L'histoire de ces jeunes filles qui se sont révoltées dans la prison de Fresnes m'intriguait beaucoup mais le projet de l'autrice ne m'a pas convaincu.
Dorothée Janin l'explicite d'ailleurs après le roman : vouloir raconter une histoire vraie dans un roman sans romancer l'histoire vraie (!) L'exercice était périlleux. le parti pris a donc été de nous livrer tels quels, par le biais de citations des fragments entiers d'articles de presse, de notes prises dans des cahiers par le personnel de la prison, des lettres envoyées par les jeunes filles...
Le travail d'archives est intéressant mais l'écriture, journalistique.
Pour transformer en roman cette matière brute, ce travail d'archives est mis en scène : la protagoniste réalise cette recherche dans le cadre d'une mission qui lui a été confiée par un avocat orphelin dont le fils est désireux de connaitre ses origines.
C'était très malin comme procédé narratif.
Malheureusement, je n'ai pas du tout accroché à cette seconde histoire ni à ses personnages. Or, elle prend autant de place que l'histoire des révoltées.
L'histoire fictive, en ce qui concerne la protagoniste, est constituée de longues plaintes sur le désir d'être mère ainsi que sur ses origines juives tragiques.
Pour l'avocat, nous avons une biographie à laquelle je n'ai trouvé (malheureusement) aucun intérêt : ses études, sa vie professionnelle, son épouse, sa maîtresse, son ami...
Après avoir terminé ma lecture, je crois avoir compris que le lien entre les deux récits (l'histoire vraie à la prison de Fresnes / la fiction de la protagoniste et de l'avocat) tient dans la transmission, le rôle d'une famille structurante pour s'épanouir, trouver une place dans la société, se sentir en sécurité affective, matérielle.
Et que le sujet du roman est donc là. Ce n'est pas une histoire de révolte, de colère et de lutte féminine comme je l'espérais c'est une réflexion sur la famille ou plus précisément sur l'absence de famille, les conséquences de ce vide, qu'elles soient désastreuses (jeunes filles placées dans des institutions) ou au contraire vécues comme une revanche à prendre (l'avocat sans émotions qui intègre la haute société).
Et toutes ces réflexions portées par la protagoniste qui m'apparaissaient comme des digressions un peu bavardes sont en fait, à mon avis, finalement le coeur du roman.
Je n'ai donc pas lu le livre que j'espérais, ce qui n'est pas forcément une mauvaise chose. Mais cela n'a pas été une bonne surprise non plus, ce qui, par contre est bien dommage.