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Des mots pour combler le manque

Constance n'était qu'une enfant lorsqu'elle a perdu son père, mort du sida. Mais à la suite de la remarque d'une amie, l'auteure de le Matin est un tigre a ressenti la nécessité de mettre des mots sur ce vide. Une confession bouleversante.

«Oui, c'est ça, je me souviens: il fait partie des vieux homos qui sont morts les premiers» La remarque de Justine, venue rendre visite à son amie d'enfance pour voir son bébé a provoqué un choc et poussé Constance Joly à prendre la plume. «La honte et le chagrin qui m'avaient ravagée en refermant la porte sur elle, il y a aujourd'hui une vingtaine d'années, se sont changés en nécessité. Celle de remonter le cours de ta vie.» Une vie qui commence à Nice dans les années 1960, au sein d'une famille qui va se déchirer le jour où sa mère découvre son frère de dix-huit ans «au lit avec un nègre». Bertrand est contraint de quitter le domicile familial, non sans avoir lancé «c'est pas moi le plus pédé des deux». Jacques, le futur père de Constance, ne va pas tarder à fuir à son tour Nice pour Paris et la fièvre de mai 1968. Et pour ne pas être «le plus pédé des deux» se choisit la plus belle et la plus cultivée des femmes. Lucie enseigne à la Sorbonne, l'avenir est plein de promesses.
Quand naît leur fille, Jacques veut encore croire à leur histoire et choisit le prénom de Constance. «Tu as envie de cette vertu dans ta vie, creuser ton sillon dans ce mariage, dans cette fiction. Durer, persévérer, j'en porte le prénom et la charge. Tu ne persévéreras pas dans ton rôle de mari, mais dans celui de père, si. Tu as été un père discret, emprunté, timide et merveilleux.»
Une rencontre à Clermont-Ferrand va bousculer toutes ses certitudes. Denis a 27 ans et va éveiller un désir qui plus jamais ne s'éteindra. Quelques mois plus tard lui succédera Ivan que Lucie trouvera dans le lit conjugal. La rupture est consommée.
Commence alors pour Constance la vie d'enfant de divorcés, qui partage sa vie entre le cocon maternel et l'appartement mystérieux que son père partage avec son «copain». Petit à petit, elle trouve ses marques, grandit. Après ses premières expériences amoureuses et après avoir consolé sa mère qui n'imaginait plus un nouvel amour possible, elle doit essayer de trouver des mots apaisants pour son père qu'Ivan vient de quitter.
Il finira par se consoler dans les bras de Sören. C'est au moment où Constance prend son envol et trouve l'amour que son père est frappé par «la plus "grande catastrophe sanitaire que l'humanité ait connue", selon l'expression de l'Organisation mondiale de la santé, vient de paraître, mais personne ne le sait pour le moment». Peut-être est-ce le résultat d'un voyage à San Francisco à l'automne 1979. Mais il n'en sait rien. Il n'en dit rien. le zona, premier indice de la maladie, sera guéri au bout de quinze jours. Mais d'autres symptômes ne vont pas tarder à faire leur apparition et les décès dans la communauté homosexuelle se multiplient.
Constance la romancière a su trouver dans les mots, la façon de crier son amour pour son père. En courts chapitres, qui sont autant de reflets d'une grande humanité, elle raconte un drame. Mais à la froide réalité, elle préfère les chauds rayons du soleil. Et c'est bouleversant. «J'écris pour ne pas tourner la page. J'écris pour inverser le cours du temps. J'écris pour ne pas te perdre pour toujours. J'écris pour rester ton enfant». Mission brillamment accomplie!



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Constance nous raconte l'histoire de son père Jacques, qui a longtemps refoulé son homosexualité, par opposition à son frère, Bertrand, qui n'hésite pas à l'afficher et qu'il déteste pour l'image qu'il lui renvoie. Il a épousé Lucie, avec laquelle il a tenté de construire une vie de couple, de faire un enfant, pour tenter d'être comme tout le monde. Ce sont deux intellectuels de ce que l'on appelle alors l'Intelligentsia de gauche.

