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Citations sur La Serpe (104)

Je n'ai jamais vraiment compris comment les vestiges s'enterraient. À Rome, à Paris, à Athènes, des archéologues creusent et découvrent des temples, des maisons, des salles de bains, dans des lieux qui n'ont jamais cessé d'être habités. À quel moment le temps recouvre tout ? À quel moment la terre monte sans que personne s'en aperçoive ?
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Voilà, j'aime bien les faits divers, le sordide ne me dérange pas a priori, mais en réalité, honnêtement, ça dépend : quand on a le sentiment de connaître quelqu'un, même si ce n'est pas vrai, quand on s'est attaché d'une façon ou d'une autre, ce n'est plus la même histoire. Ça désole, ça blesse, le sordide dégoûte.
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Pour eux, l'une des premières preuves de la culpabilité d'Henri, c'est qu'il soit le seul survivant, le seul dans le château au matin ; pour moi, c'est au contraire l'une des premières preuves de son innocence : de tous les suspects qu'on pourrait envisager, il serait le seul à avoir disposé de douze heures pour maquiller ses crimes en vol ou en n'importe quoi d'autre, il n'est pas pensable qu'il en ait si médiocrement profité, qu'il se soit montré aussi nul durant toute la nuit – vous êtes le dernier des ânes, Girard.
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Une drôle de vie avec le recul. Ce que j’en sais, je l’ai appris dans les livres. Sale gosse, sale type, des claques, insupportable, il ne mue, instantanément, qu’en anéantissant la fortune familiale, et se transforme en nomade combattif qui ne possède rien et vient en aide à ceux qui en ont besoin. Un bon gars finalement.
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Après une nuit particulièrement arrosée (à l'œil) dans les boîtes de Pigalle, un collègue {policier} avait fini chez une fille qui travaillait dans l'un de ces établissements (...), rond comme une queue de pelle. Il avait réussi par miracle à se relever au milieu de la nuit, était rentré chez lui en titubant dangereusement et s'était couché près de sa femme, en la réveillant sûrement mais il faut être indulgente, c'est la vie de policier – ça pue l'alcool, le mauvais champagne éventé, mais en immersion dans le milieu, comment faire autrement ? Une heure plus tard, une entité démoniaque lui avait fait ouvrir les yeux. En voyant les chiffres lumineux de son réveil (il était 6 heures), il s'était levé d'un bond, comme électrocuté, et avait enfilé son caleçon et son pantalon en s'effondrant à moitié sur la chaise où il les avait posés. « Mais qu'est-ce qui te prend, qu'est-ce que tu fais ? » avait demandé l'épouse ensommeillée. « Ben je rentre chez ma femme ! » Irrattrapable, pas moyen.
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(L'auteur, solitaire, dans un restaurant chinois à Périgueux)
Je regarde à peine les huit pages de menu, c'est partout pareil (sauf en Chine, je suppose), je prends des nems, du bœuf aux oignons, du riz gluant et une demi-bouteille de bordeaux supérieur. Ce repas s'annonçait normal, bien, mais soudain, c'est le couac. La patronne ne bouge pas (alors qu'elle devrait, je ne vais pas commander seize plats), glaciale, petite, pose sur moi ses yeux noirs et me dit, avec un accent de Pékin à couper au couteau : « Et mes moutons ? » Quoi, ses moutons ? Quels moutons ? Elle s'est bien intégrée, elle élève des moutons dans le coin, elle se vexe parce que je n'ai pas choisi son gigot ? Je parcours rapidement la carte, ce qui n'est pas facile (et puis je rêve ou elle me fusille du regard ?), pas un seul plat à base de mouton – agneau, oui, sur plaque chauffante, aux herbes, mais elle aurait dit : « Et mes agneaux ? », non ? S'ensuit le dialogue le plus absurde qu'on ait jamais entendu dans un restaurant chinois de Périgueux (malheureusement, personne n'est là pour l'entendre) :
— Vos... ?
— Mes moutons ?
— C'est-à-dire ? 
— Et mes moutons ?
— Oui, j'ai bien compris, mais je... Pardon, quels moutons ?
— Nems, bœuf oignons, riz gluant... Et mes moutons ?
— Écoutez, vos moutons, je ne sais pas, mais c'est tout ce que je veux, oui, des nems, du bœuf aux oignons et du riz gluant.
— Et mes moutons ?
