AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,69

sur 50 notes
5
5 avis
4
7 avis
3
4 avis
2
4 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
En 1979, le narrateur a onze ans. Il vit avec ses parents, à Paris, dans l'hôtel dont sa mère est propriétaire et gérante. La vie n'est pas folichonne : Annick (la mère) est exigeante, colérique, complexée par son surpoids, ne cesse de se plaindre et n'offre pas beaucoup de chaleur humaine. Gérard, le père, est employé des Postes, bête, moche et méchant, et en plus, coureur de jupons. Les deux se détestent depuis le début de leur mariage, ou presque, mais sont toujours ensemble.
Un jour la police débarque à l'hôtel et emmène Annick, soupçonnée de proxénétisme. Elle sera relâchée quelques heures plus tard, mais cet événement est fondateur pour le narrateur, puisqu'il marque la fin de son enfance (dixit la 4ème de couverture). Et de fait, en quelques mois, quelques années, son univers évolue. Il comprend qu'il est différent et qu'il doit cacher son homosexualité, d'autant plus avec l'apparition du sida (ce « cancer gay »), dont le mode de transmission est encore très mal connu à l'époque, et qui suscite des poussées d'homophobie à l'échelle mondiale. Marqué par le battage médiatique autour de ce virus, le garçon n'arrive pas à imaginer son avenir autrement que malade et mourant. Et puis il y a Mitterrand qui déboule, ses promesses qui ne sont pas tenues, et la montée en puissance d'un certain Jean-Marie le Pen, adulé par Gérard. Pendant ce temps, le narrateur (dont le prénom n'est cité qu'une seule fois : Philippe. Avec la question de savoir dans quelle mesure ce roman est autobiographique ?), le narrateur, disais-je, voudrait voir la vie en rose dans les bras de son pote Sami ou du bel éphèbe du cours de gym, mais il doit se contenter de la voir en gris béton, moqué à la maison et à l'école, lui qui n'aime pas le sport et passe son temps à rêvasser.
J'ai eu du mal à m'intéresser à ce roman qui dépeint une tranche de vie, une époque. L'ambiance est pesante, aucun optimisme. Il ne s'y passe pas grand-chose, à part l'arrestation d'Annick au début (et encore, malgré qu'elle soit présentée comme l'élément déclencheur de la vie adulte du narrateur, on ne comprend pas très bien en quoi. Quel rapport avec la découverte de son homosexualité quelques mois plus tard ?), et l'achat d'un pavillon en banlieue (mais la vente a-t-elle eu lieu ? si oui, pourquoi ne s'y sont-ils pas installés après plusieurs années ?) Bref, des choses sont posées puis laissées en route. Evidemment, le thème, c'est l'homosexualité du narrateur et la façon dont il se débat avec ce qu'il est. Mais pour moi, ça manque de consistance, et parfois de crédibilité. Les personnages sont assez caricaturaux et peu développés pour les secondaires (et c'est dommage, il y avait matière), le style n'a rien de particulier. Et surtout, je n'ai pas compris sur quoi cela débouche, puisque la fin est à peine différente du début. le narrateur se pose beaucoup de questions mais ne donne pas l'impression qu'il va en chercher les réponses. Dépeindre une « période charnière », je veux bien, mais cela suppose une transition vers un changement, et là, je reste sur ma faim.
En partenariat avec les éditions Grasset via Netgalley.

Lien : https://voyagesaufildespages..
Commenter  J’apprécie          523
En lice pour le Goncourt du premier roman 2019 finalement remporté par le Court vêtue de Marie Gauthier, Philippe Joanny et Comment tout a commencé ont retenu notre attention chez Lettres it be. Entre autofiction et roman biographique, Philippe Joanny nous propose une plongée dans le Paris des années 70-80, dans une existence bousculée et basculée.