Constance a bien compris le combat de son père enfermé dans le long refoulement de son homosexualité, puisqu'il est allé jusqu'au mariage, pour tenter de tout verrouiller. Mais, même la naissance de sa fille qui pourtant le réjouit au plus haut point de suffira pas. Il n'est pas heureux.

Quand arrive Mai 68, les verrous sautent, il rencontre l'homme de sa vie, abandonne son foyer pour construire sa vie avec lui. Mais, Lucie, toujours très amoureuse de lui, n'accepte pas son départ et sombre dans une profonde dépression.

C'est leur fille Constance qui raconte ce qu'elle sait de l'enfance de Jacques, dans cette famille où la mère se comporte de manière rigide, s'abritant derrière ses principes, alors que le père est quasiment insignifiant. On imagine la réaction de la mère lorsqu'elle trouve Bertrand au lit avec un homme, Noir de surcroît…

"Tu as haï ton frère très tôt…Bertrand et toi vous haïssez parce que vous êtes les mêmes. Deux garçons qui se savent homosexuels et qui le taisent. Ce que vous partagez ne peut se dire."

Elle exprime bien, la difficulté de comprendre, lorsqu'on est enfant, que les parents se séparent, ce qui en soit arrive à d'autres enfants, mais quand il s'agit d'aller le week-end, dans le couple de deux hommes, couple très amoureux et qui affiche son bonheur, c'est plus compliqué, surtout quand sa mère est au fond du lit, pleure sans arrêt et que Constance est impuissante.

Le fragile équilibre vole en éclat avec l'arrivée du SIDA : après les années d'insouciance, les expériences sexuelles non protégées, car Jacques n'est pas très fidèle, le virus commence à faire des ravages. On est dans les années quatre-vingts, des maladies surviennent, certaines bénignes vont faire des dégâts importants ; on commence à entendre parler de Kaposi, toxoplasmose, déficience immunitaire, puis trithérapie… L'insouciance s'est envolée, le virus prend le pas, malédiction et punition diront certains esprits…

Constance parle avec tendresse de ce père dont elle assiste à la longue descente aux enfers, il devient l'ombre de lui-même, certains amis prennent leur distance, la maladie fait peur, même sur fond de « Somewhere over the rainbow », chanté par Judy Garland, dans le « Magicien d'Oz » musique chère à Jacques. Arc-en ciel de l'espoir et symbole de la communauté homosexuelle à travers le monde.

J'ai beaucoup aimé ce livre, témoignage du combat d'un homme et du courage de sa fille qui ne quittera pas le navire, pas plus que Lucie d'ailleurs, ce qui est loin d'être toujours le cas. Constance parle de l'amour, de la maladie, la souffrance et la mort sans tomber dans le pathos, et avec une très belle écriture. Elle raconte la peur d'aller se faire dépister, autant que la peur du VIH lui-même et de la mort, avec des chapitres très courts, denses, incisifs, parfois lapidaires, mais l'émotion n'est quand même jamais très loin.

J'ai lu pas mal d'ouvrages sur le SIDA, côtoyé des personnes atteintes, vu les tâtonnements du début, la recherche qui évolue et les réactions de l'entourage. Par contre, au niveau des livres, c'est plus limité : j'ai lu et pas beaucoup apprécié « Les nuits fauves » et d'autres dont je ne me souviens plus très bien… J'ai vu et revu « Philadelphia », un de mes films préférés et plus récemment « Cent-vingt battements par minutes » …

Si vous ne l'avez pas vue, je vous conseille la très belle et touchante série anglaise : « It's a sin » qui évoque à travers une bande d'amis, homosexuels qui s'éclatent dans l'insouciance jusqu'à l'arrivée du SIDA et la réaction de certaines familles…
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Les relations familiales ne sont pas toujours simples mais le lien entre un père et sa fille est quelque chose d'unique.

