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Elvire Horta compulse des vieilles coupures de presse, cherche des informations sur une révolte de jeunes filles enfermées à la prison de Fresnes en 1947. L'on comprend au bout de 80 pages qu'elle y traque des informations sur la mère de celui qui l'emploie, Serge Valère. Cette quête n'est pas personnelle, son alibi est de redonner sa chance à la relation avec son propre fils, qui lui reproche de lui cacher ses origines.
En réalité, c'est cette femme, généalogiste entre deux âges, stérile, née d'un père déjà mort, qui se sent concernée par cette recherche. Et tout ce qu'elle lui permet de comprendre des liens de filiation, de ce que le parcours de ces « filles de peu » lui fait comprendre de leur honte, de leur vitalité et de leur combat.

Si la trame romanesque qui entoure cette quête documentaire m'a paru tout d'abord artificielle, elle m'a finalement permis de pénétrer dans un domaine de réflexion que j'affectionne : pourquoi s'intéresse-t-on à un sujet, qu'est-ce qu'il nous apprend de nous-même ?

C'est le premier livre que je lis de Dorothée Jeannin, son écriture m'a frappée, et j'ai appris beaucoup de choses sur la gestion des jeunes filles « déviantes »
Merci à NetGalley France et aux éditions Stock pour cette lecture !
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Un bon pitch de départ : la révolte des jeunes filles en éducation surveillée à Fresnes en 1947. Un fait historique méconnu et découvert par l'autrice.

Elle y raccroche l'histoire d'une jeune fille s'y trouvant et mère d'un avocat de renom. Sous couvert de recherche sur cette mère non connue, l'avocat engage une personne pour faire des recherches et donner les informations à son fils, en manque de repères.

Malheureusement, le récit est un peu long et on s'y perd parfois. C'est dommage car le sujet, la fiction et le twist de fin sont bien menés mais il manque un "je ne sais quoi" pour que le roman soit une totale réussite.
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Nous sommes en 1947, dans un contexte d'après-guerre, Dorothée Janin nous raconte l'histoire d'une centaine de jeunes femmes de 16 à 21 ans, mineures selon la loi, enfermées à Fresnes et dépendantes de l'éducation surveillée.
La manière dont on les traite et dont on parle d'elles au sein de la prison choque immédiatement.
Celles que l'on appelle les "mauvaises filles", elles sont voleuses, fugueuses, de petite vertu, elles sont jeunes ! le 6 mai 1947, elles se révoltent !
Quelques années plus tard, Elvire, une généalogiste, est embauchée par Serge pour retrouver sa mère, l'une de ces jeunes filles.…..

Inutile de faire durer le suspens, c'est un coup de coeur pour l'écriture de Dorothée Janin ! pour ces jeunes filles révoltées !
Dorothée Janin m'a embarqué dans son roman de la première à la dernière page ! J'ai aimé l'histoire et l'écriture ! Elle dénonce les conditions de détention de ces femmes, elle dénonce les horreurs, la honte, l'humiliation mais pas que, c'est un roman social ! Un roman sur la filiation aussi, alternant roman et article de presse. C'est extrêmement documenté ! c'est bouleversant !
Un coup de coeur !
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Indociles et insurgées : les oubliées de Fresnes

Contre toute attente, La révolte des filles perdues n'est pas la reconstitution romancée de la grande révolte des pupilles de Fresnes qui défrayé la chronique au printemps 1947.

Dans l'immédiate après guerre, mai 1947, une centaine de jeunes filles de 16 à 21 ans incarcérées à la prison de Fresnes se sont soulevées, molestant les gardiens et saccageant la prison avant d'être canalisées.

C'est en partant de ce fait historique, que l'auteure imagine le destin de l'un des plus grands ténors du barreau des années 2000, Me Serge Valère, livré à sa naissance à l'Assistance publique et dont la mère pourrait bien avoir pris part à la grande révolte de Fresnes.

Pour en avoir le coeur net, ce dernier embauche une généalogiste, Elvire Horta, aussi zélée côté professionnel que paumée côté personnel (un aspect qu'elle se garde bien de dévoiler à son client, cela va de soi).

Au fur et à mesure de ses recherches, nous entrons dans le coeur de la mutinerie : qui étaient ces "filles perdues", quels ont été les manquements dont elles furent l'objet pour finir derrière les murs de ce centre d'éducation surveillé, dans quelles conditions ont-elles vécu leur enfermement ?

