Là où les lumières se perdent

La foi rendait vulnérable et faible. Elle menait à la déception, à la douleur, au regret, à tous ces trucs qui vous brisaient irrémédiablement.

Il existe un endroit où se perdent les lumières, et je suppose que c'est le paradis. C'était ce lieu lumineux que l'Indien observait sur le tableau qu'aimait ma mère, et je suppose que c'est pour ça qu'elle voulait tant y aller. L'endroit où toutes les lumières se rejoignaient et brillaient était dans mon esprit ce qui se rapprochait le plus de Dieu.

"Je me disais que certaines âmes n'étaient pas dignes d'être sauvées.
Il est des âmes auxquelles même le diable ne veut rien avoir affaire."

il était impossible d'échapper à qui j'étais, à l'endroit d'où je venais. j'avais été chié par une mère accro à la meth qui venait juste d'être libérée de l'asile de fous. j'étais le fils d'un père qui me planterait un couteau dans la gorge pendant mon sommeil si l'humeur le prenait. Le sang est plus épais que l'eau, et je me noyais dedans. je sombrais dans ce sang, et une fois que j'aurais touché le fond, personne ne me retrouverait.
je me disais que certaines âmes n'étaient pas dignes d'être sauvées.
il est des âmes auxquelles même le diable ne veut rien avoir affaire.

Attendre la mort était donc une chose que je connaissais depuis longtemps, et ce n'était pas la mort qui me rongeait. C'était l'attente.

La ‘cristal meth’, en revanche, semblait provoquer une certaine paranoïa. Après environ une semaine à planer aussi haut, sans un seul rêve pour vous aider à vous raccrocher à quoi que ce soit, l’esprit commençait à aller dans des endroits où il n’aurait pas dû aller. Après ça, vous disiez à peu près n’importe quoi pour retrouver un peu de clarté. C’était pour ça que Robbie était là. C’était pour ça qu’il fallait faire ce boulot. S’il avait parlé à quelqu’un, il recommencerait, et il était impossible de savoir qui seraient les autres. Certains chiens devaient être piqués.

Tandis que je croyais qu’on avait choisi ma vie pour moi, que je n’avais pas vraiment mon mot à dire sur le sujet, Maggie rêvait à ma place. Elle me disait que je pouvais être tout ce que je voulais, que je pourrais aller partout où je voudrais aller, et par moments je la croyais presque. Les gens comme moi étaient enchaînés à cet endroit, mais Maggie était sans entraves. Elle s’était enfuie d’ici à l’instant où ses yeux avaient regardé au loin. Si jamais, j’avais eu un rêve, ça avait été qu’elle m’emmène avec elle. Mais les rêves étaient absurdes pour les personnes comme moi. On finit toujours par se réveiller.

C’est toujours mieux d’avoir les cartes en mains. C’est toujours mieux de distribuer soi-même les cartes.

Maggie s'est penchée et m'a tapé sur l'épaule. Elle m'a décoché un regard avec ses yeux argentés comme des pièces d'un dollar, et j'ai failli finir dans le fossé. Comme nous roulions vers le nord sur une route sinueuse, je me suis dit que je ferais mieux de me concentrer sur ma conduite, mais avec la lumière du soleil qui se réfléchissait sur ses cuisses, la moindre once de bon sens qu'il y avait jamais eu dans ma tête de pioche était aussi inutile qu'une paire de seins sur un sanglier.

S'ils vont de l'obscurité vers la lumière, les gens trouvent peut-être une sorte d'espoir, ils ont peut-être hâte de voir ce qui les attend. Mais toute ma vie j'avais voyagé dans la direction opposée, et pour ceux qui s'enfoncent dans l'obscurité, la lumière ne peut être aperçue qu'en regardant en arrière. Et regarder en arrière vous ralentit. Regarder en arrière vous empêche de voir clairement. Regarder en arrière peut signer votre arrêt de mort.