Dans "Over the Rainbow". Constance Joly rend un très bel hommage à son père disparu trop tôt suite au sida dans les années 90.
Par son récit, l'auteur retrace les souvenirs et moments clés de la vie de cet homme tout en nous retraçant l'évolution de la société dans sa reconnaissance de l'homosexualité. Étant née à la fin des années 1980, cet ouvrage m'a fait prendre conscience de la découverte et des progrès de la médecine pour faire face à ce virus qui a fait des millions de victimes.
Même si cette histoire est forte et émouvante, je n'ai pas réussi à être touchée. J'ai trouvé que l'utilisation de certains termes ou déterminants mettaient une réelle distance (par exemple quand elle cite les membres de sa propre famille : " ta mère" pour parler de sa propre grand-mère). En même temps je peux comprendre ce choix qui offre un récit très pudique et centré uniquement sur la vie de cet homme.

Ce livre retrace une période familiale qui a dû être très compliquée à vivre à certains moments mais j'en retiendrais le sourire d'un père et de sa fille immortalisés sur la première page de couverture de ce bel hommage...

#68premièresfois
# Item 71
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****

Over the rainbow, c'est l'histoire de Constance, qui restera à jamais la petite fille de Jacques. Malgré les différences, les jugements, la souffrance, il y a toute la lumière et la chaleur de leur amour. Il y a cette force et ce courage à être soi…

Constance Joly nous offre avec pudeur et tendresse l'amour qu'elle porte à son père parti trop tôt. Il meurt du sida, alors même que cette terrible maladie fait rage. Entouré de préjugés, ce virus décime tout sur son passage.

Le père de Constance est homosexuel. Après avoir aimé sa mère, il décide ne plus combattre sa vraie nature, d'enfin accepter qui il est vraiment. le regard des autres, la douleur de sa femme, l'incompréhension ou le rejet, il paiera un prix élevé. Mais sa fille lui restera à jamais fidèle.

Leur amour est ce qu'il y a de plus vrai, de plus fort. Il ne suffira pas à garder Jacques en vie, mais il maintiendra Constance dans ce monde, son monde…
Lien : https://lire-et-vous.fr/2021..
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(Lu dans le cadre du prix Horizon, prix du 2ème roman de la ville de Marche-en-Famenne, Belgique)

Je découvre Constance Joly à l'occasion de ce concours auquel elle participe.

J'aime bien ce roman qui sonne comme un cri d'amour pour son père.

Je trouve que ce roman est important pour la cause de l'homosexualité. Je trouve qu'il a le mérite de faire réfléchir les esprits obtus. En effet, si les lois ont bien évolué, les mentalités sont à la traîne et il ne fait toujours pas bon être homosexuel en 2022.

En toute logique, il n'y a pas de chronologie dans ce roman puisque les souvenirs remontent à la surface de manière parfois accidentelle.

Une belle lecture, même si je n'ai pas apprécié les passages crus, qui, me semble-t-il, ne servent pas la cause.



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Voilà, j'ai lu ce très court récit, prix Orange du livre 2021.
Je dois avouer que je suis un peu perturbé à l'heure où j'écris ces lignes. Cette histoire m'a alourdi le coeur et le moral par la même occasion.

Je me sais très sensible aux histoires de vies qui de par leurs essences suscitent l'empathie de tout un chacun. Alors évidemment, ce livre aussi court que Intense a provoqué chez moi une émotion forte. Les larmes auront souvent accompagnées ma lecture, notamment lorsque l'autrice y décrit, avec brio, ses souvenirs tintés de regrets et de rêveries mélancoliques à vous déchirer le coeur. Et puis il y a la réalité historique, qui ajoute bien évidemment une véracité insupportable et à peine croyable. Les horreurs dites, publiées, susurrées par des voisins, la familles mais aussi des personnages publiques, de pouvoir, de savoir… Cette avancée inexorable vers l'inévitable « fin » que l'on nous annonce sans détour dès les premières lignes, a été pour moi très compliqué à lire.

