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Elle m'a conquise cette vieille dame, qui malgré sa lourde dépendance parvient à rester curieuse de l'autre, à éprouver de la gratitude pour des moments de joie ou pour la douceur de petits gestes !
Je ne suis pas fan de poésie ou de haïkus, mais j'ai adoré ses pensées sur le bonheur, sur la joie.
J'ai aimé aussi son aptitude à l'autocritique, sa capacité à entendre des points de vue différents, et surtout j'ai adoré ses indignations et ses révoltes devant l'injustice !
Son témoignage est rare et précieux pour dénoncer les comportements abusifs en Ehpad, mais également pour proclamer combien certains soignants sont humains et réconfortants.
Il est aussi une voix bouleversante qui démonte les préjugés sur ce que serait une vie ‘intéressante à vivre'.
Une parole importante et très émouvante.
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Crrrrouiiicccc, cccrrrouuuiiicccc, la chaise roulante avance dans le couloir.
Dona Maria Alberta Amado dite Alberti, Hôtel Paradis, chambre 210, secteur B, se redresse, la tête haute lorsqu'elle avance dans la grande salle à manger. Ses amis sont déjà installés à table et lui adressent un signe de tête à son approche.
Maria est soucieuse, son dialogue la veille au soir avec la nuit ne s'est pas bien passé, elle s'est retrouvée incapable de répondre à sa question, de quel pays Bakou est-elle la capitale ?
Sa main sur le buzzer est restée inerte, et même si Julien Lepers n'était pas là pour la tancer, Maria Alberta vit comme un signe terrible de décrépitude son incapacité à répondre, elle qui a tant voyagé grâce à son atlas.
Ce personnage de Dona Alberti s'avère touchant dans ses batailles silencieuses contre la mort, contre l'oubli, contre son impression de devenir de plus en plus transparente aux yeux des autres, elle lutte pour ne pas s'effacer, quand ils rentrent dans la chambre de l'EHPAD sans lui adresser la parole, sans la regarder, sans lui répondre quand elle leur pose une question ou leur fait une demande.
J'ai trouvé un juste équilibre dans les petits bonheurs auxquels Maria se raccroche de toutes ses forces de ses mains maintenant ridées, tachées et abimées, et les frustrations et les colères du quotidien ; ne pas être entendue, perdre toute intimité, tant pour la toilette que pour ses affaires dans lesquelles tout le monde fouille allégrement, prend ce qui lui plait vêtements comme argent… Et puis bien sûr l'omniprésence de la mort, qui fait sa ronde de nuit comme de jour dans les couloirs, guettant le moindre faux pas, en embuscade parfois aussi pour les plus valeureux et les plus appréciés des résidents.
Malgré ses nombreuses qualités et un sujet qui avait tout pour me plaire, j'ai un peu trainé dans ma lecture. J'espérais un coup de coeur qui n'a pas été au rendez-vous.
Je n'ai pas trouvé la plume fluide, certaines pensées revenaient parfois avec un peu trop d'insistance, même s'il est sûr que le quotidien d'une personne en EPHAD est celui d'un jour sans fin, monotone et répétitif, avec bien peu de faits saillants, permettant de se repérer dans le temps.
Les incompréhensions mère-fille sont touchantes, si sa fille vient lui rendre visite avec les meilleures intentions, souvent la conversation dérape et les critiques de Maria Alberta se font acerbes à l'encontre de sa progéniture pas assez ambitieuse à ses yeux.
Bon alors, vous avez toujours la main sur le buzzer ? Julien est en train de faire le décompte, là, plus que quelques secondes ! Ça y est vous l'avez ou vous avez déjà triché en allant pianoter sur le portable ? sinon, il ne vous reste plus qu'à lire le livre ou à ouvrir votre plus bel atlas dans la bibliothèque…
