Le spectacle des lucioles vient de commencer, donnant l'impression que la haie de buis s'embrase et que des centaines d'escarbilles s'élèvent dans la nuit. Juillet. C'est la saison de reproduction pour ces drôles d'insectes.
Le pygargue est protégé. C'est l'emblème par excellence des Etats-Unis d'Amérique. Il orne le blason de cette fière nation, tenant dans ses serres un faisceau de flèches et des rameaux d'olivier. Les Indiens sont les seuls Américains à avoir le droit de posséder des ailes de pygargue pour des usages spirituels et religieux par autorisation spéciale du gouvernement fédéral.
– De tout temps des gens ont disparu. Pour des tas de raisons. Dans 90 % des cas, c’est un départ volontaire.
– Ça, ce sont des statistiques de Blancs pour les Blancs. Disparaître volontairement, c’est un luxe. Encore faut-il en avoir les moyens. La plupart des membres des tribus indiennes sont trop démunis pour se le permettre.
Le lot habituel de divorces merdiques, de mecs qui n’acceptent pas que leurs femmes aient porté plainte contre eux parce qu’elles en avaient marre qu’ils les cognent, qui reviennent leur expliquer leur façon de voir les choses, ou qui refusent de payer la pension pour les gamins et qui ensuite en réclament la garde…
Stormywaters ne relève pas le ton sarcastique. Elle sait que sur ce point, son mari et elle ne sont pas d’accord. Ce qui compte, c’est que J. J. puisse faire des études sans qu’ils aient à se saigner jusqu’à la fin de leurs jours.
Outre les problèmes de circulation et de stationnement, il y a tous les aspects criminels à gérer. La population double pendant les quatre jours que dure la Cavalcade, tout comme le nombre de vols à l’étalage, de cambriolages, de bagarres… C’est l’occasion pour certains prédateurs de sortir. Les touristes ne doivent voir que la partie émergée de l’iceberg.
La mort de Christine Longwalk le travaille. Il n’arrive pas à expliquer l’attitude de la mère, la façon dont elle a reçu la nouvelle. Il est convaincu qu’elle lui cache quelque chose et ça lui laisse dans la bouche un goût amer que sa citronnade ne parvient pas à faire passer.
On se méfie de tout et de tout le monde dans ces coins reculés, même des flics indiens qui sont a priori de votre côté.
Il est rare qu’un flic débarque chez vous avec de bonnes nouvelles.
Chaque appel est l’occasion pour la police de la ville et la police indienne d’entretenir la guéguerre qui les oppose. C’est à celui qui appréhendera le contrevenant en premier. L’émulation pourrait être saine et déboucher sur une collaboration productive, mais les flics de Pawhuska sont tellement bornés qu’ils représentent un danger presque plus grand que les braqueurs eux-mêmes.