AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
2,94

sur 59 notes
5
6 avis
4
5 avis
3
8 avis
2
3 avis
1
3 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
S'il y a une quantité presque infinie de livres sur la Deuxième Guerre mondiale, les années qui suivent sont souvent oubliées. C'est le grand intérêt du livre de Dorothée Janin, La révolte des filles perdues, de comprendre un peu mieux les hiérarchies de valeurs de cette année-là.

Me Valère a réussi sa vie et ne se préoccupe pas de son passé. Son fils Jonathan, découvre le certificat de naissance de son père. En pleine crise d'adolescence, il en est gravement perturbé et sa psychologue suggère une psychogénéalogie. Elvire entre en scène, malgré la réticence de Serge Valère.

Dorothée Janin a voulu écrire une fiction, mais l'histoire, expédiée en quelques pages, ne présente pas grand intérêt. J'aurais pourtant aimé qu'elle creuse certains thèmes, tels que le ressenti des descendants des filles perdues — un peu caricatural dans le livre (Serge Valère s'en moque, Jonathan en tombe malade).

Une intrigue prétexte donc pour nous parler d'une révolte de pupilles de l'Éducation surveillée, de leurs conditions de vie et des motifs qui les ont amenées là. L'établissement n'avait rien à envier à une prison.

Les enfants nés dans une misère sociale sont vite jugés irrécupérables. Leur donner une éducation, pour quoi faire ? Coups et punitions, c'est tout ce que cette engeance mérite. Bref, ils effraient les braves gens, et les filles sont traitées de prostituées, voire de sorcières.

Au fur et à mesure des découvertes d'Elvire, les mêmes informations, encore et toujours ; des informations intéressantes, certes, mais qui ne suscitent aucune autre réaction que la consternation que ces situations aient existé.

Lien : https://dequoilire.com/la-re..
Commenter  J’apprécie          350
Dorothée Janin utilise des faits réels pour venir y superposer une fiction.
Le 6 mais 1947, au centre pénitentiaire de Fresnes, une quarantaine de jeunes filles, enfermées sans jugement, pour de petits larcins, conduite inappropriée, débauche, ou représentant soit-disant une menace pour la société, se révoltent pendant 48 heures : elles cassent tout, pillent l'économat, jettent tout ce qu'elles peuvent sur les gardiens et la police venus pour les mater. Elles seront jugées et iront en prison.
L'auteure utilise cet épisode historique comme point de départ d'une enquête généalogique fictionnelle menée par Elvire, à la demande du ténor du barreau, Serge Valère, enfant abandonné d'une de ces filles perdues; celui-ci n'a jamais rien voulu savoir de sa mère mais en revanche, son fils a besoin de la vérité sur ses origines pour sortir de la dépression qui le mine.
L'intérêt principal de ce roman a résidé, pour moi, dans la découverte de l'effroyable réalité de ces jeunes filles, qui pour fuir une vie de misère, se retrouvaient enfermées, battues, humiliées, isolées. Les faits évoqués sont entrés en résonance avec le dernier roman de Sorj Chalandon "l'enragé" qui traitait des bagnes pour jeunes garçons dans les années 30 et ultérieurement. On retrouve, dans les deux cas, cette obsession de la société du contrôle total du corps et de l'esprit de celles et ceux qui ne rentraient pas dans le moule religieux ou sociétal.
Les personnages principaux sont également intéressants par leur comportement à l'égard de leur histoire familiale; alors que Serge la rejette et refuse de s'y raccrocher, Elvire se définit par rapport à elle et souhaite la transmettre mais, terrible blessure, elle ne peut devenir mère.
Au fur et à mesure de ses découvertes sur les révoltées, elle se rapproche de ces filles perdues, car elle en est une aussi, même si le terme "perdue" ne revêt pas tout à fait la même signification. Elle se sent vide, sans espoir, le ventre mort.
J'ai cependant regretté que le fil conducteur de la quête d'identité et de la transmission se perde dans les méandres de digressions (Genêt, Chateaubriand,...) et de thèmes importants mais trop nombreux, comme la mort, la Shoah, la collaboration, l'absence de père, la vieillesse... qui n'ont été, de fait, que survolés.
#Larévoltedesfillesperdues #NetGalleyFrance
Commenter  J’apprécie          102
Indociles et insurgées : les oubliées de Fresnes

Contre toute attente, La révolte des filles perdues n'est pas la reconstitution romancée de la grande révolte des pupilles de Fresnes qui défrayé la chronique au printemps 1947.

Dans l'immédiate après guerre, mai 1947, une centaine de jeunes filles de 16 à 21 ans incarcérées à la prison de Fresnes se sont soulevées, molestant les gardiens et saccageant la prison avant d'être canalisées.

