Je décollerai du sol
quand j'aurai des ailes
cousues à la surface
de mes illusions
C'est bizarre de voir ma vie défiler au fur et à mesure des phrases, de revivre tout ça en lisant, de regarder celle que j'étais devenir peu à peu celle que je suis.
J'aère mon cerveau qui pèse une tonne. Qui repose sur deux colonnes. Qui coche des croix d'un côté de l'autre. Qui compte. La probabilité. Le risque. Le danger. D'être moi-même. Aux yeux des autres. Aux mains des autres. Aux lois des autres. Et si j'échappais à la règle? Si j'échappais à moi-même? Je ne sais pas. Je ne comprends pas. Pourquoi choisir. Pourquoi devoir choisir.
Maintenant qu'
On a supermarché sur la Lune
On a ultra-violé le Soleil
Il nous reste la Terre à terroriser
Nous sommes les pires meilleurs
Au podium de la fin du monde
Nous avons l'art du chaos
La passion des ruines
Nous avons la science de l'incendie
La politique du cyclone
Nous savons avancer à reculons
Nous savons grandir en rétrécissant
Rien ne pourra nous empêcher d'échouer!
Quand j'ai commencé ce journal, je ne pensais pas arriver jusque-là. Je pensais juste griffer des limaces, écraser des cafards, caressée des panthères. Mais aujourd'hui je relis les pages une par une, je me rends compte que j'ai aussi plié des girafes, tatoué des libellules, accouché des vipères, décoiffé des narcisses, moisi des pamplemousses, noyé des piranhas, cousu des becs, vissé des noyaux, tranché des autruches.
Peur. Peur. Peur. Quarante-Neuf fois peur d'avancer. Seule, sans un théorème, avec mes pauvres tables de multiplication, je cherche à me soustraire à la peur, à résoudre une équation aux quarante-neuf inconnues. Est-ce que la vie est si mathématique ?
Maintenant qu'on a supermarché sur la Lune, on a ultra-violé le Soleil, il nous reste la Terre à terroriser.