Il ne restait plus aux hommes qu’à détourner la tête afin de ne pas éclater en sanglots avec les femmes qui, en femmes qu’elles étaient, pleuraient déjà.
Comme à l’accoutumée, ils divergeaient. D’aucuns appréciaient cette manière-là de communiquer. Tout à fait différente des récentes entourloupes. Tel grand pays d’apparence respectable vous attaquait en pleine nuit comme un voleur, violait vos frontières, et, au matin, sans la moindre vergogne, déclarait : c’est toi qui m’as attaqué !
Que l’Italie était en train de faire les frais de cette colère, il fallait être un âne bâté pour ne pas le voir, mais personne n’était en mesure de prédire ce qu’il adviendrait des deux autres parties : l’Abyssinie et l’Albanie. À certains il semblait tout naturel que cette colère, comme de coutume, frappât de préférence les Noirs d’Abyssinie, tandis que d’autres remontraient que sur les pauvres Noirs on serait bien en peine de passer sa colère, car, colère ou pas, leurs affaires de toute façon étaient toujours allées de mal en pis. Bref, il ne restait plus que l’Albanie pour déverser sa bile. D’autant plus que l’armée allemande n’était qu’à une quarantaine de kilomètres à peine, et, à force, tel le loup à la vue de l’agneau, elle avait sûrement commencé à avoir les crocs.