C'est peu dire que ce roman m'a impressionné. Je peux dire que c'est l'un des meilleurs que j'aie eu l'occasion de lire cette année. Comme toujours chez
Evelyne Judrin le livre est très bien écrit, un style limpide et efficace au service d'un récit à la fois passionnant et poignant qui résonne étrangement avec l'actualité.
Le procédé qui consiste à alterner le récit de chacune des protagonistes est parfaitement adapté à l'histoire que nous découvrons ainsi par petites touches jusqu'au tableau final. Ce sont des femmes qui ont souffert moralement et dans leur chair. Mais des femmes qui se relèvent toujours, avec courage.
Evelyne donne un coup de projecteur des plus salutaires sur un pan de la shoah peu connu. Il s'agit du sort des juifs hongrois aux prises avec un régime fasciste allié à l'Allemagne nazie et ses croix fléchées qui n'avaient rien à envier aux SA allemands. Ce passé résonne avec l'évolution de la Hongrie actuelle et ouvre des perspectives troublantes. C'est aussi une analyse de l'antisémitisme ordinaire, avec ses motivations basées sur la jalousie et le désir de s'approprier des biens des autres avec la bénédiction d'un régime criminel.
Le passé qui est le moteur initial du roman finit par rattraper les protagonistes de cette histoire dans un suspense qui donne du dynamisme au récit. Ce n'est pas un livre triste s'apitoyant sur les drames du passé, mais un récit qui relie présent et passé pour nous inciter à ne rien oublier.
Bref, un livre qu'il faut absolument lire et qui ne vous laissera pas indifférent.