Friedrich était rongé par la brûlante nostalgie de l'infini, de l'immuable, de l'intemporel.
De plus, son aspiration à vivre l'illimité le poussait à se détacher du terrestre, et c'est pourquoi sans doute il a traversé la vie en solitaire, incompris, exilé, essentiellement occupé à écrire, à servir sa vocation, à labourer sans trêve sa terre intérieure.
La réalité est toujours décevante, en ce sens qu'elle est toujours autre que celle qu'on imagine.
Alors que j'étais enfant, une passion s'est emparée de moi : la passion de la lecture. A l'adolescence, cette passion s'est pour ainsi dire embrasée, et pris de boulimie, j'ai dévoré des dizaines et des dizaines de livres. A l'époque, je ne savais pas que ce que je cherchais dans ces livres, c'était l'essence de la vie - une vie condensée, intensifiée, magnifiée. Un inconnu m'admettait dans son intimité, me prenait pour confident et me racontait avec force détails le meilleur de que ce qu'il avait vécu.