Le sujet de la soirée , “sexe et moral “éveillait sa curiosité ....L’exposé fut plus difficile à suivre qu’il ne l’avait prévu, les concepts de libido, de surmoi,, de ça, d’éthique et de perversion polymorphe se déployaient davantage que ceux, plus familiers à Bernard, de fesses, bites et nichons.
C'est aussi à cette époque qu'il se mit à lire Kierkegaard. Le titre de l'essai Ou bien…Ou bien, par son incertitude affichée, l’attirait particulièrement. Il ne comprit pas grand-chose. Il s’essaya aux Miettes philosophiques, mais là encore, ce fut un morceau un peu lourd à avaler. Il finit par deviner que l’existence proposait plusieurs directions, différentes manières de vivre : le stade esthétique, le stade éthique et le stade religieux. Il sentait confusément que lui-même relevait du premier stade, mais tout aussi confusément il saisissait que Kierkegaard estimait moindrement ce choix existentiel. A force de réfléchir à la question, il réussit, quelques jours, à joindre le stade esthétique et le stade éthique, disjoints pourtant par le philosophe danois. Il dut reconnaître plus tard que c’était là un piètre bricolage.
Sa réflexion prit alors une autre ampleur, un autre envol, un autre chemin… Puis, il décida de ne plus lire Kierkegaard.
Si je n’avais pas été moi, j’aurais été un autre. Cet autre n’aurait jamais su qu’il n’avait pas été moi.
Comme l’ennui l’envahissait peu à peu, il se disait que c’était le signe qu’il était en train de se cultiver.