Comment découvre-t-on un auteur ?
Télérama ? Je ne l'achète plus.
Le Masque et la plume ? Je l'écoute depuis 5O ans.
La Grande Librairie ? Je la regardais rarement, mais plus du tout depuis ce mielleux d'
Augustin Trapenard (j'ai du mal à digérer son interview complaisante de Diam's)
Les amis, mes enfants, mon mari, les bibliothécaires, les libraires ?
J'ai failli oublier Babelio !
Ce que je sais c'est que j'ai rencontré
Patrice Jean et "
L'homme surnuméraire", dans le figaro du 8 décembre 2017, sous le titre (bien vu) "La littérature doit-elle être humaniste ?".
"
Le Figaro, tiens donc !" J'entends déjà les ricanements du PR !
"
Le parti d'Edgar Winger" confirme cette rencontre.
J'ai ressenti le même effroi devant ces militants sûrs de leur bon droit, sans concession, persuadés d'être le Bien, prêts à éradiquer (pour l'instant symboliquement et socialement) toute pensée contraire, voire même simplement nuancée, où l'ignorance fait la courte-échelle à la bêtise satisfaite.
J'ai connu, dans les années 70, du côté de Jussieu, un "anti-caca, anti-pipi, anti-capitaliste", l'anar de gauche Aguigui Mouna (qui fait l'objet, à ma grande surprise, d'un long article dans Wikipédia).
Le café niçois Bis-Itinéraire que fréquente notre héros, est plutôt dans cette mouvance (alternatif, anarchiste, végan, pro-migrants), pas mal barré, mais considéré par d'aucuns comme l'allié objectif du capitalisme (d'un certain point de vue, évidemment)
On en est loin avec le PR (Parti Révolutionnaire), on est plutôt du côté des garde-rouges, des gardiens de la révolution, des khmers rouges, qui jamais ne doutent, enfin presque jamais, et s'ils ont un instant de doute, ont vite fait de se remettre (ou d'être remis) dans le droit chemin.
Edgar Winger, théoricien de la domination capitaliste a disparu des radars depuis une vingtaine d'année.
Le PR, confie à Romain Bisser la tâche de le retrouver, il aurait été vu à Nice et de le convaincre de revenir dans le mouvement, ils ont besoin de lui, de son intransigeance. Il ne reste que lui, depuis la disparition de
Sartre, Foucault,
Deleuse, Debord, Bourdieu et (ouf !) Dérida.
Mais il reste introuvable.
Il aurait dû le rester, car Romain, exclu du parti pour une main aux fesses involontaire, continue sa recherche et l'ayant retrouvé, comme il est déçu, le pauvre ! Quelques questions l'effleurent, bien vite remisées dans le néant des tentations que le capitalisme sait si bien exploiter.
Je le vois bien, notre petit Romain, quelques années plus tard avec compagne et enfant, le poing toujours levé bien haut, se croyant toujours révolutionnaire et habitant du côté de Belleville-Ménilmontant.
La co-pro dont il fait partie a demandé de grillager l'entourage de l'immeuble et de fournir un "bip" à tous les habitants (j'extrapole...)
Evidemment, nous avons (et aurons) droit aux discours tout faits avec les expressions que, désormais, nous connaissons bien : patriarcat réactionnaire, culture petite-bourgeoise, délire raciste, stéréotypes sexistes, lutte des opprimés contre l'oppression, lutte sans pitié contre le mâle blanc hétérosexuel, minorités forcément victimes, etc... etc... etc...
Sous couvert d'ironie et de dérision,
Patrice Jean met en scène toute une idéologie qui est en train de se diffuser hors des Sciences Sociales, dans les domaines de l'Education Nationale, de l'Histoire, de la liberté d'expression (par des interventions violentes ou interdictions de conférences).
D'ailleurs qui peut, sans se faire agonir d'injures, s'inquiéter de la radicalité de Me Too ou de BLM ?
Bref, au même titre que
Douglas Murray ou
Philippe Muray,
Patrice Jean me passionne, me démoralise, voire... me désespère.
Mais faire peur à la (petite) bourgeoisie, quel pied !