Je n'imagine pas qu'on puisse vivre sans espérer ou attendre un peu de magie dans sa vie.
- Si tu savais comme on te déteste quand tu es un peu différent, disait-elle. On te déteste.
Puis elle ajoutait :
- Et ce n'est même pas nécessaire.
Toute cette activité dans l'espace, alors qu'ici, sur terre, la plupart des gens semblaient s'en tamponner le coquillard, comme dirait Maman.
Je crois que, pour aimer quelqu'un, il faut d'abord communiquer par le nez.
Les jours pouvaient bien passer, mais si la terre n'était pas prête, impossible de la presser.
Maman m'avait appris qu'il y avait autant de croyances que d'étoiles éparpillées. Et je savais les étoiles innombrables.
Il me semblait qu'un des plus grands plaisirs en ce bas monde était d'écouter une histoire, et d'en raconter une à son tour ; un murmure, un ragot, un commérage, une rumeur, une nouvelle, l'ébauche d'un récit.
Elle estimait que les gens parlaient souvent à tord et à travers, déclaraient une chose mais faisaient l'inverse, affirmaient être ceci quand ils étaient en fait cela, et se leurraient au point de ne plus savoir s'ils étaient le lièvre ou le chien de meute.
Maman disait que ce n'était pas seulement spécifique à la Question : la vie aussi est comme ça , on peut se retrouver coincé , s'endormir dans un coin de sa vie , se réveiller sept ou soixante-dix ans plus tard et voir que tout a disparu.
Je rejoignis le sommet de la colline et baissai les yeux. Les paroles de Maman me revinrent à l'esprit. Elle disait qu'il faut regarder au delà de ce qui nous blesse. Écouter les bruits au delà des bruits. Et qu'au bout du compte , la douleur finit toujours par s'en aller, et seule reste alors la beauté.