Mora Montravers

Ainsi commença Walter Puddick, mais son hôte, lui saisissant le bras dans un élan qu'il estimait ou du moins voulait généreux, l'empêcha d'en dire davantage.
« Ah, ce n'est nullement mon affaire ! Je vous crois mais si je ne vous croyais pas, ça devrait vous être égal. Votre situation est évidemment remarquable, ajouta Traffle en toute équité, et je tiens d'abord à vous dire que j'ai confiance en votre tact. J'ai senti, dès le jour où je suis allé vous voir, que c'était la seule impression possible, et depuis lors j'ai essayé de la communiquer à Mrs Traffle. Je lui ai dit, poursuivit notre ami, que nous ne devions pas trop nous fier aux apparences en regard des réalités, et qu'à ces réalités, acheva-t-il en se dandinant légèrement et en tirant sur le dos de son gilet avec ses deux mains appliquées contre sa taille, vous devez avoir pleinement participé. » Et il savoura le regard plus intense que ces propos provoquèrent chez son interlocuteur ; il comprit que, pour leurs rapports, l'idéal serait qu'il pût s'en tenir à la délicatesse qu'il était incontestablement en train de montrer, tout en ne manquant rien de ce qui pouvait être intéressant.
« Vous vous êtes naturellement aperçu à quel point ma femme connaît mal Mora. Elle n'apprécie pas que vous ayez la main légère avec elle, et c'est, me semble-t-il, fit Sidney Traffle avec un sourire, ce que vous nous disputez.
- Je ne vous dispute rien du tout, monsieur, objecta Walter Puddick.
- Ah, mais vous voulez qu'on vous laisse tranquille », rétorqua son ami.
Cette amabilité ne fit que rendre plus grave le jeune homme. « Mrs Traffle m'a cloué le bec. »