Le temps me semble s’écouler très lentement. J’ignore quelle heure il est, mais je commence à ressentir les effets de la chaleur sur mon visage et sur mon corps. Affamée, assoiffée, à bout de force, j’ai le sentiment de vivre mes dernières heures dans ce monde. J’arrive au bord d’un marécage et trouve une barque me semblant en bon état. Je monte dessus et commence à pagayer avec une grosse branche.
Je pagaie, pagaie, pagaie, et pagaie encore, sans trouver un coin où me poser. Les autres ont dû s’apercevoir de mon absence, maintenant. Je garde espoir qu’ils se soient mis à ma recherche et surtout qu’ils me retrouvent rapidement. Sinon, je vais finir par mourir de soif, de faim et d’insolation. Je m’allonge dans la barque, et mes yeux se ferment tout doucement…
Curieux sentiment que de se sentir seul et en même temps étouffé par tout ce monde qui me sollicite chaque jour.
Je collectionne les femmes comme d’autres collectionnent les timbres, mais aucune ne m’apporte ce dont j’ai réellement besoin. Qu’elles soient mannequins sans cervelle ou architectes bardées de diplômes, je n’ai aucune envie de les revoir après m’être amusé. Plus j’y pense, et plus je me dis que m’isoler loin de ce monde de fou, me procurerait bien plus de bien être que mon magnifique domaine de plus de 1500 hectares.
Je suis Margaux Black, pensé-je tout bas. Cela fait deux ans que je suis officiellement sans travail et que je trime pour boucler mes fins de mois. Je sais que je peux le faire… Je ferme les yeux, m’assois en tailleur sur la couverture et me concentre sur mon personnage. Je vais rencontrer un milliardaire et passer quelques semaines avec lui sur une île. Je n’ai pas le droit d’échouer dans la mission que l’on m’a confiée… Car échouer serait synonyme de trahison…
Je repense à LUI, à son corps contre le mien. J’aime quand les hommes me dominent, bien que je ne sois pas pour autant masochiste. J’ai toujours rêvé de trouver un homme, certes qui me respecterait, mais qui saurait aussi me tenir tête. Je suis consciente de n’avoir eu le dessus sur Mister Crétin que parce que je l’ai pris par surprise. Seulement, c’est tout à fait le genre d’hommes à se laisser avoir une fois, mais pas deux.
Sa façon de se pavaner comme un taureau en rut devant sa cour de chercheuses de dot, le rend encore plus pathétique à mes yeux qu’il ne l’était hier. Et croyez-moi, mes propos sont loin d’être la conséquence d’une quelconque jalousie. Je vais faire ce que l’on attend exactement de moi. Il va passer les 6 prochaines semaines à regretter de m’avoir rencontrée et surtout de m’avoir menacée.