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Citations sur Sa préférée (202)

Au contact de ces jeunes filles, j’ai découvert, sans parvenir à les décoder et encore moins à les comprendre, la coquetterie, l’importance vitale de telle marque d’habit. Je n’avais jamais cherché à plaire, ni même pensé à la séduction, jamais éprouvé un sentiment amoureux, jamais désiré autre chose que fuir mon père. Je ne tissais aucun lien, comment raconter que j’étais dans une autre urgence que la couleur de chaussettes Burlington.
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Mon père, chauffeur routier, gagnait un salaire convenable, ce qui aurait dû nous éloigner de la pauvreté. Notre misère familiale venait d’ailleurs. Dans les agissements violents et l’inculture paternels, dans l’obscénité verbale, dans la fermeture d’esprit. À mesure que je grandissais et que le terme de ma scolarité pointait, mon père glissait inopinément mais régulièrement dans des conversations qu’on n’était pas des gens de la haute et que « t’iras bosser comme ta frangine ».
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Toujours sur le qui-vive, même lors de nos évasions littéraires, nous prenions garde à ne pas laisser apparaître ce délice intime. Lorsqu’il n’était pas dans les parages, maman se délectait d’une de ces histoires à l’eau de rose dans le fauteuil en velours vert, sous la fenêtre aux rideaux crochetés. Moi, sur le sol, à ses pieds ou dans ma chambre.
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Ce « cher ami » me valait une dérouillée monumentale, une épaule démise, des bleus, des courbatures. Ce « cher ami » usurpé démontrait bien que chacun restait dans son rang, les simples d’un côté, les bourgeois de l’autre. Avec nos vies minuscules, nous n’étions pas autorisés à utiliser ce langage. Par sa tapette sur le front, il ponctuait mes dernières illusions.  
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Être un salopard ignare ou un homme subtil, mais suffisamment lâche pour ne pas voir qu’une gamine de huit ans a été rossée ? Avant de le mépriser définitivement, j’ai tenté la franchise, il se pouvait que je n’aie pas l’air si cabossé.
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C’était notre Sauveur. Il allait nous sortir de notre trou pestilentiel. J’en étais certaine. Il avait le regard doux, il n’était pas comme les autres, je sentais bien qu’il était instruit et, de fait, son intelligence, pensais-je, nous libérerait.
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J’avais adoré ces heures, les jours précédents, à plat ventre sur mon lit, quand les phrases s’étaient nouées d’elles-mêmes, jusqu’au point final. Une émotion ardente qui ressuscite à chaque fois que j’y pense. Ces mots connus de tous, arrangés à ma sauce, accolés à un adjectif plutôt qu’à un autre, formaient ce truc qui n’existerait pas sans moi. Ce n’était pas de la fierté, c’était une joie solitaire avec un pouvoir magique immense : m’extirper de ma vie.
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Au centre commercial, j’avais usé de manigances pour qu’elle achète ce pot en plastique à neuf francs nonante qui ne nous blesserait pas s’il le balançait sur nous. C’était trop cher, car il contrôlait chaque franc dépensé. Elle avait refusé. Deux jours plus tard, alors qu’elle m’avait envoyée chercher du beurre et de la polenta, j’avais réussi à voler et à planquer le pichet dans mon sac à dos d’écolière. Je transpirais, j’avais le cœur en pagaille à la caisse, mais j’avais réussi.
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Ses cheveux, je les trouvais merveilleux. Lisses et épais. Pas comme les miens. J’adorais les caresser, je me blotissais contre elle lorsqu’elle tricotait ou lisait. J’entortillais une de ses mèches aux reflets caramel autour de mon index. Ma chevelure n’avait pas de nuances, elle était foncée, terne, trop raide. Emmêlée, jamais brillante. Parfois, le nez contre ses cheveux, je respirais leur odeur en fermant les yeux.
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Ma sœur, elle, plaquait ses mains sur les siennes. Moi, je voulais entendre. Déceler un bruit qui indiquerait que, cette fois, c’était plus grave. Écouter les mots, chaque mot : sale pute, traînée, je t’ai sortie de ta merde, t’as vu comme t’es moche, pauvre conne, je vais te tuer. Derrière les mots, la haine, la misère, la honte. Et la peur. Les mots étaient importants. Je devais les écouter tous. Et leur intonation aussi. À force de scènes, j’avais réussi à distinguer s’il était trop aviné ou trop fatigué pour aller jusqu’au bout, jusqu’aux coups. S’il allait s’épuiser ou s’il avait la force de pousser ma mère contre un mur ou un meuble et de la frapper.
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