De bons voisins

Où suis-je ?
Il cligne plusieurs fois des yeux.
Un salon. Un salon dans un appartement. Sur la planète Terre.
Qui suis-je ?
Patrick Donaldson. Dix-neuf ans.
Que suis-je ?
Un être humain à qui l’on a demandé d’aller dans un pays étranger pour y tuer des Asiates – d’autres êtres humains – au nom de mon propre pays.
Et il est quelle heure ?
Quatre heures du matin.
Il regarde la télé et voit des parasites.

A cette heure-ci de la nuit, cependant, seules deux fenêtres sont illuminées.
Il braque le télescope sur l’une d’entre elles et ne voit rien à part le salon vide et triste de l’autre côté. Un canapé à rayures marron et rouge. Sur le mur du fond, un tableau représentant un cheval au galop – probablement en train de fuir. L’expérience de Patrick lui a montré que les animaux qui courent cherchent presque toujours à échapper à quelque chose derrière eux plutôt qu’à atteindre quelque chose devant.

Dans le salon, Patrick lit la convocation pour la soixantième ou la soixante-dixième fois, puis la repose sur la table basse.
Il jette un coup d’œil par la fenêtre, au-dessus du télescope qu’il a installé, vers la cour éclairée par des réverbères, déserte à l’exception de ses quatre bancs, de ses quelques parterres et treillages de fleurs, de son béton. Puis il s’approche du télescope et le pointe vers les fenêtres des appartements de l’autre côté de la cour. Pour Patrick, la fonction la plus utile d’un télescope, c’est de permettre d’espionner ses voisins. Ceux-ci sont plus intéressants que des planètes ; en tout cas ils ont davantage de personnalité.
A cette heure-ci de la nuit, cependant, seules deux fenêtres sont illuminées.

William se laisse rouler sur le dos, contemple le plafond. Quelque chose cloche dans ses entrailles. Quelque chose dans ses entrailles ne le lâchera pas. Il y a un besoin, là, profond, qui ne le lâchera pas. Ça a faim, ça a pris possession de lui et ça refuse de le lâcher. Il faut qu’il y retourne. C’est la faute d’Elaine. Il faut qu’il y retourne et finisse ce qu’il a commencé. Même si ça veut dire que la police va mettre le grappin sur lui, même si ça veut dire qu’il va aller en prison pour le restant de ses jours – ça sera peut-être même pour le mieux : il n’aurait plus à cacher ce qu’il est à sa femme et à ses enfants, il ne serait plus en mesure de faire du mal aux autres. Mais il doit finir cette toute dernière chose. Il faut qu’il retourne là-bas. 

Chapitre 21

William ouvre la porte et regarde dans la chambre. Il peut voir ses deux filles couchées ensemble dans leur lit, se serrant l’une l’autre dans les bras. Il sait que c’est uniquement l’effet du réverbère dans la rue, dont la lumière filtre entre les lattes poussiéreuses du store, mais on dirait qu’elles luisent. Il trouve qu’elles ressemblent à des anges, à de beaux anges qui brillent dans la nuit. Il n’arrive pas à imaginer que quelqu’un d’aussi vil que lui ait pu jouer le moindre rôle dans leur création. Comment est-il possible qu’elles soient issues de lui, avec leur éclat, leur beauté, leur fraîcheur ?
La fille de huit ans lève la tête et le regarde.
“Qu’est-ce que tu fais, papa ?
— Rendors-toi, ma chérie”, dit-il en fermant la porte. 

Chapitre 21

Lisez l’Ancien Testament : parfois les péchés du père sont payés par le fils ; Dieu prélève sa livre de chair à qui Il peut. 

Chapitre 20

Au… secours. Je vous en prie.”
Elle a voulu crier, mais c’était à peine un murmure. Une faible brise. Un bruissement de feuilles. Elle n’a pas la force d’émettre beaucoup plus que ça – mais elle essaie encore.
“Quelqu’un, s’il vous plaît, dit-elle et sa voix se brise. Au secours ! Je vous en prie !”
Elle entend le désespoir dans sa voix.
Les gens qui la regardent depuis leurs salons ne bougent pas.
Peut-être n’est-ce qu’un rêve. C’est bien ce à quoi ça ressemble. Ça doit être ça. Adolescente, Kat restait souvent allongée dans son lit à se demander si toute sa vie n’était qu’un rêve. Elle restait au lit et elle avait peur de s’endormir, car elle se disait que quand elle se réveillerait, elle retournerait dans sa vraie vie et que, dans sa vraie vie, elle était peut-être déjà une vieille femme, ou quelque chose de triste dans le genre. Alors elle restait au lit, se disant que cette vie était un rêve, mais un beau rêve, un rêve dont elle ne voulait pas se réveiller, notamment parce qu’elle ne savait pas dans quel monde elle se réveillerait – c’est quoi, le réel ? Sauf que maintenant elle souhaiterait être en plein rêve. Elle espère qu’elle va se réveiller, peu importe dans quelle réalité, ça ne pourra qu’être mieux. Elle ferme les yeux et s’ordonne de se réveiller, mais quand elle les rouvre, elle est encore là, entourée de béton et de verre, au milieu d’une cour déserte.
Pourquoi est-ce que personne ne vient l’aider ? S’il ne s’agit pas d’un rêve, pourquoi est-ce que personne ne l’aide ?
Parce que c’est un cauchemar, lui murmure une voix. 

Chapitre 19

Elle ne comprend pas ce qui s’est passé. Pourquoi est-ce que cet homme l’a poignardée ? Elle ne le connaît pas et elle ne lui a rien fait, alors pourquoi la poignarder ? Elle est certaine de ne l’avoir jamais vu avant cette nuit. 

Chapitre 19

Qu’est-il arrivé à leur amour de jeunesse, empli d’espoir ? Qu’est-il arrivé à la façon qu’ils avaient de se tenir toujours par la main lorsqu’ils marchaient ensemble ? 

Chapitre 5

Larry est une grosse merde et tout ce qu'il touche se transforme en merde.

Chapitre 5