# La bande-annonce

Paris, 1979. Rue d'Austerlitz, à deux pas de la gare de Lyon. Une enfilade d'hôtels, le Bourgogne, l'Aveyron, le Toulouse..., des filles qui font le trottoir, un bistrot où traînent des maquereaux et des loubards. Sans oublier les gosses, qui après l'école jouent sur les pavés. Rue d'Austerlitz, on ne s'ennuie jamais.
Patronne du Bourgogne, Annick n'a pas une vie facile. Entre l'hôtel dont elle est prisonnière et son mari, Gérard, une brute alcoolique et raciste qui la trompe sans arrêt, elle n'est pas loin de craquer. Il y a bien ses deux garçons, mais l'aîné n'est pas le fils espéré. À onze ans, il dessine des robes de princesse, rêve devant les majorettes, est maniéré.
Un jour, le garçon voit sa mère monter dans le panier à salade, embarquée pour proxénétisme. C'est la déchirure. Son père, dont le nouveau héros est Jean-Marie le Pen, il le hait si fort qu'il souhaite et planifie sa mort. Il n'a qu'une hâte : grandir vite, partir. Jusqu'à ce que le « cancer gay », qu'on n'appelle pas encore sida, fasse son apparition, un soir, au journal télévisé...
La peinture juste et terrible d'une période charnière, et la mue poignante d'un adolescent pas tout à fait comme les autres.

# L'avis de Lettres it be

Le narrateur de cette histoire, petit garçon dans les premières pages, raconte cette tranche d'existence dans les chambres et les couloirs de l'Hôtel de Bourgogne à Paris, à quelques pas de la Gare de Lyon. Une mère prostituée, un père alcoolique et raciste, un petit frère modèle puis une descente qui ne tourne pas vraiment bien… le tableau n'est pas reluisant, le tout noyé dans un Paris des années 70-80 dont l'ambiance est très vite et bien posée, point fort du roman. Ce narrateur, nous le suivrons tout au long du récit, sur les pas d'une homosexualité qui se découvre et se déclare avec ces envies coupables d'enfiler les escarpins maternels ou de broder des pétales de rose. Et c'est précisément à partir de là que le bât commence à blesser…

« Un soir, le ciné-club programme le film Freaks. C'est un choc. Il n'a jamais rien vu de pareil. Les phénomènes qu'on exhibe à la Foire du Trône comme la femme à barbe, Rita la femme la plus grosse du monde, les soeurs siamoises ou les géants le font trembler. Dans Freaks, il y a pourtant bien des siamoises, un homme tronc, des nains et des géants, mais ce film-là, il ne sait pas pourquoi, c'est autre chose. Il le regarde le corps tendu sur sa chaise, sans oser ciller de peur de louper une image, complètement captivé. Ces monstres qui savent vivre et rigoler le rassurent. le manchot fume avec ses pieds, l'une des siamoises a même un fiancé. Quant au drame au coeur de l'histoire, il est déchirant. La détresse de Frieda, l'attendrissante naine écuyère qui perd son amoureux, Hans, un lilliputien magicien fasciné par la diabolique Cléopâtre qui joue de ses sentiments pour lui extorquer son argent, lui tire les larmes. Comme Frida il a le coeur brisé, comme Hans il est enflammé. Toutes ces émotions qu'il éprouve le bouleversent, mais le remplissent d'une joie nouvelle. Il le sent proche de ces êtres difformes. Il le sait, lui non plus n'est pas comme les autres. »

Dans Comment tout a commencé, le lecteur est souvent invité à retrouver l'auteur sur la place du lieu commun. Malheureusement, cette homosexualité qui passe par les escarpins féminins, ce père alcoolique et nécessairement raciste soit le cocktail le moins reluisant qui soit pour illustrer le Mal et la Haine… Tout cela enlève une certaine épaisseur à un récit qui, pourtant, parvient à captiver et tenir plus ou moins en haleine par une plume bien inscrite dans l'époque racontée. Et parce que Philippe Joanny fait le choix de l'autofiction (supposément ?), impossible de trop souligner cela : si c'est fonction c'est mal venu, si ce n'est pas fiction c'est difficilement attaquable car fruit du souvenir personnel. Précisément les mêmes remarques que l'on peut faire à des auteurs comme Edouard Louis et consorts…

