Les enquêtes de l'inspecteur Higgins, tome 26 : Brexit oblige

« Abondance de biens ne nuit pas », prétendait le proverbe ; encore fallait-il les trier et ne pas se laisser écraser sous la masse.

Certains meurtriers aiment faire parler d’eux-mêmes et revendiquer leurs sinistres exploits. Je vous préviens : cette Kényane est plus farouche qu’une panthère et déteste la police ! Même si nous avions la preuve formelle de sa culpabilité, elle ameuterait les médias du monde entier, qui l’innocenteraient et nous traîneraient dans la boue.

— C’est délicat, infiniment délicat…
— La délicatesse n’est-elle pas une spécialité des hauts dignitaires européens qui se reconvertissent dans le privé ?

Si le chien et le chat avaient leurs entrées dans ce territoire réservé, Higgins, lui, devait montrer patte blanche et obtenir une autorisation avant d’en franchir le seuil.

« Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse. »
 
Sagesse populaire

Les alibis en apparence les plus solides sont parfois mensongers, mais encore faut-il le prouver.

Ce n’est vraiment pas le moment de voir surgir un séisme qui détériorerait ses relations avec l’Europe. Satisfaire le souhait de cette femme ne vous prendra qu’un minimum de temps, elle signera ses aveux, et l’affaire sera réglée, dans l’intérêt général.

Saboter les projets stupides des technocrates ne nous posait aucun problème. Maintenant, ils veulent nous détruire. Devant un tel rouleau compresseur, nous ne ferons pas le poids. Renouer des liens sans que les partisans du Brexit en soient informés sera particulièrement difficile, mais nous disposons de réseaux compétents. Encore faut-il éviter des troubles qui mécontenteraient l’Europe.

L’Angleterre traverse une sombre période, estima Smith ; avoir voté « leave » fut une erreur tragique, et le Brexit nous entraîne vers l’abîme. Le peuple a compris, mais trop tard, que les promesses des indépendantistes étaient irréalisables. Quelle qu’elle soit, l’Europe est notre seul avenir, et nous la rejoindrons à nouveau tôt ou tard, contraints et forcés, en baissant la tête. Une crise économique et une humiliation : voilà tout ce que nous aurons gagné. Heureusement, des esprits éclairés travaillent à amortir le choc.