Pour ma part ,

Il y a des mots, la magie de quelques lettres à peine, qui, dès leur évocation, m'enchantent et me transportent : "révolte" en fait partie.

J'ai aimé le style, la construction et les apartés : dans ce roman, il y a la narration proprement dite puis la voix d'Elvire Horta, à laquelle je me suis plus ou moins identifiée dans la mesure où j'ai ressenti qu'elle porte en elle une braise, celle de la colère, que le moindre souffle est à même de raviver.

C'est cette dernière qui, au fil de ses investigations pour le compte de Serge Valère, anime le récit de ses réflexions incisives existentielles très souvent et sur la judéité et la politique parfois.

Pour ainsi dire, j'ai davantage découvert l'histoire d'une enquête, la mise en lumière d'un fait historique significatif de la condition féminine.

J'ai apprécié ma découverte mais l'épopée et l'enchantement présagés par le titre et auxquels je m'attendais n'étaient pas au rendez-vous.

J'aurais aimé plus de drame pour rythmer le récit en général: in fine, cela m'a tout de même paru assez long.

Mention spéciale: Vous trouverez à la fin du livre les sources et les références avec la liste des centres d'archives , des ouvrages et de la presse consultée. Ce roman est donc le fruit d'un important travail de recherche de l'auteure; sans qui cette révolte des Filles perdues aurait bien failli tomber dans l'oubli.

Lien : https://www.aikadeliredelire..
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[Comme d'habitude, je m'engage à lire 10% du livre et s'il me plait je continue]
L'autrice mène une enquête, à la demande d'un avocat, sur un événement (réel, nous dit-on en préambule) qui s'est passé en 1947 à la prison de Fresnes : une quarantaine de détenues ont semé un grand désordre, pendant presque toute une journée.
Ces filles ne sont pas des délinquantes, et elles n'ont même pas vraiment été jugées. Elles sont là parce que leur comportement ne correspond pas à leur genre, ou pour de menus larcins ; elles sont là parce qu'elles sont pauvres, parce qu'elles aiment trop les bals et la fête foraine, parce qu'elles ont accepté des cadeaux de soldats américains contre des relations sexuelles. On donne un dossier à charge au juge et il décide. La demande d'enfermement peut même être parentale, il faut comprendre "paternelle" : ça me fait penser au super livre de Rose Lamy sur "les bons pères de famille".

La forme du récit ne me plait pas du tout, l'autrice passe d'une narration à une autre, l'introduction du personnage de Valère, l'avocat, est ultra longue et pénible, les digressions sur la façon dont elle accède aux archives m'ont semblées inutiles et bavardes, je vais survoler le texte pour vérifier s'il faut que je m'accroche ou si je peux arrêter là.

10% lus en 30 minutes, donc il me faudrait 5 heures pour venir à bout du roman (rien que de lire ça, je sais que je vais pas continuer ^^)

Ah ok, l'autrice (ou la narratrice) cherche la mère de l'avocat Valère, qu'il n'a pas connu, parce que son fils complètement paumé a besoin de savoir d'où il vient. Et bien sûr cette mère est une des filles perdues de la révolte de Fresnes.

C'est trop tiré par les cheveux pour moi, je trouve pénible de trouver cette pirouette scénaristique d'une banalité sans pareille dans une oeuvre de littérature ; et presque 60 pages pour en arriver là, quel gâchis de papier et de temps ! Je crois que le pire c'est les passages qui tournent autour de l'avocat, j'ai beaucoup soufflé et haussé les sourcils, ce qui est très mauvais signe !

N'hésitez pas à me laisser un petit message si vous êtes d'accord et que vous avez quand même tout lu (quel courage !) ou si vous avez décelé la pépite là où moi j'ai vu un caillou terne.
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Serge Valère, célèbre avocat, engage Elvire Horta, généalogiste, pour rechercher les traces de sa mère, Madeleine Lauris. Cette mère aurait été détenue à Fresnes et aurait pu faire partie de la mutinerie qui a eu lieu en mai 1947. Elvire va alors se plonger dans la documentation existante pour tenter de faire revivre les événements et surtout savoir qui était Madeleine.

Dorothée Janin se base sur un fait réel pour mettre en scène son roman et interroger sur la filiation à travers ses deux personnages (Serge et Elvire) qui ont tous les deux des histoires familiales complexes.