« Quand il les regarde avec des yeux émerveillés manier leur bâton pailleté, le faire vriller entre leurs doigts et leurs jambes avant de le lancer en l'air et le récupérer avec agilité, il regrette au fond de lui de ne pas être une fille pour parader avec elles. Il voudrait être une majorette. »

Les bouleversements politiques entraînés par l'arrivée au pouvoir de François Mitterrand, l'expansion du sida véritable « cancer gay », ce narrateur qui ne souhaite rien d'autre que répandre l'amour et la paix autour de lui dans un climat (déjà ?) d'homophobie latente… Tous ces éléments s'entremêlent dans un récit supposément autobiographique/autofictionnel. La maladie sexuel croit trouver un pendant politique avec l'émergence du Front National, le racisme semble être le parallèle de l'homophobie. Et ainsi de suite… Difficile de ne pas être touché par ce premier roman de Philippe Joanny. Seulement, dans un livre qui ne se dit jamais vraiment (fiction ou réalité ?), on peine à tenir la ligne de vie. On peine à rester dans les flots de l'auteur qui multiplie les thématiques et les réflexions sur une époque traitée avec un manichéisme entêtant.

Retrouvez la chronique en intégralité sur Lettres it be
Lien : https://www.lettres-it-be.fr..
Commenter  J’apprécie          70
Premier roman pour cet auteur
Le narrateur raconte son adolescence au tout début des années 80 en plein coeur de Paris. Sa famille, de purs français moyens ayant quitté leur province pour finir tenancier d'un petit hôtel parisien près de Bercy, la gare de Lyon.
Des parents qui se sont mariés on ne sait trop pourquoi, bravade et certainement pas par amour. Son père, un beauf... Moche, macho, sale, raciste, qui saute tout ce qui bouge, même les femmes de chambre au nez de sa femme et de ses enfants.
L'histoire commence avec l'arrestation de la mère, louer des chambres à des prostituées, nombreuses dans leur rue alors, est assimilé à du proxénétisme. Pourquoi c'est un élément déclencheur de son adolescence ? Je n'ai su faire le lien avec la découverte de son adoration à mettre les chaussures de sa mère....
Peu à peu le narrateur prend conscience de son inavouable secret, il est homosexuel. Parallèlement outre Atlantique le sida commence à faire ses premières victimes. Ce cancer est assimilé à une maladie d'homosexuels, une punition début des années 80. Il grandit avec cette peur au ventre. Peur de mourir du seul fait d'être homosexuel, peur du rejet entre les blagues homophobes au collège puis lycée où on se construit comme un petit homme, les insultes homophobes de son père.
C'est une écriture très crue, les insultes et ce racisme latent sont sans filtre. Cette haine-amour pour cette famille est sans concession. La description du père est telle qu'on ne peut que le mépriser. le récit est à la 3ème personne, ce qui donne un aspect très détaché par rapport à son personnage principal. J'avoue ne pas avoir adhérer aux personnages, entre mépris pour le père et manque d'empathie pour le narrateur, je n'ai pas réussi à accrocher à ce roman. Peu de réelle action, ambiance assez malsaine, pesante par ce racisme latent avec un père admirant les débuts du fn. Je suis sans doute passée à côté du message de l'auteur.
Commenter  J’apprécie          20
Une suite de petites scenettes qui racontent le quotidien de ce jeune garçon, qui ne sont pas forcément liées les unes aux autres mais cela n'a pas d'importance pour la compréhension du texte.

La découverte puis la médiatisation du sida est un moment fort dans un récit qui manque néanmoins de profondeur selon moi.
Ce n'est pas désagréable mais il manque qq chose... à la fin il ne reste rien ou presque.
Commenter  J’apprécie          20

Autres livres de Philippe Joanny (1) Voir plus

Lecteurs (112) Voir plus



Quiz Voir plus

Littérature LGBT Young Adult

Comment s'appelle le premier roman de Benjamin Alire Saenz !?

Aristote et Dante découvrent les secrets de l'univers
L'insaisissable logique de ma vie
Autoboyographie
Sous le même ciel

10 questions
42 lecteurs ont répondu
Thèmes : jeune adulte , lgbt , lgbtq+Créer un quiz sur ce livre

{* *}