J'ai reçu le premier roman de
Philippe Joanny dans le cadre de la masse critique du mois de janvier organisée par Babelio. Je remercie les éditions Grasset pour cette découverte !
Nous sommes à la fin des années 70, à Paris. le jeune Philippe vit non loin de la gare de Lyon, rue d'Austerlitz, à l'hôtel de Bourgogne, avec sa mère Annick, son père Gérard et son petit frère Rémi.
La rue est animée, grouillante de vie. Il faut dit que les parents de Philippe ne sont pas les seuls à tenir un hôtel, la rue en est truffée. La vie est donc rythmée par les allées et venus de chacun : les patrons, les clients, les gamins, les voisins, les filles qui tapinent.
Les parents se Philippe ne s'entendent pas, ou plus. Ils n'ont pas l'air de s'aimer non plus d'ailleurs, ou plus peut-être, on ne sait pas trop. Philippe est comme tous les enfants en apparence, il se chamaille avec son frère, il aime jouer avec ses copains. Mais il est aussi très observateur, très sensible. Il ne supporte pas le comportement de son père, colérique, alcoolique, vulgaire, raciste et adultérin. Il le déteste, disons-le. Avec sa mère c'est plus compliqué. Il ne supporte pas de la voir souffrir, mais il n'arrive pas non plus à aimer comme il faudrait cette femme qui n'a jamais eu de geste tendre pour lui.
Les gestes tendres, il en rêve... mais ils viennent pas de sa mère. Il rêve de garçons. Et ça, très tôt. Et ça, au moment où le Sida fait son apparition et entame son oeuvre mortelle.
J'ai été très touchée par l'écriture de
Philippe Joanny. Précise, juste et souvent acerbe. J'ai eu aussi par moment du mal à rester plongée dans cette histoire, moi qui, à cette époque, n'allait naître que 20 ans plus tard. Moi qui ait grandi dans une société où le sida s'est presque "normalisé" mais où l'homophobie est encore hélas trop présente, j'ai eu la sensation d'assister à quelque chose dont je connaissais déjà l'issue. Je voyais ce jeune homme, avec ses peurs face à ses désirs et cette société dont il était persuadé qu'elle ne l'accepterait jamais ; j'aurai aimé lui dire que tout allait s'arranger, mais j'étais tout aussi impuissante que lui.
J'ai vu dans plusieurs avis que les passages les plus crus quant aux désirs et à l'imaginaire du garçon mettaient mal à l'aise. Je ne rejoins pas totalement ces avis dans la mesure où certes, quand on est soi-même hétéro-normé(e), il peut ne pas être évident de transposer nos propres désirs face au sexe opposé dans le cadre d'une relation/d'un esprit homosexuel(le). Mais il n'y a rien de cru ni de vulgaire. Juste un ado qui découvre avec joie et douleur sa sexualité. Rien de bien extravagant finalement :)