique et financier.
Au cours de nombreuses pages, le majordome spécule sur le métier, son exécution parfaite, les dogmes qui le fondent, les détails qui lui donnent sa noblesse. Il agrémente sa réflexion de nombreuses anecdotes. Se réclamant de la vieille école, il se pose des questions comme celle de la “dignité“ qui définit le grand majordome et imprègne la fonction des vrais professionnels. Quand Lord Darlington vient à mourir, le domaine est racheté par un riche américain, Mr Faraday, beaucoup moins aristocrate, beaucoup plus léger, avec un goût pour le badinage qui surprend, voire choque notre majordome.
Le “badinage“ revient à la fin du roman, réhabilité par Stevens, qui se rend compte que sa vie personnelle lui a été volée, qu'elle aurait pu prendre un autre cours, s'il avait oser s'avouer ses sentiments pour Miss Kenton. Il met en balance le “badinage“ et la “dignité“, se rendant compte avec une certaine naïveté de ce que le premier a d'intérêt, notamment pour entretenir des relations sociales.
Ce roman, écrit de façon continue avec beaucoup de grâce, distille au long des pages de délicieuses et savoureuses émanations.
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J'avais adoré le film, le livre est vraiment à la hauteur.
Magnifique de subtilité et de délicatesse.
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Tout en voyageant dans la campagne anglaise pour aller visiter Miss Kenton, une ancienne intendante de Darlington Hall, un majordome s'interroge sur ce qui fait la grandeur d'un majordome. Et, pour s'approcher de la réponse, il évoque des situations particulières comme autant d'anecdotes imbriquées dans le récit. Ce faisant, c'est en même temps à une réflexion sur le monde qu'il nous convie. Mais il y a, au bout du compte, quelque chose de pathétique dans cet homme tout dévoué à son travail... et si aveugle par moments.

Il y a des longueurs, mais ce sont de belles longueurs ! le roman est construit selon les jours qui s'écoulent et qui le séparent de sa rencontre avec Miss Kenton. Tout se passe comme si la route faisait remonter un flot de souvenirs dans la tête de Stevens et alimentait sa réflexion parfois un peu désordonnée parce qu'en mouvement comme lui-même. J'ai aimé le style sobre de l'auteur et ses descriptions précises des lieux et des gestes.
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Après avoir dévoré il y a des années Auprès de moi toujours, je voulais lire d'autres livres de cet auteur, son récent prix Nobel m'a rappelé ce désir et j'ai enfin déniché cette pépite.
Je connaissais déjà la très bonne réputation de ce roman et je n'ai pas été déçue.
Nous avons très vite l'impression de lire un classique de la littérature anglaise, aux accents intemporels et au style si particulier. Nous plongeons dans l'univers des butlers anglais du 20ème siècle, les fans de dontown abbey apprécieront cet univers si traditionnel qui se heurte à l'arrivée de la modernité. le narrateur profite d'un voyage pour nous parler de son quotidien, de son métier, de son passé.. Aux scènes du quotidien se mêlent des réflexions sociologiques et philosophiques.
La psychologie des personnages est d'une très grande finesse, l'auteur dresse avec beaucoup de subtilité et de délicatesse le portrait de ce majordome. Au fil du texte nous lisons entre les lignes et découvrons de nombreuses intrigues et problématiques qui viennent enrichir l'histoire, comme la relation entre Mr Spencer et Miss Kenton, la relation entre le narrateur et son père, la nostalgie des temps anciens... C'est une magnifique réflexion sur le temps qui passe, le destin, le goût du travail bien fait...
L'écriture est savoureuse, c'est une gourmandise pour les adeptes des beaux textes, cependant ce style pourrait en décourager plus d'un, il y a en effet certaines longueurs.
Un très beau roman digne des grands classiques de la littérature Britannique, à lire au moins une fois dans sa vie.
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une lecture qui devient vite un vrai plaisir , fait de découvertes, de sentiments qu'on dévoile peu à peu ...dans un monde si particulier que celui des majordomes britanniques dans cette première moitié du vingtième siècle....tout dévoués qu'ils étaient à leurs "seigneuries" jusqu' à occulter leurs sentiments, leurs convictions, tout simplement leurs propres vies.
découverte aussi pour moi de Ishiguro que je relirai avec plaisir sans nul doute...
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J'ai beaucoup aimé ce roman où la langue est ciselée et aussi digne que le vieux majordome. On plonge dans un monde et une manière de l'appréhender totalement étrangère à notre société.
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Mr Stevens fait le point et se souvient de sa carrière de majordome au service de Lord Darlington. Il se souvient également de Miss Kenton, l'ancienne gouvernante qui lui manque et pour laquelle bien qu'il refuse de le comprendre, il a éprouvé des sentiments et peut-être en éprouve-t-il encore alors qu'il traverse la campagne anglaise pour aller lui rendre visite.
Un roman plein de charme qui met aussi l'accent sur une Angleterre qui change définitivement après la Seconde Guerre Mondiale.
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Une très belle lecture, empreinte de beaux sentiments, de dignité , de sang-froid, d'humour, une jolie plume. Mon plaisir de lecture a été légèrement gâché par le fait que j'avais vu le film auparavant et n'étais plus dans la découverte. Un très bon moment néanmoins, à recommander aux amateurs de littérature anglaise.
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Considéré par nos voisins britanniques comme l'un des must de leur patrimoine littéraire, j'avais depuis longtemps le projet de découvrir "Les vestiges du jour" autrement que par la superbe adaptation cinématographique de James Ivory (l'un de mes réalisateurs favoris) avec Emma Thompson (l'une de mes actrices favorites) en tête d'affiche.

C'est désormais chose faite.
A travers le "périple" en automobile dans la campagne anglaise de Mr. Stevens, le majordome plein de dignité de Darlington Hall - l'une de ces demeures aristocratiques anglaises qui n'ont plus de secret pour le grand public depuis la série Downton Abbey -, le lecteur est invité à pénétrer les souvenirs du vieil homme et à entrer ainsi dans la coulisse où s'activaient sans relâche les dizaines de domestiques nécessaires à l'entretien et à l'activité d'une telle maisonnée.

Des poignantes réminiscences tout en nostalgie et en servile fidélité de Mr. Stevens surgissent les enjeux non seulement sociaux mais aussi politiques d'une telle agitation, ou plutôt d'un tel ordonnancement. Si l'Europe continentale a jamais été réputée pour la rigueur de ses étiquettes protocolaires, les traditions anglaises en la matière, soigneusement répercutées dans chaque demeure de gentleman-farmer, squire, baronnet ou lord de l'Empire britannique, n'avaient rien à leur envier.

Par le prisme de Mr. Stevens, c'est toute la mentalité anglaise qui se dévoile pour ainsi dire : le fameux sang-froid (ou "dignité"), le sens de l'honneur (sauce "Shakespeare"), l'humour (à servir froid) et les préjugés (pour assaisonner). Au-delà de ce décor d'office et de cuisine, c'est également le portrait touchant d'un homme qui passe innocemment à côté de sa vie d'homme ; une existence consacrée à son "maître" et qui éclipse d'elle-même les émotions annexes telles que la séduction, la tendresse et l'épanouissement personnel.

Malgré quelques longueurs - notamment sur les considérations de Mr. Stevens quant à son niveau de "dignité" -, on se prend très aisément au jeu et on goûte le style collet-monté, le contexte de l'entre-deux-guerres et l'imagerie marquante de cette horde de subalternes affairée de l'aube au coucher du soleil, telle une ruche en perpétuelle révolution.

Une belle lecture qui, je le pense, me marquera durablement.


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