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Ça vous dit de passer plusieurs mois dans une maison de retraite, avec une vieille dame portugaise ? Allez, ne vous faites pas prier, je vous assure : c'est un régal. Un vrai roman feel good. Pas de ceux qui nous font croire que la vie est rose bonbon, non. Mais de ceux qui nous montre que quoiqu'il advienne, la vie peut être passionnante et belle. Que chaque instant peut vous apporter un émerveillement, ou juste une absence de douleur. C'est beau, c'est vrai, c'est touchant. C'est important d'imaginer et de ressentir comment on vit dans une maison de retraite, ou un centre de soins palliatifs : comprendre comment leurs habitants continuent à vivre, alors qu'ils savent qu'ils n'en sortiront pas guéris. J'ai passé du temps aux côtés de ma maman qui a vécu ses derniers mois de vie en soins palliatifs. Maria Alberta m'y a fait penser. Comme elle, ma maman avait encore toutes ses facultés intellectuelles, mais pas physiques. Comme elle, un jour elle avait dit adieu au monde du dehors. Elle s'était allégée des soucis, des tracas du quotidien. Dans le centre, elle s'était construit une vie de peinture, de lecture, d'échanges avec ceux qui s'occupaient d'elle. Elle regardait de l'extérieur que ce qui avait encore de l'importance pour elle : ceux qu'elle aimait et les belles choses de la nature ou de l'art. Nous lui apportions des petites attentions qui pouvaient lui plaire et ce qu'elle nous demandait aussi : un couvre-lit chaud et rose, des pinceaux bien précis, et le sandwich au poulet de cette boulangerie, celle du coin de la rue car c'est la meilleure. Il était parfois nécessaire de lui rappeler que non, tous les magasins n'étaient pas tous collés, ni ouverts aux horaires correspondant à mes horaires de travail. Mais c'est la contrepartie de s'extraire du monde. Elle nous a accompagnés de ses conseils lucides presque jusqu'au bout, l'échéance invitant à une franchise presque urgente. Maria Alberta a elle aussi un caractère bien trempé et sa vie ne s'arrête pas au pas de sa porte de résidente d'Ehpad. Bien au contraire tout se concentre dans un même lieu : ses souvenirs, ses espoirs, ses relations avec les soignants, les autres résidents. du fait de cette concentration, tous les petits détails deviennent importants : la façon dont on pousse son fauteuil roulant, comment on les photographie, à quel endroit on l'installe dans la salle commune. Elle n'a pas fermé la porte du monde extérieure Maria Alberta : elle le regarde à l'aune de son grand âge et avec une grande lucidité.
Vraiment, lisez ce roman. Vivez avec elle ses combats nocturnes contre la mort, ses combats pour rester digne. C'est pas rose tous les jours une maison de retraite. Il y a des morts, des soignants pas très soignants, des désorganisations, des conflits entre résidents, des petits larcins et de grandes tristesses, des fausses bonnes idées issues de vraies bonnes volontés. En bref : la vie.
Alors faut-il le lire ? Oui. Mention spéciale pour les haïkus qui ponctuent le quotidien de Maria Alberta.
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Je viens d'accompagner jusqu'à sa dernière demeure une vieille amie et son avant dernière demeure était un Ephad. Elle avait, comme dona Maria Alberta Amado, choisit d'y finir ses jours abandonnant tout ce qui fut sa vie d'autrefois : maison, jardin, objets…
En connaissance de cause ?
Sûrement pas car je crois qu'en entrant dans cet établissement, elle en ignorait le quotidien réel, s'imiginant une sorte d'hôtel médicalisé.
Alors autant dire qu'en allant lui rendre visite, je n'ai pas eu besoin des révélations du scandale Orpéa et de ceux que la presse nous révèle chaque jour pour savoir combien les personnes âgées souffraient dans ces mouroirs.
J'ai vu la salle commune puante où sont mélangés valides et grabataires, entendu les cris nocturnes, observé les aides-soignantes indifférentes, violentes ou insultantes, le portable en main la plupart du temps, les directrices ou directeurs administratifs uniquement préoccupés de rentabilité…
Ma liste est longue de ces maltraitances morales et physiques d'autant plus fréquentes qu'elles s'exercent sur des êtres fragiles et captifs.