Elle me fait peur. Lui mettre des bâtons dans les roues ne servirait à rien, la seule solution serait de lui sauter à la gorge (car elle ne bouge toujours pas et me dévisage toujours durement) ou bien de céder sur cette histoire de moutons, tant pis, je prends des moutons, je ne vais pas en mourir. Je ne parle plus, la situation est extrêmement tendue et déroutante. Me lever et partir comme un voleur ? Aussi atroce que cela paraisse, après quelques secondes de silence insupportable, elle me dit d'une voix plus doucereuse :
— Monsieur... Mes moutons ?
À l'aide. Mais cette fois, elle a accompagné ses mots d'un geste rond des deux mains. Elle mime une sorte de boule, je crois d'abord qu'elle veut dessiner dans l'air la forme d'un mouton dodu, pour que je saisisse bien (mais je sais quand même ce qu'est un mouton, ça va mal finir), puis tout s'éclaire «  En même temps. » En quatre syllabes, quatre pieds, avec le e de « même », ou en trois, juste « Même temps ? », à la chinoise. « Les nems, le bœuf aux oignons et le riz gluant, en même temps ? » Je me confonds en excuses. Oui, bien sûr, désolé, mes moutons si vous voulez.
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Le premier tournage auquel j'assistai, il y avait là Simone Signoret, bonne bourgeoise, licenciée de philo. Elle m'exposa avec l'accent parisien qu'un roman de moi qui se passait sous les tropiques constituait une trahison des copains ajusteurs de Boulogne-Billancourt : “Et le prolo, Arnaud ? Le prolo ?” Le prolétariat me vengea dans l'heure. À son arrivée sur le plateau, Simone allait au peuple et lui parlait son langage, à la cantonade, d'ailleurs : “T'as vu ce soleil, camarade ? Un peu beau, non ?” “Mais Madame Signoret, répondit un machiniste, on n'a jamais gardé les visons ensemble...”
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Je n'ai jamais vraiment compris comment les vestiges s'enterraient. À Rome, à Paris, à Athènes, des archéologues creusent et découvrent des temples, des maisons, des salles de bains, dans des lieux qui n'ont jamais cessé d'être habités. À quel moment le temps recouvre tout ? À quel moment la terre monte sans que personne s'en aperçoive ?
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Il y a retrouvé l’esprit de sa mère. Il n’a plus qu’elle, Valentine, qui n’existe plus, il lui parle : « Ton mépris de l’argent m’a appris à ne pas savoir en gagner ; mais évidemment, comme j’aime ce qu’il me procure, je le vole, assuré du confort de ma conscience, qui t’est au fond fidèle en m’affirmant que c’est plus noble. »

… « c’est parce que tu m’as appris le mal qu’il faut penser du mensonge que je suis encore capable de le détester, étant si menteur » P 52
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Je pense à un plaisir honteux, à une méthode policière aussi vile que drôle (et frôlant le génie) dont m’a parlé mon pote flic Pupuce, promu récemment commandant, à la grande fierté des bistrots du quartier. (Le problème c’est qu’il ne veut plus que je l’appelle Pupuce dans mes livres, mais « monsieur le divisionnaire »). Il y a quelques années encore (aujourd’hui, tout est devenu si strict dans la police que ce n’est plus possible), quand un gardé à vue particulièrement revêche refusait de parler, le commissariat avait mis au point une technique remarquable, dite du « bonhomme vert ».
Les enquêteurs qui interrogeaient le suspect entrouvraient la fenêtre l’air de rien puis quittaient la pièce, le laissant seul, menotté à la chaise. Un membre de l’équipe enfilait une combinaison verte d’éboueur, des gants et une cagoule assortie, passait par le bureau voisin, au troisième étage, où une issue de secours intérieure permettait d’accéder facilement et sans risque à la salle d’interrogatoire, entrait par la fenêtre, lui balançait deux ou trois bonnes baffes, lui disait simplement qu’il reviendrait dans un quart d’heure, plus énervé, et repartait par où il était arrivé. Si le pauvre gars se plaignait ensuite à un avocat ou à un juge, m’a raconté monsieur le divisionnaire, quand on lui demandait dans quelles circonstances il avait été maltraité, il ne pouvait que répondre, s’il était honnête : « c’est un bonhomme vert qui est entré par la fenêtre, il m’a frappé et il est ressorti, par la fenêtre aussi. Au troisième étage, oui, je crois. Tout vert. » Qui pouvait le croire ? Urgences psychiatriques, hop. C’est très mal, je sais.
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