Il nous faisait rire et il riait avec nous. Parce qu'il se croyait marrant. Mais nous on ne riait pas AVEC lui, on riait DE lui. Ce n'est pas pareil.
Et pour être stimulé, Valentin l'a été. Par Stimulator en personne. Persecutor. Et il m'arrivait d'être fascinée par le talent de dissimulateur (Dissimulator !) de Bastien. Il y aurait de quoi chauffer la ville pendant dix ans avec les crayons à papier qu'il sortait négligemment de la trousse de Valentin et qu'il ne lui rendait qu'après les avoir brisés en deux. On pourrait caler toutes les vieilles armoires bancales de la région avec les gommes "empruntées" à Valentin et restituées à leur propriétaire débitées à coups de ciseaux, en deux ou quatre morceaux.
Si l'encre pouvait faire avancer les voitures, on roulerait jusqu'à la fin des jours avec le contenu des cartouches que Bastien vidait dans les affaires de Valentin, dans sa trousse, dans son cartable, dans ses poches, dans son cou...
Il avait l'art de s'arrêter au bon moment pour n'être pas pris en faute. Jamais rien de trop. Et surtout, sa victime ne protestait pas, ne protestait plus.
Je l'ai toujours pensé, en fait : Boubard était une anguille - une grosse anguille au nez rose, d'accord... Je vois que vous souriez et que je ne vous choque pas en disant ça, tant mieux... Son truc de parler tout le temps, d'être omniprésent, de prendre la tête aux uns et aux autres, je n'en ai jamais été dupe : c'était sa stratégie, une façon de se planquer, de ne jamais dire ce qu'il pensait, de ne pas laisser voir qui il était vraiment : un mec bidon, sans personnalité... Mon père le dit toujours : on ne peut pas compter sur ce genre de types. A la première occasion, ils vous filent entre les doigts...
Les profs aussi se sont vite lassés de lui. En particulier Biolle, qui est sans doute celle qui avait manifesté la plus grande patience à l'égard de Boubard, celle qui s'est le plus longtemps laissé prendre à son petit jeu de la séduction. Elle a fini par craquer lors du premier conseil de classe. Alors qu'on abordait la fiche de Boubard, Biolle a brusquement pris la parole. Bien que nous soyons présents, Alice et moi, en tant que délégués, elle a déclaré avec une sorte de profonde lassitude :
- Ce garçon est soûlant!
Il avait l'air de mentir et le doute s'est insinué en moi. Et s'il avait renversé Fatima volontairement? Aujourd'hui encore, je vous assure que je ne suis plus sûr de rien... Il y a toujours eu chez Boubard pas mal d'hypocrisie, derrière ses airs assurés et ses faux sourires de sournois. Il ne faut pas toujours le voir comme une victime... Mais je me suis contenté de dire :
- C'est bon pour cette fois. Serrez vous la main tous les deux.
Là, il s'est passé une chose amusante : Boubard a tendu la sienne et Karim et Lionel ont tendu la leur en même temps!
J'ai rigolé :
- D'accord : tous les trois, si vous voulez. C'est encore mieux!
En classe, un petit malin a fait circuler un papier : "Sleepy = assassin" et d'autres petits malins l'ont suivi : "Vengeance pour Fatima". Xavier a dessiné tout une planche de bédé, "Le vélo de la mort", avec des "Boum" des "Aaarrgh", des cris, du sang... On a bien rigolé, ce lundi-là. Je me rappelle avoir écrit "Assassin" avec des doubles "s" anguleux, à la façon des nazis. Des bêtises. Vous voyez, je ne me donne pas non plus le beau rôle, et je reconnais que j'en ai fait baver à Boubard, tout au long de l'année. Mais rien de vraiment méchant.
Il n'empêche que...et c'est cette petite phrase que vous allez noter, surligner et souligner en rouge trois fois : TOUTE LA CLASSE SAVAIT ET PERSONNE N'A RIEN DIT.
Je ne savais pas pourquoi il ne me regardait pas. Par timidité ou par arrogance ? Ça pouvait être les deux. (p.8)
Il n'empêche que... et c'est cette petite phrase que vous allez noter et surligner et souligner en rouge trois fois :
TOUTE LA CLASSE SAVAIT ET PERSONNE N'A RIEN DIT. (p.133)
J'ai senti,et Valentin a pu le sentir aussi qu'à cet instant-là Bastien ne faisait pas le poids
-Répète un peu ! lui a dit Valentin ?
Dans le regard de Bastien , la surprise a été grande découvrir la détermination nouvelle de son souffre douleur et il a hésité à répéter sa puante ritournelle , dals le plus pur style de ses rituels d' intimination qui lui avaient jusque là réussi
11 heure moin 2, ca a été la panique la plus complète , parce que le clairon de notre uniter avait perdu son embouchure.
Il a retrouver plein de tabac au fond du poche quand il la eu nettoyer
"Karim s'empare du pied droit de Valentin toujours maintenu à terre par Antoine et Xavier.Bastien abaisse le pantalon jusqu'à mi-cuisses, puis le slip. Il se fait un silence de mort."