Et maintenant je vais mourir parce que ma mère voulait une meilleure vie pour moi et mes enfants. Pourquoi les parents ne peuvent ils donc pas laisser leurs enfants choisir leur propre vie ?
Pour la dernière nuit,ils se sont couchés sur les paillasses bondées,formant un seul animal avec de multiples membres un mille -pattes ou une divinité indienne.
Ce soir-là,Alex Ehren a montré à Pavel Hoch et Fabien les deux dernières pages qu'il venait d'écrire .
Ensemble ,ils ont enveloppé le manuscrit dans du papier goudron et un morceau de toile cirée,puis l'ont déposé dans le trou qu'ils avaient creusé sous leur châlit.Le trou a été caché avec une planche puis la planche recouverte d'une boue qui,une fois sèche, deviendrait dure comme de la pierre.( Page 359).
Auschwitz-Birkenau
L'idée d'une insurrection s'est imposée d'elle -même aux yeux d'Alex Ehren.Aussi naturellement qu'une bulle d'air remontant inexorablement à la surface de l'eau,qu'un insecte volant émergeant de sa chrysalide.(Page25).
La première représentation, dont l'histoire avait été écrite par Alex Ehren, à eu lieu un lundi.La pièce était en tchèque mais le diable s'exprimait en allemand et faisait claquer ses talons comme un militaire.Himmelblau n'était pas d'accord avec ce choix de langues.
--Les langues ne sont pas responsables de tout ça, voyons .Kant,Heine,Thomas Mann et même Albert Einstein écrivaient en allemand. Pourquoi le diable doit-il parler en allemand?
--La route qui mène aux enfers est pavée de mots allemands,à fait remarquer Fabian en souriant largement. ( Page 180).
Ainsi,tout le monde avait un rêve à soi.Les conditions de vie étaient déplorables ,la mort omniprésente. Les détenus devaient affronter le froid,la faim,l'odeur continuelle de décomposition, les ulcères à répétition sur les plaies et la fumée douce - amère des suppliciés qui s'infiltrait partout. C'était une vie à la limite de l'existence, privée de lumière ,plongée dans les ténèbres. Dans ces vies sans valeur,le moindre petit événement trivial prenait des allures d'obstacle infranchissable. ( Page 188).
Avec le temps, ce bouclier de glace autour de mon coeur a en partie fondu, mais il n'a pas entièrement disparu. Je sais quand il faut rire, quand il faut pleurer, mais mes larmes et mes rires ne sont qu'une façade. Car je suis devenu un être incapable de véritablement aimer, hair ou ressentir.
Il y a les bons morts et les mauvais morts. Certains meurent pour une raison bien précise. Certains arbres meurent mais de leur tronc renaît toute une forêt. Les animaux meurent pour nourrir d'autres êtres vivants, de la vermine, des bactéries. Les personnes âgées meurent pour laisser la place à leurs enfants.
Mais nous, nous sommes les mauvais morts, parce qu'on mure pour rien. Pas même une illusion, comme une mort à la gloire de Dieu par exemple. Et pas pour un roi, ni pour une patrie, ni pour une idée.
Oui c'est vrai.. Certaines femmes utilisent leurs enfants pour porter des messages. On ne peut pas traverser une rivière sans se mouiller. C'est comme ça. Le bien et le mal, c'est relatif tout ça. Ce qui compte, c'est de rester en vie, parce que quand on est mort, plus rien n'a d'importance.
Cependant,il était impossible de contenir les enfants,de les enfermer constamment ,et lorsqu'ils entendaient le bruit méttalique d'un train sur le quai ,ils se précipitaient dehors et ne pouvaient s'empêcher de regarder cette machine infernale les gens qui en sortaient , puis le tri des bagages.Et s'ils tenaient tant à assister à ce spectacle,c'était aussi à cause de la musique,parce qu'au milieu du chaos ,des hurlements et des aboiements des chiens,l'orchestre jouait,et continuait à jouer jusqu'à ce que le quai fût entièrement désert, prêt pour l'arrivée du convoi suivant.Les gamins restaient cloués devant la clôture à regarder les trains arriver les uns après les autres .Ils étaient indifférents à la misère humaine.Ils ne posaient plus de questions depuis longtemps.
IL N'Y A PLUS RIEN À DIRE songeait Alex Ehren, PARCE QU'ILS SAVENT LA VÉRITÉ.
Les juifs hongrois étaient emmenés et dès l'après-midi ,les cheminées commençaient à cracher une fumée noire dense lourde qui,en soirée,donnait une teinte rougeâtre au ciel.Les fours ne pouvant acceuillir tous les cadavres les Sonderkommandos creusaient des tranchées, arrosaient les corps de kérosène et y mettaient le feu.( Page 241/ 242).
C'est partout pareil : il n'y a que l'argent qui compte. Les imbéciles crèvent de faim et les plus malins parviennent à survivre.