« Miséricordia » ne m'a donc rien appris de ce côté-là mais beaucoup plus sur la manière dont ces personnes âgées abordent cette fin de vie. Comment dans un tel univers sordide, elles ne peuvent que perdre le peu d'envie de vivre qui leur reste et s'accroche à de si petits riens. Dona Alberti, au caractère pourtant bien trempé par les malheurs de son existence aura bien du mal à ne pas céder au désespoir et à garder sa dignité et ses valeurs dans ce microcosme en perdition, image d'un monde qui l'est tout autant.

Présenté sous forme d'instantanés se finissant le plus souvent sur quelques lignes poétiques, le livre est émouvant, tragique et drôle parfois. Il aurait gagné, je crois, à être un peu moins long car l'ensemble n'évite pas les répétitions. Mais cette tragique comédie inhumaine, intelligemment restituée vaut sa longue lecture.
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Dans Misericordia, l'auteure Lidia Jorge retranscrit et romance une année d'enregistrements de sa mère en maison de retraite. Ne pouvant plus écrire, cette dernière a mis sur un dictaphone ses pensées, son quotidien.
Dona Alberti est entrée dans la résidence Hôtel Paradis pour y couler ses vieux jours et avec une grande lucidité elle dépeint la vie en EHPAD mais aussi ses pensées intimes à l'heure où la mort approche.
Ce roman très bien écrit offre une vision du quotidien en maison de retraite marqué par de petits et de grands événements, les problèmes de personnel plus ou moins bienveillant, plus ou moins respectueux, les petites histoires entre résidents, les animations qui ramènent en enfance, les rébellions... Toutes ces petites choses qui font bruisser des journées bien monotones.
"Misericordia" c'est aussi les pensées d'une vieille dame sur sa propre décrépitude, ce corps qui ne lui appartient plus. Sa relation houleuse avec sa fille qu'elle aimerait contrôler mais qui est trop libre. Ses conversations avec la nuit qui l'oppresse et sa mémoire qui flanche de plus en plus.
Emprunt de réalisme et de sincérité, "Misericordia" plonge le lecteur dans un monde  étriqué, étouffant, fait de routine et de petits événements tels des soubresauts dans un électrocardiogramme plat. Comme un résident de plus, nous nous mettons à penser à notre vie en déjeunant dans la Salle Bleue ou en écoutant Mr Peralta au piano dans le Salon Rose tout en voyant les allers sans retours de l'ambulance et les photos du tableau d'affichage changer régulièrement.
Ce roman a beaucoup de qualités et il y aurait beaucoup à dire sur une multitude de petites choses mais je resterai sur cette énorme vague de monotonie qui emplit le fond comme la forme et qui, pour moi, l'a emporté sur tout le reste. J'ai été plombée par l'ambiance et je n'ai pas réussi à communier comme il se doit avec cette personne très touchante qu'est Dona Alberti. C'est un beau texte sur la vie, son cours, mais je l'imaginais moins pesant.
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Maria vit en maison de retraite et nous livre grâce à ses enregistrements quotidiens les détails de ses pensées, ses luttes contre la nuit, les douleurs et les faiblesses dues à l'âge.
Surtout, elle nous raconte avec son regard espiègle tous les petits riens qui font la vie en maison de retraite.
C'est un monde que nous conte avec poésie et humour cette vieille dame.
Des soignants aux voisins de chambre, des affections aux désillusions, tout y passe.
Je me suis attachée à Maria décrite avec tellement d'amour par Lidia Jorge.
Loin d'être triste, Misericordia aborde la vie qui irradie partout, quel que soit l'âge, le lieu de vie ou les circonstances.
Merci aux Editions Métailié et à NetGalley pour leur confiance.
#Misericordia #NetGalleyFrance
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Depêchez-vous de lire ce livre est exceptionnel. Par son thème: le grand-âge, la maison de retraite et par la qualité de son écriture. Contrairement à ce qu'on pourrait penser et craindre, il n'est pas triste du tout, il serait même quasiment jubilatoire malgré le pathétique de beaucoup des situations décrites. C'est un livre plein d'humour et d'amour filial et d'amour de la vie. Et de poésie aussi. Qui a jamais parlé ainsi de la peur et de l'apprivoisement de la mort? La traduction, fluide, laisse passer juste assez de lusitanismes pour rappeler que l'original est en portugais. Lídia Jorge prend place parmi les meilleurs auteurs portugais contemporains, à mon sens.
Petite note esplicative: "Misericordia" fait allusion à une institution hyper-connue au Portugal, les "Santas Casas de Misericórdia", associations qui, à l'échelle d'une municipalité, assurent depuis plusieurs siècles (5 quelquefois) un certain nombre d'oeuvres de charité, notamment hospitalières. de nos jours, elles sont prestataires de service pour la sécurité sociale et assurent une part importante de l'aide aux personnes âgées, notamment.
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Misericordia dont la narratrice est une personne âgée nous livre un témoignage, sa vie de résidente dans une maison de retraite.
Le sujet est bien traité, la longueur du temps est ressentie dans l'écriture, les autres thèmes liés à la vieillesse, aux événements sanitaires...témoignent les épreuves dont on a tous encore en mémoire.
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Celle qui nous parle est une vieille dame qui s'enregistre sur son Olumpus note Corder DP-20. Ce sont douze mois de paroles, d'émotions, de pensées, de souvenirs, de questionnements, d'amitié ou d'inimitié, d'interrogations, de vie. du 18 avril 2019 au 19 avril 2020. douze mois ponctués par une pandémie de COVID qui a séparé les familles et éloigné les proches de leurs parents âgés placés en maison de retraite, contre ou selon leur gré.

