The Girl Next Door (2007) - Trailer
La douleur ne se limite pas à la souffrance physique, à son propre corps – surpris – qui proteste contre une atteinte à sa chair.
La douleur peut venir de l'extérieur.
Quelquefois, ce que vous voyez peut faire mal. La forme de douleur la plus cruelle et la plus pure. Sans médicament ni sommeil pour l'atténuer, sans état de choc ni coma pour la fuir.
Vous la voyez et vous l'engrangez. Et ensuite elle vous possède.
Ne comptez pas sur moi pour vous raconter.
Je m’y refuse.
Plutôt mourir que de décrire certaines choses. En avoir été le témoin peut vous amener à regretter de ne pas être mort avant.
J’ai regardé et j’ai vu.
La vie vous joue de ces tours, parfois. Il a déjà eu l'occasion de le remarquer. Elle vous emmène très haut, puis vous fait retomber d'autant plus durement, et revient pour vous pisser sur les pompes, en plus.
On ne se rencontre jamais soi-même, à moins de surprendre son propre reflet dans l'oeil d'un autre être humain.
Loren Eisley

- Tu en as vraiment déjà vu ?
- Vu quoi ?
- Un nichon.
- Pour de vrai ?
- Ouais. (Donny rit.) Ceux de la soeur d'Eddie.
Il provoqua un nouvel éclat de rire collectif, parce que tout le monde les avait vus.
- Non, je veux dire sur une femme.
- Nan.
- Et vous autres ?
Il regarda autour de lui.
- Ma mère, dit Tony, visiblement mal à l'aise. Une fois. Je l'ai surprise dans la salle de bains pendant qu'elle enfilait son soutien-gorge. J'ai tout vu, l'espace d'une minute.
- Toute une minute ?
Kenny prenait vraiment ça très à coeur.
- Non, une seconde.
- Mince ! C'était comment ?
- Qu'est-ce que c'est que cette question ? « C'était comment ? » Je te parle de ma mère, bon sang ! Sainte Vierge ! Espèce de pervers !
- Hé ! Je n'avais pas l'intention de te vexer !
- C'est bon, il n'y a pas de mal.
Mais, à présent, nous pensions tous à Mme Morino, une Sicilienne courte sur pattes, à la taille épaisse et avec bien plus de moustache que Tony – mais elle avait de gros seins. Essayer de se la représenter ainsi constituait un exercice à la fois difficile et intéressant – et un rien répugnant.
(p. 93-94)
La douleur ne se limite pas à la souffrance physique,...
La douleur peut venir de l'extérieur.
Après son départ, elle reste, assise, nue, sur le bord de son lit, pendant un temps qui lui paraît long. Puis, sous l'impulsion d'une sorte d'horloge interne, elle se lève et procède à des ablutions de péripatéticienne dans le bidet. L'entrejambe et les dessous de bras savonnés, rincés, séchés, elle enfile sa nuisette et retourne au lit s'allonger. Peu après, la voiture arrive, des portières claquent et le vide qui en résulte est le résumé de sa vie.

Les manèges provenaient d'une troupe ambulante de forains professionnels. A nos yeux, les forains représentaient le comble de l'exotisme. Des hommes d'allure peu commode et des femmes qui travaillaient, une Camel coincée entre les dents, plissant les yeux contre la fumée qui s'élevait, arborant des tatouages, des cals et des cicatrices, sentant la graisse et la sueur. Ils juraient et buvaient de la Schlitz en travaillant. Comme nous, ils ne rechignaient pas à cracher de gros mollards dans la poussière.
Nous adorions la fête foraine et les forains. Comment aurait-il pu en être autrement ? En l'espace d'un après-midi d'été, ils transformaient notre cour de récréation - ses deux terrains de base-ball et celui de foot, ainsi que sa surface goudronnée - en une ville de toile et un tourbillon d'acier. Ils allaient si vite que nous pouvions à peine en croire nos yeux. C'était magique, et ces magiciens affichaient des sourires où brillaient des dents en or et ils arboraient des tatouages "J'aime Velma" sur leurs biceps. Irrésistible.
(p. 55-56)
Les enfants étaient impuissants. Presque par définition. On attendait d'eux qu'ils endurent les humiliations ou se sauvent en courant. Protester n'était envisageable qu'en louvoyant : se réfugier dans sa chambre en claquant la porte, crier et hurler, broyer du noir pendant le dîner, jouer la comédie, casser volontairement quelques chose "par accident". Ou encore adopter une attitude renfrognée, sombrer dans le silence, merder à l'école. Et c'était à peu près tout. Toutes les armes que contenait votre arsenal. Mais tenir tête à un adulte et carrément l'envoyer paître n'en faisait pas partie. Dire simplement "non" à un adulte était inacceptable. Nous étions trop jeunes pour ça. (p. 161)
Après chaque marche, je marquais une pause pour écouter. Je variais le délais entre chaque marche afin de ne pas suivre un rythme identifiable.
Mais chaque marche avait son mot à dire.