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Citations sur L'Aventure, l'Ennui, le Sérieux - Chapitre 1 (24)

L'avenir est ambigu d'abord parce qu'il est à la fois certain et incertain. Ce qui est certain, c'est que le futur sera, qu'un avenir adviendra. Mais quel il sera, voilà qui demeure enveloppé dans les brumes de l'incertitude. De toute façon, le Pas-encore sera, plus tard, un Maintenant. De toute façon l'avenir sera présent et sera un Aujourd'hui, que nous soyons là pour le voir ou que nous n'y soyons pas. Dans tous les cas, dimanche prochain adviendrait même s'il n'y avait aucun homme pour l'appeler dimanche. Mais quel sera ce futur? 'qualis'? de quelle nature? Sera-ce un jour de fête ou un jour de deuil? un jour de lumière ou un jour de ténèbres? Telle est l'énigme du sphynx nommé futur.
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Il ne s’agit pas de « tuer » le temps, comme on dit, ni même de le « tromper », par surprise et en profitant de deux ou trois occasions honteuses. Il s’agit de le « passer ». Oui, c’est la conscience qui doit passer le temps, et non le temps qui doit passer à l’insu de la conscience. On dit parfois : une heure passée, c’est autant de gagné. Gagné sur quoi, s’il vous plaît ? Il faut que la conscience reprenne l’initiative par rapport à son temps pour activement l’endosser et pour en exploiter toutes les richesses. Il faut reprendre la direction du temps et rentrer en sa possession. Le temps de l’ennui est un temps un peu sauvage, un temps incompressible dont nous n’avons pas la libre et plénière disposition, qu’on ne peut ni ralentir, ni accélérer, ni renverser ; c’est-à-dire que s’il coule tout seul et sans qu’on ait besoin de le pousser, il représente aussi une certaine épaisseur objective à traverser ; il est impossible d’engloutir cette épaisseur d’attente, comme il est impossible d’abolir la distance selon l’espace (…) Les candidats à l’ennui sont ceux qui, dans leur impuissance, veulent sauter à pieds joints par-dessus les moments intermédiaires.(…)
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L'homme aventureux représente un style de vie, au lieu que l'aventurier est un professionnel des aventures.
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S'étourdir de bruit et de fait divers, refuser d'"approfondir", en un mot escamoter le mal, n'est-ce pas offrir à bon compte un bien-être fragile, éphémère et purement apparent ?
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il en es du presto comme de la mode, cette bougeotte du gout: les brefs engouements et les voltes face convulsives, et le décousu des styles, et les caprices de la vogue, toutes ces complications ne cessent de se multiplier par elles même et nous éloignent chaque jour un peu plus de la simplicité allègre du temps vrai. Le versatile, parmi ses tristes amusements n'arrive pas à faire peau neuve.
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Rien n'est si navrant qu'on ne puisse y retrouver encore l'or pur de la poésie.
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C'est le détour qui est le vrai chemin.
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Comme la vie vécue qui, sur le moment, paraît informe et, après la mort, devient une biographie, c’est-à-dire acquiert un sens organique et une finalité rétrospective, l’aventure qui, sur le moment et dans l’esprit de l’aventureux, pourrait finir tragiquement, cette aventure acquiert après coup et a posteriori un sens esthétique : la terminaison, comme dans les sonates et les contes, éclaire rétroactivement l’œuvre d’art.
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La temporalité privilégiée qu’à la suite du grand philosophe Georg Simmel nous voudrions décrire n’est pas à proprement parler, celle de l’aventurier, mais celle de l’aventureux. Car la temporalité aventureuse et la temporalité aventurière font deux… L’homme aventureux représente un véritable style de vie, au lieu que l’aventurier est un professionnel des aventures ; pour ce dernier, l’essentiel n’est pas de courir des aventures, mais de gagner de l’argent ; et s’il savait un moyen de gagner de l’argent sans aventures, il choisirait ce moyen ; il tient bazar d’aventures, et affronte des risques comme l’épicier vend sa moutarde. En somme l’aventurier est plutôt en marge des scrupules qu’en marge de la vie prosaïque. L’aventurier est simplement un bourgeois qui triche au jeu bourgeois, qui dérange le jeu des bourgeois, qui joue en marge des règles, comme on fait du marché noir ; car de même que le marché noir est une variété marginale, illicite et clandestine du marché, et la Bourse noire une variété inavouable de la Bourse, de même l’aventure de l’aventurier est une entreprise noire, en marge de la légalité. Pour l’entrepreneur de cette entreprise, pour ce professionnel égoïste et utilitaire, le nomadisme est devenu une spécialité, le vagabondage un métier, l’ « exceptionnalité » une habitude, l’ « asystématisme » un système de vie. L’aventure, dans l’aventurisme, est tout simplement un moyen en vue d’une fin ; au plus, un mal nécessaire. Il n’y a rien ici qui mérite de retenir notre attention ; rien que sordidité et mesquinerie. Les basses aventures aventurières ne sont qu’une caricature de l’aventure aventureuse. C’est un style de vie que nous voulons décrire, et non pas un système d’existence : car une vie entreprenante n’a rien de commun avec le métier d’entrepreneur. Dans une continuation aventurière, le chevalier d’industrie s’installe bourgeoisement ; dans l’aventure innocente et désintéressée l’aventureux est toujours un débutant…
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L’Aventure, l’Ennui et le Sérieux sont trois manières dissemblables de considérer le temps. Ce qui est vécu, et passionnément espéré dans l’aventure, c’est le surgissement de l’avenir. L’ennui, par contre, est vécu plutôt au présent : certes l’ennui se réduit souvent à la crainte de s’ennuyer, et cette appréhension, qui fait tout notre ennui, est incontestablement braquée vers le futur ; néanmoins le temps privilégié de l’ennui est bien ce présent de l’expectative qu’un avenir trop éloigné, trop impatiemment attendu a vidé par avance de toute sa valeur : dans cette maladie l’avenir déprécie rétroactivement l’heure présente, alors qu’il devrait l’éclairer de sa lumière. Quant au sérieux, il est une certaine façon raisonnable et générale non pas de vivre le temps, mais de l’envisager dans son ensemble, de prendre en considération la plus longue durée possible. C’est assez dire que si l’aventure se place surtout au point de vue de l’instant, l’ennui et le sérieux considèrent le devenir surtout comme intervalle : c’est le commencement qui est aventureux, mais c’est la continuation qui est, selon les cas, sérieuse ou ennuyeuse. Il s’ensuit naturellement que l’aventure n’est jamais « sérieuse » et qu’elle est a fortiori recherchée comme un antidote de l’ennui. Dans le désert informe, dans l’éternité boursouflée de l’ennui, l’aventure circonscrit ses oasis enchantées et ses jardins clos ; mais elle oppose aussi à la durée totale du sérieux le principe de l’instant. Redevenir sérieux, n’est-ce pas quitter pour la prose amorphe de la vie quotidienne ces épisodes intenses, ces condensations de durée qui forment le laps de temps aventureux ?
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