Maria Alberta Nunes Amado, Dona Alberti a décidé de quitter sa grande maison, trop vieille, trop fragile, c'est devenu trop difficile. Il faut dire qu'elle a fait une mauvaise chute, s'est cassé les poignets, et ne peux plus vivre seule chez elle. Elle a choisi de se replier dans une maison de retraite, la solution la plus raisonnable pour ne pas dépendre de sa fille, l'autrice Lidia Jorge.

Des aides plus ou moins sympathiques, plus ou moins efficaces, s'occupent des pensionnaires.

Mais Dona Alberti a toute sa tête, et quelques obsessions, comme de connaître sur le bout des doigts les villes et capitales des pays qu'elle a parcouru inlassablement dans son atlas ou sur son globe terrestre. Et lorsqu'un manque à l'appel et que sa mémoire est défaillante, c'est la panique.

Dans cette maison de retraite, il est passionnant d'observer ses coreligionnaires. Femmes seules encore amoureuses à leur age, vieux monsieur encore fringuant, ceux qui rouspètent, ceux qui acquissent sans réfléchir, ceux qui décident de se révolter. Chaque jour apporte son lot d'étonnement, scénette drôle ou pathétique, dialogue ou dispute, éclat de voix ou sentiment caché, que la vieille dame décrit avec humour attention, subtilité, intérêt.

Les petits bonheurs simples, le repas qui est souvent mauvais mais parfois recèle quelque surprise, les relations entre les différents pensionnaires, les attitudes du personnel, parfois voleurs, souvent pressés, la maltraitance suggérée et parfois décrite, même s'ils sont aussi attentionnés, sympathiques, attachants.

La mort, omniprésente, la place vide dans le cercle restreint autour de la table dans la salle à manger, le nom d'un voisin que l'on efface vite de sa porte pour y mettre le suivant, celui qui s'écroule devant tout le monde, celle qui disparaît dans la nuit.

La nuit et ses ombres qui rôdent, qui annoncent la mort, cette ombre qui ne veut plus la quitter et dont elle sait qu'elle viendra la chercher, elle aussi, bientôt.

Enfin, en filigrane et cependant omniprésente ou largement décrite, la relation d'une mère et de sa fille, les questionnements, les reproches, les suggestions parfois cocasses, l'amour fou qui les unit, la douceur, leurs retrouvailles, leur entente malgré toutes leurs incompréhensions.

Quel roman, que d'émotions lors de cette lecture. C'est à la fois drôle, désespéré, humain, plein de malice et de compassion, de fatalisme et d'espoir, aussi lumineux que triste. Une lecture que je n'oublierai pas de sitôt tant ces réflexions sur la vie et la mort, sur l'amour d'une mère pour sa fille m'ont touchée.

https://domiclire.wordpress.com/2024/01/02/misericordia-lidia-jorge/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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« Cette résidence est un parterre magnifique et les résidents nos pétales les plus chéris »

Une vieille dame décide de raconter ses journées sur un dictaphone. Elle vit a l'hôtel Paradis et destine ses audios à sa fille Lidia Jorge qui est écrivaine. Elle raconte son quotidien. Ses rêves, cauchemars, et la vie qui coule lentement au fil des jours qui passent.

Superbe monologue d'une fin de vie, Misericordia est le douzième roman paru en France de la romancière portugaise Lídia Jorge. Une oeuvre magistrale portée par la savoureuse traduction d'Elisabeth Monteiro Rodriguez et couronnée du prix Médicis étranger.

« Je suis de ces personnes qui ne pensent pas que l'espoir est le dernier à mourir. Je pense que l'espoir est simplement immortel. ».

Cette passation de la parole, cruelle et drôle, est la plus belle des fidélités. Comment définir l'espoir, le réconfort, la consolation quand la mort s'approche ?

Poétique et presque métaphysique, Misericordia est un beau texte sur la vieillesse, les derniers mois avant la mort..
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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