- Tu sais à quoi on reconnait un avocat qui ment ?
Thibaut connaissait la réponse. La blague était vieille comme le métier d'avocat. Il décida de se taire et d'attendre, le sourire crispé.
- Quand ses lèvres bougent, compléta une Zoé fière d'elle.
Mais il ne tarderait plus à craquer, elle en était convaincue. Les grands sensibles finissaient toujours par pleurer à chaudes larmes. Un peu comme Paul Verlaine, se morfondant en prison pour avoir blessé son amant, Arthur Rimbaud.
Il y avait du Charles Pasqua chez lui, la viande en moins.
Un innocent se défend toujours mal, et le coupable n'utilise jamais les bons mots.
Zoé avait-elle encore envie de se sacrifier pour la société ? elle en doutait sérieusement maintenant. Elle sortait épuisée de ces cinq jours d'enquête, de chasse à l'homme. Comme dans d'autres occasions, elle avait vécu sur les nerfs, sans rien pouvoir avaler, dormant à peine, éveillée à la caféine quand la plupart de ses collègues se nourrissaient d'antidépresseurs pour tenir les dix-huit heures de travail quotidien.
Plus que le jeu du gendarme et du voleur,ce métier était pour Zoé un véritable enjeu.Obtenir la vérité pour mieux comprendre le geste incriminé,pour réhabiliter l'honneur de la victime,pour rassurer la société,pour étouffer dans l'oeuf un éventuel esprit de vengeance.
Mais le tir, c'est comme le vélo. On n'oublie pas les grands principes.
Desgranges ne répondit pas à Bonnot. Son père, trente ans plus tôt, un verre de Pastis à la main, lui avait appris qu’il valait mieux faire le boucher que le veau en de telles circonstances. Mais la raison principale de son comportement tenait probablement au fait qu’il n’aimait pas laisser Victor, son fils unique, seul dans leur appartement de la rue Monge, une grande partie de la nuit. Là était vraisemblablement l’origine de la violence du capitaine. Serein, malgré les nouvelles “emmerdes” qui l’attendaient et la douleur au poignet gauche qui aurait mérité une radiographie, il grimpa au volant du véhicule de groupe et démarra en trombe pour regagner Paris avant tout le monde.
Ça me plaît de les voir tous s'agiter, courir comme des canards sans tête derrière un fantôme, de voir ces gyrophares bleuter les jolies façades parisiennes, d'entendre les pneus qui crissent devant le quai des Orfèvres. je leur souhaite bien du courage. D'autant qu'ils ne sont pas au bout de leurs peines. Car je leur réserve une nouvelle nuit blanche. Pas très loin d'ici, d'ailleurs.
Et Marie-Antoinette a emprunté l'escalier de l'actuelle buvette du Palais pour monter l'échafaud.