Pour toutes ces raisons, Il m'est très difficile de concéder que j'ai aimé lire cet ouvrage. Non par manque d'intérêt, de qualité de d'écriture ou de tout autre arguments, mais simplement parce que, comme vous l'aurez compris, le sujet est trop lourd à porter pour moi et que ce livre est trop bien écrit justement…

Tout comme Philadelphia, 120 battements par minutes et d'autre, dont je reconnaît sans mal l'excellence et la
nécessité, je suis satisfait de les avoir lus/vus mais il n'y aura pas de deuxième lecture/visionnage pour moi.
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Un magnifique portrait d'homme retracé par sa fille qui va nous emmener jusque dans les années 90. Une des premières enfant qui évolue au milieu d'un couple d'homosexuel.
Jacques qui va quitter Nice pour Paris, pour la liberté et vivre en plein jour son homosexualité. Sa femme découvrira ainsi un jour ses penchants. Pour leur fille, ils resteront ami. Année 80, 90, début des années sida, il n'existe pas encore de remède miracle, tout juste, la trithérapie se mettra en place. Jacques cachera sa maladie le plus possible.
Avec énormément de tendresse et de sincérité, l'auteure illustre ce qu'est la vie lorsque l'on sait son père condamné par une maladie incurable.
Merci aux 68 Premières fois et aux Éditions Flammarion de m'avoir permis de découvrir ce livre.
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Un très bel hommage de l'autrice à son père disparu. Bien écrit , très touchant, elle évoque par petites touches son père mort du sida au début des années 90. Elle nous livre leur complicité, leurs vacances, leur amour. Même si pour être lui-même il a fallu qu'il retrouve sa liberté, il s'est toujours occupé de sa fille. Un très très beau livre.
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Over the rainbow, C'est une plume délicate, c'est une réminiscence de souvenirs de l'auteure. Elle
nous confie son enfance et la séparation de ses parents. Ce père qui n'était pas comme les autres et qui a choisi d'assumer tardivement son homosexualité. Cette mère qui l'aimait tant et qui a été assailli par le chagrin. ses difficultés à comprendre ce coming out. Mais aussi tout l'amour qu'elle a pour lui. et puis plus tard, la maladie qui l'emportera.
C'est une magnifique déclaration d'amour qu'elle nous partage. Les instants sont précieux et elle nous livre des moments intimistes poignants.
Un livre qui bouleverse….
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Un roman autobiographique très émouvant, comme une longue lettre d'amour adressée au père défunt.
Constance est très jeune lorsque Jacques, son père, quitte sa mère pour Ivan. Trentenaire, il fait son coming-out à une époque où être homosexuel reste difficile socialement. Mais Jacques a besoin de vivre au grand jour ses amours. Père attentif, affectueux, présent dans la vie de sa fille, il va avec elle partager sa passion des voyages, de la peinture, de l'opéra…
Puis, la maladie, celle qui touche d'abord les homosexuels, celle que l'on cache comme une honte parce que les discours de le Pen, parce que les moralisateurs. Et Constance, toute entière tournée vers les joies et menus désespoirs de l'adolescence, n'en voit pas les signes. Puis, lorsqu'elle apprend la terrible nouvelle, refuse l'idée de l'inéluctable.
C'est un très joli texte, coloré, odorant, sensuel et terriblement triste. Au-delà du sida, de l'homosexualité, du contexte des années 80-90, il reste l'extrême chagrin de la perte d'un père, les regrets. Perte insupportable à laquelle chacun(e) est confronté et qui nous laisse vide et seul. Constance Joly traduit cela magnifiquement, avec pudeur mais sans fard.

Challenge ABC 2021/2022
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