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« Quand je lisais, j'aimais les gros livres, ceux qui ressemblent à la vie d'une personne qui se déploie au long du temps. Et j'aimais lire des livres sur des personnages remarquables et non sur des instituteurs qui meurent vaincus, sans faire d'histoire. »
Citation faite par elle-même et qui lui sied parfaitement, à la Maria Alberti de ce roman, inspirée fortement par la mère de Lidia Jorge, l'autrice de ce roman singulier.

En effet, celui-ci est la retranscription des enregistrements que cette vieille dame alerte, mais dont les mains usées la rendent désormais incapable d'écrire, fera de sa vie, de ses pensées, sur les deux dernières années de sa vie en maison de retraite.
Il en ressort un portrait de femme assez extraordinaire, très courageuse puisqu'elle ne se plaint jamais, au caractère entier et exigeant, qui recherche la perfection, surtout avec sa fille qu'elle aime pourtant immensément, et qui a tendance à tordre la réalité afin de la faire correspondre à ses idéaux.

Sans être un brûlot sur ce type d'établissements — ce n'est pas du tout l'objectif du roman —, est dépeint ce que l'on en connaît : les gentils aides-soignants (Nina et son espagnol chantant, Limimunde la jeune Brésilienne, avec ses galères assez proches de celles de la jeunesse de la narratrice), les moins sympathiques (comme celles qui s'occupent d'elles sans jamais lui dire bonjour ni même faire l'effort de la voir), une structure débordée par le manque de main d'oeuvre, ce qui entraîne des maltraitances, etc.

J'ai aimé globalement ce roman pour son héroïne si vraie, si honnête dans ses ressentis, dans ses échecs, dans sa volonté de vivre des événements en se demandant si c'est la dernière fois, mais surtout, j'ai été touchée par l'impression d'une dégradation dans le moral de dona Alberti au fur et à mesure que l'on avance dans le roman.
Elle parle beaucoup de joie et de la manière dont elle s'en imprègne au début, jusqu'au moment où elle se dispute avec sa fille au sujet des romans que celle-ci écrit, ce qui l'affecte beaucoup puisqu'elle s'en sent quelque part diminuée (« […] je suis auprès des petites choses, celles qui n'ont ni nom, ni identité. Je suis comme ça depuis qu'elle et moi avons eu notre dernière passe d'armes et qu'elle a parlé de sa liaison avec l'Univers »). Point de départ d'un détachement face au monde et à ses laideurs, elle qui s'y intéressait tant auparavant.
Les relations dans la maison de retraite ne sont pas toujours évidentes non plus, non dénuées de petites mesquineries involontaires qui l'affectent également beaucoup.

« Miséricordia » est ainsi le roman d'une intériorité chancelante, changeante, dont les événements décrits sont perçus à partir de celle-ci. Est-ce une réalité un peu biaisée ? Comme par exemple avec sa fille, qui est en réalité une grande écrivaine mais qui, selon l'héroïne, écrit de petits livres sans intérêt ? Peu importe au final, tant la vieillesse est bien décrite dans ce roman, avec une dignité si élégante.
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La maman de Lidia Jorge vit ses dernières années à l' « Hôtel Paradis », un établissement pour personnes âgées.
A demi paralysée, elle ne parvient plus à écrire que quelques lignes de temps en temps.
Elle enregistre alors ses pensées et les faits de sa vie et de la maison de retraite sur un petit dictaphone.
38 heures des témoignages de Maria Alberta Nunes Amado que sa fille va retranscrire dans ce livre.
Elle a toutes ses facultés intellectuelles, son caractère est toujours aussi affirmé et bien trempé mais le corps a du mal à suivre, et dépendre des autres n'est pas facile.
Une année de vie cloîtrée racontée avec humour, énervement, émotion, angoisses........
A l'image de ce que doit être la vie dans ces établissements de retraite, le livre m'a semblé aussi long que doivent être les journées pour les résidents.
C'est assez répétitif et le temps ne semble pas passer.
Un livre qui m'a semblé très long à lire et dans lequel à vrai dire je n'ai pas retrouvé de réelle émotion.
Mais, malgré mon ressenti, je trouve très beau le fait que Lidia Jorge l'ait écrit, bel hommage et reconnaissance à sa mère.
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Epoustouflant de justesse et de dignité, ce journal intime chronique la dernière année de vie de la mère de l'auteur Lídia Jorge, hospitalisée en maison de retraite au Portugal. Echappant aux habituels portraits réducteurs de la femme âgée, qu'il s'agisse d'une idéalisation de bonté, de sagesse et d'altruisme, ou bien d'une démente acariâtre et amère, c'est une personnalité complexe, entière et toute en nuance qui émerge au fil des jours, à travers un quotidien qui dissimule une intériorité à la richesse infinie. le monde difficile de l'EHPAD y est également décrit sans compromis, pour le meilleur et pour le pire, et ce microcosme de résidents et d'aide soignants prend vie avec une multitude de détails et d'anecdotes qui témoignent de l'humanité de cette inconfortable vieillesse.

