Je comprends enfin que,pour sortir de l'enfance,il ne s'agit plus d'être le plus fort;il s'agit de savoir rencontrer.
p. 108: "Je comprends enfin que, pour sortir de l'enfance, il ne s'agit plus d'être le plus fort; il s'agit de savoir rencontrer."
"Je me réfugiais dans les livres et dans le cocon de la bibliothèque municipale où je butinais à loisir. L'odeur des livres et d'encaustique m'est encore familière, comme la chaleur de la salle de lecture, l'obscurité qui tombe dans les après-midi d'hiver, c'est mon bonheur de lecteur, ma vie cachée. A l'abri."
Pour la première fois, je défile, derrière une banderole, au coeur d'une manifestation dans les rues de Paris.
Cette réaction collective peut sembler dérisoire face à la répulsion qu'inspirent les actions terroristes. Elle n'en est pas moins nécessaire.
Théodore Monod me l'a rappelé un jour où nous étions assis au milieu d'un boulevard pour défendre les droits de l'homme. Je lui demande naïvement : "Croyez-vous que cette action soit efficace ? -- Je n'en sais rien, mais je sais que je n'ai pas le droit de ne pas y participer."
Quelle belle école de l'hypocrisie et du mensonge que l'éducation religieuse !
p. 62: "Muni de quelques mentions, je pouvais tenter d'entrer à Polytechnique où j'avais décidé d'aller, puisque, désormais, j'étais "bon". Où préparer l'X en ayant de bonnes chances de l'intégrer?... Me voilà donc parti pour Paris, à l'automne 1943, alors que la guerre est à son paroxysme. Je passe l'année scolaire 43-44 dans une sorte d'obnubilation du travail, favorisée par l'organisation militaro-religieuse de l'établissement."
"[...] passer des paroles aux actes, ce sera l'une des tâches de la génération qui commence à prendre les commandes. Espérons qu'elle saura sans tarder sortir collectivement de l'enfance."
L'injonction de Socrate tant de fois répétée-"Connais-toi toi même"- propose un programme de vie à respecter plus qu'un résultat à obtenir,car elle est sans doute irréalisable.
Il m'a fallu ce délai pour comprendre que le plaisir de bien faire ce que l'on est chargé de faire est une forme de soumission.
"Me voici donc à Polytechnique. J'ai travaillé comme une brute pour y parvenir. J'y suis. Est-ce que j'en suis satisfait? Rétrospectivement, je suis persuadé que je ne l'étais pas...."