Le valet posa ma malle d'osier à l'entrée du vestibule, souffla et s'épongea la figure avec son mouchoir. Sous le soleil, la chaleur était déjà lourde, en cette fin de matinée du mois d'août , une agréable fraîcheur me saisit dès que je fus à l'abri des murs épais du manoir de Vaillac, la superbe maison des Gardiency.
Le jour même, elle décida de reprendre la lecture de "La Chartreuse de Parme" au chapitre XV, c'est à dire à l''arrestation de Fabrice del Dongo. Elle m'accabla par avance de recommandations.
- Lisez lentement, articulez, marquez bien les points, les virgules, les points-virgules...Je veux tout comprendre. Si vous saisissez mal quelque chose, ne craignez pas de vous arrêter : nous en discuterons.
Elle me fit signe d'entrer. Il y eut un bruit de verrou. Je me retournai. Elle venait de m'enfermer dans la pièce. Je tressaillis, mais tâchai de ne pas montrer mon inquiétude.
Je mangeais de moins en moins. Ce demi-jeûne me donnait un certain bien-être : je voyais plus clair dans mon âme, sans pour autant être bouleversée par ce que je découvrais... Quand Mme Henriette m'adressait de mauvaises paroles, de mépris ou de menace, je lui répondais d'un sourire sincère et sans rancune