Toute la partie concernant cette révolte, épisode méconnu de l'après-guerre, est très intéressante. Celles qui concernent Serge et Elvire le sont malheureusement un peu moins et complexifient le récit plus qu'elles ne l'enrichissent.

Le fil ténu de la révolte de ces filles qu'on dit perdues (voleuses, fugueuses…) est sans doute trop court pour tisser une histoire complète sur la base de ce qui est connu. Alors, pour ajouter du corps au récit, l'auteure nous plonge dans une fiction parallèle. Elle y ajoute l'histoire de Fresnes, réelle, en 1947, dans cette immédiate après-guerre où bon nombre de collaborationnistes y étaient emprisonnés. le lien avec les jeunes révoltées ne se fait pas naturellement en dehors de cette proximité de date et le fait que cela se passe à Fresnes. Et les incessants allers-retours entre ces différentes strates du récit brouillent l'intrigue.

Parmi ces jeunes révoltées, peu de visages émergent ou de manière trop superficielle mais quand cela arrive, l'intérêt du lecteur s'éveille, l'émotion nait. L'événement est documenté par un certain nombre d'archives (articles de presse, documents judiciaires, témoignages des surveillantes de Fresnes et même lettres des prisonnières). Des archives que Dorothée Janin nous permet de lire et qui donnent une voix à ces jeunes filles oubliées, détenues dans des conditions déplorables. Et qui éclairent aussi sur le travail des surveillantes et éducatrices tout en donnant un point de vue sur une époque assez particulière.

Là encore pourtant, le lien semble compliqué à faire pour l'auteure entre fiction et réalité et le personnage de Madeleine Lauris peine à intégrer cette histoire. Quant à la conclusion, elle interroge sur les motivations de Serge Valère concernant cette pseudo-enquête sur sa mère.

Au final, la page d'histoire est passionnante, le récit fictionnel moins accrocheur. Dommage.
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En 1947, une mutinerie éclatait dans le bâtiment de la prison de Fresnes réservé aux filles de Justice. Tandis que la presse condamnait la violence des révoltées, l'administration pénitentiaire se dédouanait en invoquant des meneuses incontrôlables, des « bêtes fauves » selon la directrice de l'établissement. Pourtant, les lettres des détenues laissent entrevoir une tout autre réalité, qui inspire à Dorothée Janin un roman plein de colère et de compassion.


Au moment des faits, elles sont quatre-vingt mineures, entre dix-huit et vingt-et-un ans, à avoir été provisoirement reléguées, après la fermeture en 1940 de leur institution corrective de Clermont et un passage par une section de la prison de Rennes, dans un bâtiment désaffecté de l'établissement pénitentiaire de Fresnes. Fugueuses, petites voleuses, filles de trottoir ou ayant simplement eu une relation sexuelle hors mariage, toutes grandies sur fond de misère et de violence, « ce sont avant tout leur moralité, leur comportement, leur milieu d'origine jugé déficient ou dangereux, pas les délits qu'elles ont ou n'ont pas commis, ni les articles du Code pénal » qui les ont menées à la réclusion en Institution Publique d'Education Surveillée. Elles ne sont donc pas des criminelles, mais, ce qui leur vaut pourtant en ces lieux un traitement plus sévère encore – « Elles sont venues à cette pauvreté morale par goût et par besoin, par joie du vice. Elles sont inadaptables ces petites prostituées, ‘'inamendables''. La voleuse peut être relevée, et même la criminelle. Jamais la fille ‘'folle de son corps'' » –, des « filles perdues », scandaleuses dans leur insoumission, leur indépendance et leur perversion, des déchets étiquetés vicieux et irrécupérables, que l'on entend mater par la discipline, les humiliations et la brutalité, par la maltraitance physique et psychologique, par « l'intrusion de la contrainte jusque dans l'intimité, le contrôle total sur le corps et l'esprit ».


