AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de kikiberard22


Je disais donc : les histoires d'amour finissent mal en gé.né.ral ♪♪♪
À présent, je peux ajouter que parfois elles commencent mal ; voir qu'elles peuvent être à sens unique, ce qui peut poser problème. Et dire que certaines sont complètement malsaines, toxiques, violentes, destructrices, assassines dans le pire des cas, n'est pas exagéré.


Une fois n'est pas coutume, mon petit coeur me réclame de la romance, de la douceur. Mes dernières lectures lui ont donné des petites palpitations inhabituelles, des pulsations accélérées, de légères extrasystoles...
Pauvre petit coeur : "soit plus fleur bleue, semble-t-il m'alerter".
Plus fleur bleue ? Bah voyons !
Je vais t'en donner de la romance !
Pour le duper, je fais semblant de capituler ; ok, lisons une histoire d'amour...
Tiens! Je le sens déjà se réguler le petit organe.
Je vais aller piocher parmi mes connaissances, un expert fleur bleue qui aurait une belle romance dans sa besace.
Voyons voir...
Buko ? ... non
Selby ? ... non plus
Ketchum ? non
Jauffret... ah voilà, il a justement donné ce titre à un de ses romans "Histoire d'amour" , formidable !
Il n'a rien vu venir le p'tit tambourin. Il retapote tranquille à 60 bpm, comme à la plage.
Visiblement il ne connait pas Régis, le p'tit coeur.

Parce que la belle histoire d'amour que voici, elle est plutôt trashouille. Disons, que ce n'est pas vraiment une histoire d'amour, enfin si, mais à sens unique et plutôt du genre psychopatique.
J'explique : comportement d'un psychopathe :
Impulsivité, détachement émotionnel, manque d'empathie, de culpabilité et de remords.
Notre narrateur, que l'on va suivre tout du long, cumule bien tous ces traits de personnalité.
On dirait que l'histoire d'amour vient de tomber à l'eau :))
Notre Psycho, qui est accessoirement professeur au lycée, tombe amoureux (fait un blocage) sur une jeune femme dans le métro.
Bzzzii ! Bzz ! (cerveau qui grille)

_ "j'ai tout de suite compris qu'elle serait ma femme. Sa poitrine était grosse, je me la figurais ferme, avec des aréoles d'un beau rose. Sous son pull, il me semblait que le ventre était plat, élastique, et qu'il se terminait par une pilosité abondante. J'imaginais son sexe chaud, sec, collé au sous-vêtements. Quand elle s'est levée et qu'elle est descendue sur le quai, je l'ai suivie". (page une, deuxième phrase ; le ton est donné) Bzzzz!!!

Nous basculons d'un fantasme d'amour conjugal (avec enfants et tout et tout... je précise) à une série de harcèlement, avec attouchements, viols, invitations au resto, projets d'avenir, visites à beau-papa - belle-maman, jeux de piste et plus si affinités.
Bien-sûr, tout ça dans tous les sens et en mode non-stop.
Bzz ! Bzzzii ! ...
_"j'ai attendu que sa collègue ait fini de servir une cliente, je lui ai demandé où se trouvait Sophie.
_ elle est partie.
_ elle est partie où ?
_ elle a démissionné.
_ vous connaissez son adresse ?
_ non.
J'avais envie de fermer le magasin de l'intérieur, de l'étrangler et de fouiller de fond en comble. Son adresse devait bien se trouver quelque part. J'ai giflé la femme, elle s'est mise à hurler comme si j'attentais à sa vie. Un couple est entré dans la boutique, je me suis en allé". (p76)
un exemple parmi tant d'autres.
Comme vous pouvez le constater, il est bien dans son monde, ne se remet pas trop en question. Hormis les viols, c'est cette attitude qui donne à ce personnage ce côté flippant.
Il en serait presque drôle, tellement il est décalé (bon, entre nous, j'avoue, j'ai ri un peu...ma femme aussi)
Oohh! C'est bon... c'est un roman
Si j'investis 8 balles dans Jauffret, c'est que je sais que ça risque de grincer un peu.

Puis, la quatrième ne trompe personne :
"j'ai été réveillé par l'irruption de deux inspecteurs de police dans la chambre. Ils m'ont demandé de m'habiller et de les suivre.
_ pourquoi ?
Ils m'ont jeté mes vêtements à la tête.
_ dépêchez-vous.
Quand j'ai été vêtu, Ils m'ont passé les menottes. Je me suis dit que je ne savais même pas son prénom. En sortant de l'appartement, j'ai vu son nom sous la sonnette, elle s'appelait Sophie Galot.
Au commissariat, ils m'ont expliqué qu'elle avait porté plainte contre moi pour Viol".
Explicite, non ?



Vous voilà prévenus, si comme mon petit coeur vous n'aimez pas les turbulences, n'investissez-pas un radis dans cet auteur.
Au contraire, si vous aimez le cynisme en littérature, les petites phrases assassines, les ambiances névrosées, le monde désenchanté ou franchement malade, la provo sympa, et l'humour déplacé, Régis Jauffret fait le job.
Quelque part entre Houellebecq et Claire Castillon (mon avis rien qu'à moi) ;))







Commenter  J’apprécie          1210



Ont apprécié cette critique (12)voir plus




{* *}