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Citations sur Journal, tome 5 : L'Autre faim (1989-1992) (11)

[2 mai 1989]

Dans -Ecriture-, m'a t-on fait remarquer, il y a -cri-, et je sais depuis longtemps que l'art naît le plus souvent d'un manque, d'une nostalgie, d'une blessure, d'une inguérissable souffrance. Avant, lorsqu'il me fallait révéler que j'écrivais, c'était pour moi comme faire l'aveu que j'avais des difficultés à vivre, et c'est pourquoi j'avais honte de dire que l'écriture était au coeur de ma vie. (p.38-39)
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7 février. Annecy

Nicolas Bouvier (...) auteur du remarquable l'usage du monde (...) Il avait enregistré en quelque coin perdu d'Europe centrale des chants gitans qu'il voulait nous faire écouter. (...) Au restaurant il nous raconte qu'un jour il est convoqué au Centre des impôts. On s'étonne qu'il gagne si peu et que ses rentrées d'argent n'aient aucune régularité. Il explique à un inspecteur qu'il voyage, qu'il aime découvrir de nouveaux pays et s'arrêter là où ça lui chante "Vous me faites rêver lui répond cet homme"
L'année suivante même convocation. Il demande à s'adresser au même inspecteur
" Vous ne savez pas ? L'année dernière, après votre passage, il a tout quitté. Ce que vous lui avez raconté l'a poussé à lâcher les amarres...
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17 janvier 1992. Annecy
(...)
Au restaurant, il nous a parlé d'un fait que Nicolas Bouvier a consigné dans son Journal des Iles d'Aran et autres lieux. Dans ces îles, les femmes tricotent pour leurs frères ou leurs maris pêcheurs des pull-overs qui ont tous des motifs différents. Lacarrière leur en a demandé la raison :
- Les crabes ne mangent pas la laine. Quand il se produit un naufrage, les pull-overs permettent d'identifier les corps.
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Écrire la voix, c'est simplement transcrire les mots de cette voix qui ne cesse de murmurer dans le silence de ma nuit.
C'est pour se mettre à l'écoute de cette voix que l'écrivain a besoin de se retirer dans la solitude et le silence.
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27 et 28 mars 1990. Cagnes et Nice
(...)
Son mari, psychiatre, vient d'achever une thèse sur Françoise Dolto. Elle m'apprend que sur la tombe de celle-ci seraient gravés ces mots :
N'AYEZ PAS PEUR
Une injonction que je comprends ainsi : N'ayez pas peur de partir à la découverte de vous-même. N'ayez pas peur de devenir ce que vous êtes. N'ayez pas peur de vivre.
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10 mars 1989
J'ai connu la souffrance d'être opaque à moi-même et de ne rien pouvoir dire de ce qui me brûlait. C'est pourquoi je la perçois en vous qui êtes coupée de votre réalité interne. Votre regard me dit cette douleur qui ne cesse de vous accompagner. Mais alors que je voudrais trouver les mots qui pourraient vous aider à pénétrer en vous-même, à découvrir qui vous êtes, ce que vous pensez, désirez, ce en quoi vous croyez, l'émotion qui me vient de vous me scelle les lèvres.
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7 mars Castres (...) P225

La soirée s'est poursuivie au restaurant. Pharmacien-biologiste, mon voisin rentrait d'un second séjour au Yémen. Il a compris là-bas que l'homme occidental a tué ses émotions.
Dans ce pays le rapport humain est primordial. On vit constamment avec les autres. En leur parlant. Pourtant les mots ne comptent pas, on ne leur accorde pas d'importance. On peut dire les pires injures à quelqu'un et il sourit. Mais une certaine manière de dire peut être prise comme une insulte, et l'homme est capable de sortir son poignard.
Il marchait un jour sur un étroit sentier de montagne. D'un côté la paroi, de l'autre le vide. En face arrive un vieil homme, la mitraillette en bandouillière. Pour se croiser, il faut que l'un recule ou s'efface. Problème de préséance.
"Où vas-tu en marchant si vite ?" Le Français explique qu'il ne marchait pas si vite. Un long dialogue s'engage. L'homme finit par céder le passage.
Allah a crée des riches et des pauvres, mais on ne fait pas dépendre la valeur d'homme de sa situation sociale.
Ils vivent pleinement le présent et ne craignent pas la mort .
Un culture ou le temps ne compte pas, où tout est à l'opposé du nôtre, où le rapport humain est préféré à tout. Il me cite plusieurs exemples de leur étonnement face aux comportements des occidentaux, toujours emprunts de hâte, d'agressivité, de volonté de domination. Leurs commentaires sur les touristes qu'ils voient comme des enfants excités.
Mon voisin était membre d'une organisation humanitaire qui leur apportait des médicaments. Aucun remerciement, aucune manifestation de reconnaissance.
"Faut-il que vous nous méprisiez pour que vous nous donniez tout cela sans chercher à nous connaître"
Le don doit avant toute chose servir à tisser un rapport d'amitié
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"Quand je me désaccordé, ma voix se disjoint. Elle se place plus haut qu'à l'ordinaire, et bizarrement, j'ai l'impression de parler au-dessus de ma voix. Au contraire, lorsque je suis bien centré, ma voix est basse, étouffée, toute veloutée de silence, et je sens alors qu'elle traduit avec exactitude ce qui s'enchevêtre en moi : la ténèbre et la lumière, l'élan et le retrait, l'exaltation et la plainte...
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Ainsi la prose creuse, cherche à pénétrer, à explorer, tandis que le poème emprunte le trajet inverse : venant de l'inconscient, il émerge à la conscience.
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Tout lecteur recrée le livre qu'il lit. De même avec la peinture. Quand une toile nous donne une émotion, quand elle provoque en nous toute une chaîne de réactions, celle-ci peut nous mener fort loin de ce qui l'a suscitée. (p. 125 / 29 mai 1990)
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