C'est en partant de ce fait historique, que l'auteure imagine le destin de l'un des plus grands ténors du barreau des années 2000, Me Serge Valère, livré à sa naissance à l'Assistance publique et dont la mère pourrait bien avoir pris part à la grande révolte de Fresnes.

Pour en avoir le coeur net, ce dernier embauche une généalogiste, Elvire Horta, aussi zélée côté professionnel que paumée côté personnel (un aspect qu'elle se garde bien de dévoiler à son client, cela va de soi).

Au fur et à mesure de ses recherches, nous entrons dans le coeur de la mutinerie : qui étaient ces "filles perdues", quels ont été les manquements dont elles furent l'objet pour finir derrière les murs de ce centre d'éducation surveillé, dans quelles conditions ont-elles vécu leur enfermement ?

Pour ma part ,

Il y a des mots, la magie de quelques lettres à peine, qui, dès leur évocation, m'enchantent et me transportent : "révolte" en fait partie.

J'ai aimé le style, la construction et les apartés : dans ce roman, il y a la narration proprement dite puis la voix d'Elvire Horta, à laquelle je me suis plus ou moins identifiée dans la mesure où j'ai ressenti qu'elle porte en elle une braise, celle de la colère, que le moindre souffle est à même de raviver.

C'est cette dernière qui, au fil de ses investigations pour le compte de Serge Valère, anime le récit de ses réflexions incisives existentielles très souvent et sur la judéité et la politique parfois.

Pour ainsi dire, j'ai davantage découvert l'histoire d'une enquête, la mise en lumière d'un fait historique significatif de la condition féminine.

J'ai apprécié ma découverte mais l'épopée et l'enchantement présagés par le titre et auxquels je m'attendais n'étaient pas au rendez-vous.

J'aurais aimé plus de drame pour rythmer le récit en général: in fine, cela m'a tout de même paru assez long.

Mention spéciale: Vous trouverez à la fin du livre les sources et les références avec la liste des centres d'archives , des ouvrages et de la presse consultée. Ce roman est donc le fruit d'un important travail de recherche de l'auteure; sans qui cette révolte des Filles perdues aurait bien failli tomber dans l'oubli.

Lien : https://www.aikadeliredelire..
Commenter  J’apprécie          70
1947 à Fresnes. Dans la bâtiment face à celui des criminels, sont enfermées des jeunes filles de 16 à 21 ans. Non ce ne sont pas criminelles. Ces sont des voleuses, des vagabondes, des orphelines,… Un jour le célèbre avocat Serge Valère demande à une généalogiste de retrouver la trace de sa mère qui a accouché dans cet "établissement". des destins vont se croiser
Commenter  J’apprécie          20
Elvire Horta compulse des vieilles coupures de presse, cherche des informations sur une révolte de jeunes filles enfermées à la prison de Fresnes en 1947. L'on comprend au bout de 80 pages qu'elle y traque des informations sur la mère de celui qui l'emploie, Serge Valère. Cette quête n'est pas personnelle, son alibi est de redonner sa chance à la relation avec son propre fils, qui lui reproche de lui cacher ses origines.
En réalité, c'est cette femme, généalogiste entre deux âges, stérile, née d'un père déjà mort, qui se sent concernée par cette recherche. Et tout ce qu'elle lui permet de comprendre des liens de filiation, de ce que le parcours de ces « filles de peu » lui fait comprendre de leur honte, de leur vitalité et de leur combat.

Si la trame romanesque qui entoure cette quête documentaire m'a paru tout d'abord artificielle, elle m'a finalement permis de pénétrer dans un domaine de réflexion que j'affectionne : pourquoi s'intéresse-t-on à un sujet, qu'est-ce qu'il nous apprend de nous-même ?

C'est le premier livre que je lis de Dorothée Jeannin, son écriture m'a frappée, et j'ai appris beaucoup de choses sur la gestion des jeunes filles « déviantes »
Merci à NetGalley France et aux éditions Stock pour cette lecture !
Commenter  J’apprécie          20



Lecteurs (142) Voir plus



Quiz Voir plus

Les emmerdeuses de la littérature

Les femmes écrivains ont souvent rencontré l'hostilité de leurs confrères. Mais il y a une exception parmi eux, un homme qui les a défendues, lequel?

Houellebecq
Flaubert
Edmond de Goncourt
Maupassant
Eric Zemmour

10 questions
566 lecteurs ont répondu
Thèmes : écriture , féminisme , luttes politiquesCréer un quiz sur ce livre

{* *}