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Critique de lulu8723


Antonio Gonzales ITURBE. La bibliothécaire d'Auschwitz.

Les larmes aux yeux, je referme ce roman biographique, narrant la vie dans un des camps de la mort, mis en place par le régime nazi quasiment dans toute l'Europe. Nous découvrons avec stupeur l'organisation, le fonctionnement, les victimes de cet univers carcéral bien rodé. Edita dite Dita Adlerova, une jeune adolescente tchèque, née en 1929, avec ses père et mère est déportée de la capitale et transplantée dans le ghetto de Terezin. Fin 1943, Elle est conduite au camp d'Auschwitz- Birkenau. Non séparée de sa mère, elle est affectée au block BIIb. Dans cette sous-unité, les enfants, environ 500, bénéficient d'un régime spécial. Les règles diffèrent un peu de celles de l'immense camp dont dépend cette structure. Freddy Hirsch, jeune juif allemand, érudit, est responsable de ce block : il a crée une école clandestine. Les enfants suivent des cours dispensés par des instituteurs, des professeurs, des lettrés, jouent dans la cour à la marelle, entonnent « Alouette, gentille alouette » et participent à des petits spectacles tel la mise en scène de « Blanche-Neige ». Tous les dirigeants du camp dont le docteur MENGELE. assistent à ces après midi récréatives.

Chaque prisonnier doit cependant accomplir des tâches : vider les latrines, empierrer les rues du camp, porter les maigres repas, distribuer la nourriture, etc.. Dita a gagné la confiance de Freddy et celui-ci lui confie la garde des huit précieux livres de la bibliothèque. Il faut les conserver précieusement, les faire circuler et surtout les soustraire aux regards inquisiteurs des kapos. C'est avec une volonté de fer, un savoir-faire exceptionnel que Dita va exécuter cette lourde et dangereuse tache. Chaque jour, munie de ses sésames, elle distribue : l,atlas, un ouvrage de géométrie élémentaire, un livre de grammaire russe écrit en caractères cyrilliques, « Une brève histoire du monde » de H.G. WELLS, « Introduction à la psychanalyse » de FREUD, un roman français «Le comte de Monte-Cristo » d'Alexandre DUMAS, un roman russe, dépourvu de sa couverture et «  le brave soldat Chveik » du romancier Jaroslav HASEK. Ces livres constituent une lueur d'espoir pour tous ces enfants enfermés dans cet univers concentrationnaire. Dita les scrute au quotidien les répare, recolle les dos des couvertures, défroisse scrupuleusement les pages cornées. Ce sont ses trésors : aujourd'hui, nous les comparerions à ses « doudous ». Il lui faut faire preuve d'un immense courage. Si elle est interceptée, portant ces livres, strictement interdits dans tout le camp, elle sera directement conduite et passera comme tant d'autres par l'immense cheminée qui brûle jour et nuit et répand des cendres humaines…

Antonio Gonzales ITURBE a rencontré Dita KRAUS, née Edita Polochova ; la véritable bibliothécaire d'Auschwitz. J'ai consulté internet : apparemment, elle est encore parmi nous. C'est une dame très âgée et qui a pu se reconstruire, a épousé Otto KRAUS, un compagnon de galère, lui aussi un survivant du génocide, a fondé une famille, s'est installée sur la terre d'Israël. Je suis subjuguée par la personnalité de cette jeune fille, par sa force de caractère, par sa volonté. Il n'y avait pas de résistance organisée au sein de ces camps, me direz-vous ? Si bien sûr… Mais que peuvent bien faire une poignée d'hommes, de femmes, complètement désarmés face à leurs bourreaux, pointant leurs fusils, leurs revolvers sur ces êtres misérables, complètement dénutris. Suite à l'évasion de deux prisonniers, qui en avril 1944 ont témoigné des sévices subis, nul n'a entendu ou voulu entendre ces accusations. Il nous a fallu attendre la libéralisation des divers camps, faite dès janvier 1945 par les armées alliées, russes, américaines, les anglaises, etc... , au fur et à mesure de leurs progressions. Combien de victimes de toutes ces exactions…. Et aujourd'hui, mon coeur pleure encore. Des femmes, des enfants, des hommes sont encore victimes de tels sévices. L'homme est un loup pour l‘homme. Quand sera-t-il en mesure de tirer des leçons du passé !

Je félicite Antonio pour ce puissant témoignage. Une page peu connue de l'histoire. Je me revois encore en activité, accompagnant une ancienne déportée lors de ses interventions auprès des scolaires, qui, comme Dita a vécu cet enfer : arrêtée à 18 ans, elle a vécu 17 mois dans le camp de Ravensbrück. Ces femmes, ces hommes et ces enfants se sont reconstruits tant bien que mal, ne dévoilant leur parcours que des années après leur miraculeux retour. Je vous conseille la lecture de ce récit, que ce soit sous la forme de BD ou l'original. Je vous souhaite une bonne lecture malgré le thème de ce livre. de l'amour, de la fraternité, de l'humilité et beaucoup d'espoir s'affrontent. Je me permets, l'actualité est présente de vous souhaiter de belles fêtes de fin d'année et une très bonne année 2024.
( 19/12/2023).

Lien : https://lucette.dutour@orang..
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