Commençant au printemps 2019, le lecteur ne peut ignorer le spectre de l'épidémie de COVID qui plane inévitablement sur cette année, et bien qu'il n'apparaîtra qu'au tout dernier chapitre il signera la fin du roman d'une note bien amère, sans pour autant en faire le sujet principal de l'histoire.

Une totale réussite d'intelligence, de tendresse et de justesse.
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J'ai décidé de lire ce livre car Patricia l'a noté 5 étoiles.

Je n'ai pas trouvé dans ce livre « l'étincelle » qu'elle a manifestement trouvé.

Le sujet est rare : la dernière année de vie d'une vielle dame dans une maison de retraite, au Portugal.

Ce livre témoignage, montre l'inhumanité que peut être la vie dans de tels établissements.
Mais il y a aussi de la vie humaine dans cette vie.
La relation avec le personnel qui travaille dans ces établissements, les rapports entre les différents pensionnaires, mais n'est-ce pas tout ce qui reste quand tout à disparu?

Les descriptions sont fortes, clairement.
Est-ce que chacun d'entre nous sera amené à cette « finitude »?
Peut on y échapper?

C'est la question que je me pose après cette lecture.
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Arrivée un peu par hasard dans ce roman, l'histoire d'une vieille dame portugaise en maison de retraite, j'avoue que les premiers chapitres m'ont demandé un peu ce que je faisais là, j'avais du mal à entrer dedans.
Et puis, paf!, comme ça, sans prévenir, une des scènes les plus marquantes que j'ai lues, la première scène avec la sonnette mais je ne veux pas en dire trop.
Après, j'étais accro, je ne pouvais plus lâcher l'histoire, chaque personne âgée qui partait pour le grand voyage me tordait le coeur, et plus encore les frustrations terribles de la perte autonomie de la narratrice que j'avais l'impression de ressentir dans ma chair.
C'est difficile de résumer un livre qui fait une telle impression..... Laissez vous prendre, donnez lui sa chance.
Vive les associations qui prennent soin des personnes âgées et à bas cette idée que leur vie est finie. Prenons soin d'eux!
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Effectivement, je "n'ai jamais lu un texte comme celui là". Ce livre sur la fin de vie en maison de retraite m'a beaucoup émue. Il raconte la vie quotidienne des résidents et des personnels par la voix d'une personne âgée, Maria Alberta. Ses anecdotes, ses réflexions sur les histoires de vie des autres résidents sont tour à tour drôles ou inquiétantes. le déroulement des journées ou la prise en charge par les équipes interroge parfois sur la maltraitance "inconsciente". Pour bien connaitre ces établissements, je sais qu'il n'y a pas d'exagération dans ce qui est raconté.
Maria Alberta est une personne tout simplement exceptionnelle. Elle rayonne par sa lucidité, son espièglerie, son bon sens, son caractère très affirmé et ses idées plein la tête . J'ai beaucoup aimé ce livre qui me donne envie de mieux connaitre Lidia Jorge.
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Maria Alberta Nunes Amado est une sérieuse concurrente pour Miss Marple. Elles ont en commun de savoir que le monde n'a pas besoin des confins de l'univers pour se déployer. L'une prétend que son village de St. Mary Mead est un précipité d'humanité où elle a tout appris de ses semblables; l'autre, délestée de ses atlas, découvre que le monde entier se retrouve dans sa maison de retraite: aides-soignants de toute nationalité, pensionnaires de tous milieux, et elle qui regarde et prend des notes, qui découvre des secrets et, comme son illustre devancière, résout des mystères (car qui d'autre qu'elle pour régler la mort du sergent Joao Almeida?) et recueille les confidences amoureuses, surtout celles des jeunes filles qui sentent la bergamote.
On ne s'ennuie donc pas à l'Ehpad du Paradis, quand une invasion de fourmis tourne à l'Iliade domestique et qu'un désir de suicide nécessite des ruses d'agent secret.
