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Citations sur Contes du Soleil Noir : Crash (4)

La petite femme énergique a pris les commandes – une Mme Charbit, qui préfère qu’on dise Estelle. Malika l’aime bien, apprécie son style piquant, précis – la façon qu’elle a de parler au groupe avec un dynamisme dépouillé de fioritures : voilà comment ça va se passer (en écrivant ce qu’il faut retenir ou recopier sur un tableau Velléda). « Y en a-t-il ici qui ne savent pas écrire ? » L’une des élèves, une fille vraiment très grosse, lève la main. « Vous allez devoir suivre un cours d’alphabétisation, c’est obligé, même pour faire des ménages. Mais ne vous inquiétez pas, on va vous orienter – on a de très bons professeurs. » Malika ne peut pas s’empêcher de penser que c’est du flan, que cette fatma n’aura jamais ni formation ni travail, qu’on se contentera de ne pas la rappeler, et le boulot sera pour elle, parce qu’elle sait écrire, parce qu’elle est pas la moitié d’une conne.
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C’est incroyable. De là où elle se trouve, il était impensable qu’aucun de ces débris ne l’atteigne. Quand ça commence c’est déjà fini – c’est à peine si elle a eu le temps de sursauter. L’explosion est assourdissante – d’ailleurs très vite ce n’est plus rien d’autre qu’un seul grand sifflement sourd. Le toit du bus s’est décollé, les pans d’en haut se sont ouverts comme une peau de banane – au milieu de la lumière, le feu thermite blanc – à peine un instant puis désintégration. Le verre, le métal, la poussière – tout arrive en même temps. Des échardes, une bouffée d’ozone, un lambeau de vêtement sanglant… Pince-moi si je rêve – elle n’a rien de mieux à dire pour l’instant – c’est trop soudain, trop violent. Ça fuse chaud autour de son visage, ça rebondit jusqu’au bord du parc – bris de vitres, aluminium – rien ne la touche. Puis voilà : le toit du bus soufflé par l’explosion retombe finalement du ciel, comme ça, crash, trois mètres devant elle sur le bitume.
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Tout là-haut, juste au-dessus, dans le ciel d’albâtre, un mastodonte ultraviolet se déploie – la masse incolore de la tour IGH s’y reflète comme dans un miroir ovale, sommet en bas. Ça n’a aucun sens, elle le sait – elle est prête à courir s’il le faut, les bras tendus devant elle, le nom muet de son fils dans la bouche. Le mastodonte aspire tout l’air qui manque à ses poumons et tricote une cathédrale, un oppidum de briques noires aux fibres décousues des nuages. Est-ce un autre effet d’optique tordu ou la forme derrière la vitre a-t-elle bien bougé une main, comme pour faire coucou, ou au revoir ? Elle ne pourra jamais savoir. Rumble. L’immeuble se casse en deux – par le milieu, sur la longueur, dans une déflagration de feu d’artifice. Et crash, ça s’affaisse, ça s’effondre – millefeuille fendu à la flèche dans une débauche de sucre farine. La foule fait « oh ! » Certains applaudissent. La plupart continuent de filmer. Une déferlante de poussière grise, levée dans un bruit de tonnerre, s’étend au pied du cataclysme – l’air se trouble, il n’y aura bientôt plus rien à voir. Regardez juste avant que ça coupe : les gens commencent à reculer sur le terre-plain et là – juste là, à gauche de l’écran, à côté du type en jaune, vous voyez ? Immobile, en châle et lunettes, Jackie O, la bouche ouverte – c’est elle, oui. Elle est vraiment là.
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Elle se représente son cerveau comme une grille Excel sous Windows – une grille qui aurait un bogue. La migraine a démarré vers 17 h 15, peu après son arrivée dans les spacieux bureaux de la tour en verre Natexis, son premier ménage du soir. Là elle est dans les toilettes (impeccables, comme dans une série d’avocats) – elle regarde l’Efferalgan bouillonner dans le gobelet en plastique – juste une bouffée de détergent, en ouvrant le bidon – cette odeur qu’elle ne supporte plus, qui lui colle au palais, lui tapisse la langue – et maintenant c’est une aiguille quelque part sous sa tempe gauche. Elle boit l’effervescent, grimace, s’en aperçoit dans le miroir. Un désastre se dit-elle, tristement – elle était si jolie, il n’y a pas si longtemps que ça… Blouse verte, gants plastique – elle ne s’est jamais vue si creusée, si usée – elle en est même surprise. « Qu’est-ce que tu fous ici ? C’était ça ? C’était ça ? Pas mal de choses s’intercalent dans son fichier XL bité – une icône de sa mère, une colère de son père – un mot froid de Youcef gravé à jamais dans son disque. Elle se souvient combien elle l’aimait, elle se souvient d’un certain soir à Oran… Mais tout cela n’a rien à voir avec les seize boxes qu’il lui reste à désinfecter – c’est fou comme un clavier peut vite devenir dégueulasse.
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