Je n'imagine pas qu'on puisse vivre sans espérer ou attendre un peu de magie dans sa vie.
Les jours pouvaient bien passer, mais si la terre n'était pas prête, impossible de la presser.
Je rejoignis le sommet de la colline et baissai les yeux. Les paroles de Maman me revinrent à l'esprit. Elle disait qu'il faut regarder au delà de ce qui nous blesse. Écouter les bruits au delà des bruits. Et qu'au bout du compte , la douleur finit toujours par s'en aller, et seule reste alors la beauté.
Il me semblait qu'un des plus grands plaisirs en ce bas monde était d'écouter une histoire, et d'en raconter une à son tour ; un murmure, un ragot, un commérage, une rumeur, une nouvelle, l'ébauche d'un récit.
- Non, je n’aime pas les fêtes. Et puis j’ai trop à faire. Je rangeai bruyamment mes outils dans l’appentis et me réfugiai dans la chaumière, claquant la porte derrière moi. Cette invitation m’irritait et me perturbait. Ca en faisait peut-être trop, avec Maman à l’hôpital et l’agence qui voulait m’expulser de la chaumière. Je m’assis dans le vieux fauteuil près de la cheminée, bras croisés. Puis au bout d’un long moment, je me mis à sangloter tout en l’appelant, sachant pourtant qu’elle ne pourrait m’aider. Enfant, on m’invitait rarement à des fêtes. Vivre avec Maman m’avait tenue en marge, et les autres enfants me fuyaient.
- Si tu savais comme on te déteste quand tu es un peu différent, disait-elle. On te déteste.
Puis elle ajoutait :
- Et ce n'est même pas nécessaire.
Je crois que, pour aimer quelqu'un, il faut d'abord communiquer par le nez.
Maman m'avait appris qu'il y avait autant de croyances que d'étoiles éparpillées. Et je savais les étoiles innombrables.
Toute cette activité dans l'espace, alors qu'ici, sur terre, la plupart des gens semblaient s'en tamponner le coquillard, comme dirait Maman.
Elle estimait que les gens parlaient souvent à tord et à travers, déclaraient une chose mais faisaient l'inverse, affirmaient être ceci quand ils étaient en fait cela, et se leurraient au point de ne plus savoir s'ils étaient le lièvre ou le chien de meute.