Imaginant des personnages fictifs, d'alors et d'aujourd'hui, très fidèlement et scrupuleusement inspirés pour les uns de sa longue imprégnation des documents de l'époque, pour les autres, notamment Elvire la narratrice, d'éléments de sa propre biographie et de son passé, l'auteur mène l'enquête et croise les regards d'hier et d'aujourd'hui sur ces « mauvaises filles ». Peu à peu, les fantômes exhumés des archives reprennent vie, silhouettes et voix s'animent au gré d'une reconstitution réaliste et vibrante d'émotion, qui, se focalisant sur la prison de Fresnes, prend bientôt la dimension d'un véritable procès du siècle dernier en France. Car, tandis que l'on y escamote les terribles conditions d'enfermement des filles de Justice en faisant passer leur insoumission pour vice et leur révolte pour hystérie – quelle autre cause à leur soulèvement que les pulsions sexuelles d'« âmes perverties, énervées par le printemps » ? –, en ce lendemain de Libération on y traite aussi en hôtes de marque des collabos venus y remplacer les résistants qu'on vient d'y torturer et d'y exécuter. Alors, l'effet boomerang qui, dans la quête la menant vers Madeleine Lauris, fille-mère détenue à Fresnes et contrainte d'abandonner son bébé, renvoie douloureusement Elvire à son propre impossible désir de maternité, s'inverse une nouvelle fois et, « à la façon d'un mascaret », comme une « vague depuis les mots retourne vers le corps et vient frapper le coeur », remonte le fil tendu par le thème de la lutte et de la résistance pour faire écho à l'histoire familiale de l'auteur. En réalisant sa vénération pour son grand-père, juif polonais qui rejoignit en France les rangs des FTP-MOI, les Francs-tireurs et partisans de la Main-d'oeuvre immigrée, l'on comprend, comme elle-même semble en avoir pris conscience en l'écrivant, combien ce livre et son sujet entrent en résonance profonde avec sa chair et son âme.


Avec ce livre sous-tendu par un remarquable travail d'investigation mais aussi par une émotion lui remontant des tripes, Dorothée Janin ne rend pas seulement justice aux filles de Fresnes. A travers elles, qui se révoltèrent non pour leur propre sort pourtant terrible, mais par fidélité à la seule éducatrice en qui elles avaient confiance, et qui, considérées comme des rebuts par la société, lui en remontrent pourtant en courage et en intégrité, ce sont les valeurs d'amour, d'honneur et de loyauté qu'elle remet à leur juste place, par-delà les hypocrisies, les préjugés et les impostures ordinaires. Coup de coeur pour ce roman qui, hasard de la rentrée littéraire, aborde par le versant féminin ce que l'enragé de Sorj Chalandon nous présente côté masculin, avec le bagne pour garçons de Belle-Ile.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Ce livre mérite sa nomination au Goncourt. J'ai été pris par sa lecture du début à la fin, avec une profonde envie de m'y replonger pour y retrouver les personnages et l'évolution de l'enquête. L'écriture est poétique, métaphorique et fulgurante mais elle sait aussi être brute, drôle et familière : on jubile donc de profiter du meilleur tout en restant chez soi sans avoir à faire trop d'efforts. L'auteur est un puits de culture et nous fait voyager dans des mondes parfaitement maîtrisés (droit, journalisme, Israël, mouvements de résistance en 39-45, psychanalyse des enfants...). Les personnages sont extrêmement touchants, attachants, au point qu'on a pas du tout envie de voir disparaître Madeleine, Serge, Gaby et Théo à la fin du livre (j'ai relu 3 fois les pages avant la dernière !!). le thème est magnifique, il a une vraie fonction de dénonciation sociale et politique (au sujet des effets de la violence pour traiter la délinquance ... tous les ingrédients sont réunis pour dire que c'est une grande oeuvre de la littérature. Je prédis une magnifique et longue route à ce livre !
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J'ai été frappé dès les premiers paragraphe par la singularité de ce que lisais: Dorothée Janin est un véritable écrivain qui ne fait aucune concession aux phrases toutes faites et à l'a peu près langagier.

J'ai aimé sa façon d'entremêler trois récits: la révolte des filles de Fresnes, micro événement carcéral qui cristallise le patriarcat moralisateur d'une époque, la banquise intime de l'avocat, incapable d'être un fils ou un père; et enfin, les interrogations de D. Janin sur sa propre filiation et ses tempêtes intérieures.

C'est âpre, sans fard, à la fois d'une précision clinique dans la description des sentiments et bouillant comme un soulèvement libérateur.
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Un vrai roman coup de poing, sans hésitation le meilleur livre de cette rentrée littéraire. Une langue d'une beauté rare, frontale, ciselée, libre. Une enquête magistrale menée tambour battant . L'histoire de ces "filles perdues" prend aux tripes et laisse une empreinte indélébile.

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