On ne s'y ennuie pas mais rien ne permet d'y oublier la décrépitude physique: ni la coiffeuse qui ne veut plus exercer, puisqu'on lui reproche de ne pouvoir ressusciter une beauté irrémédiablement fanée, ni le photographe qui veut exhiber les tares de la vieillesse pour faire de l'art, ni les jambes qui ne portent plus, ni les poignets devenus inertes, ni les employés qui vous déposent comme un paquet, tournée contre le mur pour ne pas gêner le passage.
N'est-ce pas cela surtout qui fait peur dans la vieillesse, de perdre toute autonomie, et toute intimité, de ne plus rien avoir à soi, d'être dépossédé de tout objet comme de son corps, qui appartiennent désormais autant aux autres qu'à soi-même?
Mais Alberti a trouvé la solution : "Je me suis dit que l'Hôtel Paradis, de temps en temps, cessait d'être un lieu d'exil pour être un jardin d'enfants". Puisque, aussi incapable qu'un nourrisson, elle est langée, nourrie, promenée, soignée (et qu'elle ne s'avise pas de recracher sa pilule du soir), elle retrouve les armes du premier âge: elle râle, rouspète, proteste, fulmine, rouscaille et refuse résolument tout. le globe lumineux que lui apporte son gendre. Nan. Les conceptions littéraires de sa fille. Nan. le bonnet de Noël des fêtes de fin d'année. Nan. C'est là son libre-arbitre. C'est ce qui lui permet d'exister, d'être autre que ce que les gens autour d'elle veulent qu'elle soit. Et ça balance sec. Ensuite, ma foi, elle acceptera que son gendre lui installe la télé, que sa fille écrive des livres qui finissent trop mal pour qu'on les achète et sera ravie de regarder le feu d'artifice de la Saint-Sylvestre., (telle Isa qui dans "Les Poupées russes" jure qu'elle ne participera jamais à une chenille avant de devenir la plus frénétique des invités sur la piste de bal).
Mais pourquoi Alberti ne ressemble-t-elle jamais à l'odieuse petite fille qu'on a tous eu envie de baffer un jour de long trajet ferroviaire? C'est qu'elle est infiniment drôle, qu'elle se moque d'elle-même avec un aplomb jamais pris en défaut, d'avoir crié au voleur pour un objet qu'elle avait trop bien caché, d'avoir confondu son poudrier avec un gâteau dodu, d'avoir prévu une entrée de drama queen quand personne ne s'était aperçu qu'elle avait failli mourir...
Mais toute cette autodérision ne m'a pas empêchée d'avoir la gorge serrée quand Alberti a été atteinte du Covid. J'ai reconnu mon chagrin d'enfant, quand la chèvre de M. Seguin s'était battue jusqu'à l'aube pour un combat perdu d'avance. Maria Alberta Nunes Amado a laissé sa chronique et ses bouts-pas-toujours-rimés en plan et sans doute que d'avoir fini par dire oui après tant de nons farouches a dû la faire sourire.
((Merci Booky, merci Florence)
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Lidia Jorge nous offre un magnifique portrait de sa mère, en forme d'hommage. Piégée dans son corps diminuée, devenue dépendante elle a fait le choix de quitter sa maison et d'entrer en maison de retraite. Elle se retrouve donc à la merci d'un personnel soignant pas assez nombreux et exploité. Ne pouvant plus écrire, sa fille, écrivain lui donne un dictaphone pour qu'elle tienne le journal de son existence. Nous entrons alors dans son intimité, son quotidien, son combat contre la mort personnifiée par la nuit, qu'elle ausculte d'un regard acéré et sans complaisance. C'est vraiment beau d'entendre la voix intérieure de cette femme qui décrit ses liens à sa fille, l'humiliation du grand âge et néanmoins la beauté de la vie et de la belle nature qui sauve.
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Uma maravilha ! Une merveille ce récit. J'ai admiré la dignité de cette Dame qui regarde la marche du monde comme il passe. Sa sensibilité et son expression sont tour à tour tristes, joyeuses, mordantes, apaisées. Elle nous fait rire aussi parfois !
L'âme du Portugal apparaît, Fernando Pessoa également.
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Une naissance réjouit
D'avantage que la fin de vie
A "l'hôtel Paradis"
C'est l'exil pour le reste de sa vie
Car on le sait "avec le temps va, tout s'en va"
Et pourtant "Misericordia"
C'est un livre sur la bataille de vie et la résistance à l'effacement.
C'est ce que j'ai ressenti et très vite j'ai compris que les fins de vie ne se résument pas à une lente déchéance, même en maison de retraite
Mais tant qu'on est en lien avec les autres, on est vivant !

