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Citations sur Cette nuit, je l'ai vue (49)

Elle parla du matin berlinois, au pied de leur château, le soleil se levait d'un côté alors que, sur l'autre côté, un quartier de lune pendait encore. Nous arrêtâmes au bord de l'eau. C'était silencieux, clair, décoloré, presque douloureusement beau en cette époque de folie.
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Elle détestait toute forme de violence. Quand les chasseurs revenaient chargés des bêtes abattues, elle ne les attendait pas dans la cour.Elle se tenait à la fenêtre, regardait les animaux morts en hochant tristement la tête. Quand elle montait à cheval, elle n'utilisait pas la cravache. Même une grenouille écrasée l'émouvait. Peut-être avait-elle simplement peur, elle ne voulait absolument rien avoir à faire avec ces temps horribles.
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J'expliquai l'alpha et l'omega, le cheval sent et sait si on se comporte bien avec lui, si on ne le fait pas, il se révolte. Imaginez, madame, dis-je aussi gentiment que je le pouvais, imaginez que le cheval regimbe alors qu'il doit attaquer. Mais c'est ce que vous dites aux recrues ? dit-elle. Oui, c'est ce que je leur dis. C'est-à-dire que vous ne vous comportez bien avec lui que pour pouvoir le pousser sous ces bombes ou disons ces obus. Je dis avec colère que nous aussi nous donnons de nous-mêmes là-bas, il y a eu mille morts à la bataille de la Kolubra.
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J'ai rêvé que j'étais jeune. C'était tellement vivant, j'ai rêvé que j'étais jeune, j'avais à peine vingt ans. J'étais assise avec Peter dans une taverne, fatiguée après une journée d'excursion, des musiciens locaux jouaient et chantaient l'histoire d'une fille qui avait des cheveux noirs mais que tout le monde appelait bionda. Nous avons bu du vin. La fatigue, le vin, la chanson, tout nous submergeait. C'était magnifique, j'étais jeune.
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Ce trou, une dent s’y trouvait avant, il y a un mois encore, lorsque, contre le mur d’une ferme, quelque part au-dessus d’Idrija, un obus de mortier a explosé, alors un petit bout de pierre ou de métal a atterri droit dans ma bouche, et je me suis retrouvé immédiatement en sang, mais quand j’ai repris mes esprits et que je me suis lavé, il s’est avéré que, Dieu merci, il ne me manquait qu’une dent de devant, mes lèvres aussi avaient été bien déchiquetées, à présent elles ne sont plus qu’écorchées, j’ai juste perdu une dent quelque part près de la frontière italienne derrière laquelle on se retirait pour se réorganiser comme on disait, pour contre-attaquer comme on disait, mais devant Palmanova, on s’est tout simplement rendus. On s’est rendus, que pouvait-on faire d’autre, même si on racontait que les Anglais étaient nos alliés et qu’on attaquerait ensemble les communistes. Pendant quelques jours encore, on a continué de porter nos armes, puis on a reçu l’ordre de les déposer, c’est-à-dire qu’on a laissé les soldats anglais nous désarmer honteusement, ils ont laissé leurs revolvers sans munitions aux officiers, pour l’honneur, mais il y a quelques jours ils les ont aussi ramassés, c’était la dernière marque de notre dignité, on n’est plus une armée, c’est la fin, la finis du royaume de Yougoslavie, la fin du monde.
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Elle était intouchable. Attirante, mais intouchable.
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Maintenant non plus, je ne dors plus ou bien je me réveille dans le remue-ménage de cette nuit-là.
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Mais elle aimait vraiment les chevaux. Peut-être plus que les gens. Peu à peu, je commençais à comprendre pourquoi ça l’avait tellement énervée que nous les militaires, on envoie les chevaux sous les bombes, c’est-à-dire sous les obus. C’étaient les derniers jours d’août qui s’acheminaient lentement vers l’automne… Le matin, je me présentais à la caserne, où les officiers, par quelques remarques douteuses, raillaient ma double vie, l’après-midi, je le passais avec elle au manège et avec les deux chevaux, j’échangeais à peine quelques mots avec son mari quand il venait la chercher. C’était de plus en plus rare, le plus souvent, il l’amenait et son chauffeur venait la chercher. Léo Zarnik était probablement très occupé, non seulement par son travail mais aussi par la chasse aux sangliers et aux cerfs. Mon élève n’était visiblement pas gênée par cette mise à mort. Elle était gênée par le fait que nous entraînions les chevaux à la guerre car ils pouvaient être atteints par des bombes, c’est-à-dire des obus. Je voyais que son mari transportait des fusils de chasse sur le siège arrière, un jour, il dit qu’il inviterait au tir à la cible. Mais visiblement il oublia son invitation sur l’instant.

La première fois que nous fîmes ensemble quelques tours de manège, elle sur Lord et moi sur Vranac, et qu’elle descendit de cheval assez prestement, je l’applaudis. J’avoue, chère madame, que je ne m’attendais pas à des progrès si rapides. On pourrait dire que vous savez déjà monter. Et en plus, Lord vous accepte vraiment bien.

Mieux que vous, il me semble, dit-elle.

Excusez-moi, je voulais dire qu’il vous considère comme sa patronne. Patronne, dit-elle, quel mot idiot ! C’est ainsi, dis-je, quand il obéira à vos ordres, quand il comprendra vos mots, alors nous serons vers la fin de nos leçons.

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Elle aurait peut-être eu l'âme en peine à Maribor, mais elle serait en vie. Je veux dire qu'en tout cas, je saurais qu'elle est en vie et en bonne santé, on pourrait se parler au téléphone.
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