Lydia Jorge dédie ce livre à sa mère qui lui a demandé d'écrire cette histoire. Elle nous relate la dernière année de sa vie.
Maria Alberta Nunes Amado a décidé de quitter sa grande maison, après une chute : elle ne peut plus vivre seule. Elle va terminer sa vie au sein d'une maison de retraite "l'hôtel Paradis" :
"Cette résidence est un parterre magnifique et les résidents nos pétales chéris".
A travers ce personnage principal, on plonge dans l'intimité des fragiles qui malgré leur faiblesse, gardent une grande capacité de résistance et leurs rêves !
"Etre en vie c'est me souvenir des mouvements du temps et du rythme de la floraison."
Maria ne supporte plus la télévision ou les journaux
"Dans la vie, naturellement le bien succède au mal, dans les journaux, au contraire, on ne fait qu'ajouter du mal au mal."
Elle possédait un atlas et connaissait tous les pays et capitales.
Parfois sa mémoire toussote et elle s'obstine à faire fonctionner son esprit. Elle veut garder une mémoire intacte.
Le jour la prépare à affronter la nuit.
Car la nuit, angoissante, elle dialogue avec la mort comme un adversaire qu'elle veut vaincre !
Maria est cultivée, intelligente, très digne, elle déteste la vulgarité.
Mais elle a aussi un caractère bien trempé ! un mélange de vitalité, d'humour, d'indignation et de bienveillance envers les autres.
"Je ne sais pas ou mettre mes pensées qui sont beaucoup trop vastes pour le vase de ma tête et la taille de mon coeur."
Sa relation avec sa fille écrivaine est compliquée. Elle veut la conseiller, voir la diriger, sur sa façon d'écrire ses livres. Elle lui reproche que ses livres ne parlent que de misérables anonymes et sa fille répond :
« Exactement, tu m'as ôté les mots de la bouche, je suis un chien de l'Histoire, je vis pour flairer ses mouvements, la dénoncer, la mordre, la trahir. Je ne suis pas de sa famille, je suis son adversaire.” »
Sa fille face aux reproches maternels prétend qu'écrire serait faire l'amour à l'univers.
« Dans l'amour, il n'y a pas d'échange, tout est offert »
Et dans cette maison de retraite, il existe des histoires d'amour et d'amitié belles et tragiques à la fois et chaque relation aussi ténue soit-elle se limite parfois à un regard, un parfum, un geste : le peu et le petit comme révélateur du merveilleux de la vie.
ces moments de grâce avec le chant, la musique la remplit de joie !
"La tendresse
C'est bien moins haut que votre paradis
C'est tout au fond du ventre enfoui
La tendresse ...

Il n'est pas question d'occulter la maltraitance, le turnover du personnel, mais aussi ceux qui sont attentionnés et dévoués, les vols
il n'existe plus de lieu inviolable :
« Et il n'y a plus rien qui ne soit qu'à moi, ni mon corps, ni mon esprit », constate-t-elle avec tristesse.
Elle constate que leur vie à tous n'a pas moins d'intérêt ou de richesse que la vie de n'importe qui et que leur présent n'est pas moins important que leur passé. C'est toute la poésie de ce récit, un mélange de larmes et de rire
C'est un discours de révolte mais aussi de dérision et d'espoir dans la vie.
« Je suis de ces personnes qui ne pensent pas que l'espoir est le dernier à mourir.  Je pense que l'espoir est simplement immortel. ».

Une lecture que je n'oublierai pas !
Ce moment passé avec Maria m'a fait voyager dans mes souvenirs
et retrouver ma grand-mère : de belles émotions ! ...

La tendresse
C'est ce qu'on avait en naissant
Lorsque l'on était innocent
La tendresse
C'est tout ce qui nous reste encore
Pour faire un pied de nez à la mort
La tendresse .....
Henri Tachan





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